6 pêcheurs artisans de Méditerranée témoignent

Rapport :

Valorisation économique, environnementale, sociale et culturelle de la petite pêche méditerranéenne*

Ils sont passionnés, enragés parfois pour maintenir leur activité artisanale dans un contexte politique de plus en plus réfractaire à  tout ce qui n’est pas directement lié aux multinationales, à  la grande industrie et à  leurs intérêts.

Pourtant, nous, les citoyens, vivons à  partir de notre territoire régional. C’est là  que nous avons nos liens, nos attaches, nous savourons les produits du terroir, les paysages dessinés par l’activité des hommes et des femmes, nous y puisons notre oxygène, nos sources de loisirs et de travail parfois ; originaires ou non de ces « petits pays », nous nous ancrons dans leur culture, leur histoire…

Les pêcheurs artisans tissent avec leur littoral des liens insoupçonnés, une prescience de la vie sous-marine, des changements qui l’affectent au quotidien et des tendances plus marquées.  Vivre de ce que la mer donne au jour le jour, là , aux abords du rivage, en misant sur l’expérience, le savoir faire, l’observation plutôt que sur le capital investi amène à  composer humblement avec la nature d’abord, avec les hommes, ensuite, pour fixer les bases de la compétition, répartir l’activité, préserver les ressources tout en les équilibrant… Ils ont avec eux un héritage inestimable venu de temps oubliés où nous savions faire avec le temps pour bien vivre de la nature et en laisser à  nos enfants. Ils portent en eux le sens de la démocratie, de la vraie liberté – celle de la Déclaration des citoyens – respectueuse de la liberté des autres. Ils organisent leur « petite société » de manière à  laisser une place à  tous les membres de la communauté : les jeunes qui débutent, les retraités, ceux qui ont peu de matériel et de capital… C’est un monde conflictuel, certes, mais les conflits aussi se règlent à  échelle humaine. 

Du fond de notre « modernité » n’était-ce pas cela que nous cherchons intimement ? Retrouver notre place dans la société tout en sachant que nous construisons un avenir pour nos enfants, nous réinscrire dans le chemin de l’humanité, retrouver le respect d’être qui n’est pas, comme le dit la publicité, la somme des avoirs. Et cela passe en tout premier lieu par la préservation de nos petits territoires : les terroirs terrestres et maritimes, tous ceux qui en vivent directement (pêcheurs, agriculteurs, éleveurs…) et qui nous nourrissent au quotidien, et puis ces liens multiples et indéfectibles que nous entretenons avec notre entourage et contre lesquels les multinationales et tout leur jeu médiatique et politique ne peuvent rien. 

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Ce rapport a été réalisé par l’Encre de mer dans le cadre d’un projet de recherche sur la pêche artisanale méditerranéenne, mené en coopération avec l’Université Internationale Terre Citoyenne (UITC), l’Université polytechnique de Valencia (Espagne), avec le soutien financier de la Fondation Daniel et Nina Carasso.

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