M. le Commissaire enquêteur,
Nous vous prions de bien vouloir trouver, ci-dessous, les observations de notre association à verser au dossier de l’enquête publique concernant la demande d’autorisation de rejeter en mer les eaux résiduelles de l’usine Altéo de Gardanne.
Cette usine a rejeté des quantités considérables de produits toxiques pendant de nombreuses années. Les dirigeants de cette usine et des scientifiques ont longtemps affirmé que ces rejets étaient cantonnés dans une fosse marine profonde. Nous savons maintenant que c’était faux. Une grande quantité de ces produits remontent vers la surface et se répandent bien au-delà de la fosse. Les polluants ignorent les frontières.
Nous craignons que l’histoire ne se reproduise. Les eaux résiduaires qui seront rejetées, si l’autorisation est donnée, seront peut-être moins toxiques mais toxiques quand même. Quand bien même ces rejets contiendraient des effluents dont les concentrations seraient en dessous des seuils admissibles, nous savons que les normes autorisées, en métaux lourds ou concernant la radioactivité notamment, changent au fil des découvertes scientifiques et médicales. Qu’en sera-t-il dans 30 ans ?
Notre association a pour but de faire connaître le milieu marin à la population en général et aux enfants en particulier. Nous savons combien cet écosystème est fragile. Nous observons régulièrement l’état du plancton situé au départ de toutes les chaînes alimentaires marines. Nous pouvons voir comment les pollutions agissent sur ces êtres vivants microscopiques. Certaines pollutions provoquent des changements quantitatifs et qualitatifs des populations planctoniques. Certaines espèces régressent et d’autres se développent perturbant le cycle de développement des poissons. Nous savons aussi comment les polluants se concentrent le long des chaînes alimentaires. Du coup, par exemple, l’arsenic, rejeté même en faibles quantités, se retrouve à des doses très fortes en bout de chaîne alimentaire.
Les raisons que nous venons d’évoquer sont largement suffisantes, selon nous, pour justifier l’arrêt de ces rejets par l’usine Altéo de Gardanne.
Dans le cas où cette usine ne voudrait pas s’équiper de station d’épuration, nous avons conscience de l’incidence que cette mesure pourrait avoir, notamment sur l’emploi, alors même que le bassin de Gardanne est déjà fortement sinistré depuis l’arrêt de l’exploitation des mines de lignites. Vous le savez, monsieur le Commissaire, la France a un retard considérable concernant le solaire, l’éolien, la géothermie, etc Si fermeture de l’usine il y avait, elle devrait s’accompagner d’un plan de création d’emplois dans ces domaines. L’état et les collectivités territoriales devraient mettre tout en œuvre pour permettre l’installation de PME et TPE innovantes et créatrices d’emploi. Oui, les ouvriers devront se reconvertir et se former à d’autres métiers mais la santé de la Méditerranée est certainement à ce prix.
Nous vous demandons de prendre en compte le nombre d’emplois induits par la mer. Les pêcheurs professionnels et de loisir, les plongeurs, les plaisanciers, les touristes en général doivent être considérés, tout comme les populations qui viennent résider dans notre région, de par l’attractivité du littoral et la qualité de nos eaux. Dans ce cadre, n’est-il pas absurde d’autoriser des rejets toxiques dans le Parc National des Calanques déjà touché par les rejets du grand émissaire de Marseille ?
Le président