Encore une cuvée exceptionnelle pour cette année. Nous vous présentons nos coups de coeur.
« Voices of the sea » de Kim Hopkins (Royaume-Uni, Etats-Unis /2018/98′)
Entre la difficile vie quotidienne à Cuba et la tentation de la terre promise, les Etats-Unis, Orlando a choisi. Il reste car il ne veut pas fuir son pays et son métier de pêcheur. Pourtant sa belle jeune compagne qu’il aide à vivre avec ses quatre jeunes enfants s’interroge sur un départ. Dans ce magnifique film, fait rare, les langues se délient, décrivant un régime cubain basé sur la misère et la corruption. On suit même une tentative de traversée vers le pays rêvé. Dans ce petit port de pêche de Cuba, où le seul espoir semble être dans la fuite, le vieux pêcheur nous émeut tiraillé entre fatalité et résistance. Sa belle résistance c’est aller pêcher pour faire vivre sa famille.
» Old marine boy » de Moyoung Ji (Corée du sud/2017/86′)
Park Myongho a fui la Corée du Nord avec sa famille une nuit sur sa barque. Il dira que, dans la même nuit, il est mort puis ressuscité. Pour faire vivre sa famille il pratique la pêche en plongée, dans un antique scaphandre. Il faut voir absolument les images envoutantes de sa lutte contre les poulpes géants. Malgré les risques, il réussit à développer une activité prospère, mais il n’arrive pas vraiment à surmonter les difficultés d’intégration dans une société coréenne qui a du mal à assimiler les transfuges de Corée du Nord et qui suscitent des jalousies quand ils réussissent. Quand il monte enfin un restaurant pour sa femme, aucun client ne vient ! La vie de ces migrants est traitée avec pudeur et respect.
« Hommes des tempêtes » de Frédéric Brunnquell (France/2018/52′)
Cap sur l’atlantique Nord-Ouest, à bord du plus grand chalutier français, le Joseph Roty II, de Saint-Malo. A 500 km de l’Ouest de l’Irlande, le capitaine Alain Mariel et ses 54 hommes tentent de trouver le merlan bleu qui sera transformé dans les 700 m² de ce bateau usine. En ce mois de janvier la malchance s’acharne. Les radars peinent à trouver les bancs de poissons. Puis une énorme tempête survient. Le bateau et l’équipage doivent affronter des creux de 18 mètres par 11 nœuds de vent. Le réalisateur embarqué pour la campagne a parfaitement capté l’ambiance par, notamment, de magnifiques plans où sa caméra est fixe dans les éléments déchaînés. époustouflant et magnifique.
« Ligne noire » de Marc Olexa et Franscesca Scalisi (Suisse/2017/10′)
Une femme qui pêche dans des eaux troubles, une nature dévastée et le chant lointain et lancinant d’un muezzin qui appelle à la prière. C’est un film empli de grâce et de délicatesse qu’offrent à notre réflexion Mark Olexa et Francesca Scalisi. En quelques minutes et sans mot dire, on remonte le cours d’eau, avec plaisir. Pris dans le filet de la courageuse pêcheuse. C’est un film envoutant et magique malgré le drame de la pollution.
« Terra Franca » de Leonor Teles (Portugal / 2018/ 82′)
Sur les berges du fleuve Tejo, un homme vit entre la tranquillité du fleuve et les relations qui le rattachent à la terre. Filmé aux quatre saisons, on suit sa solitude entourée de sa femme Dalia et de ses filles. Nous partageons son quotidien modeste et sa fusion avec la nature. Pas de misérabilisme, une certaine gaieté dans la simplicité. De la méditation sur des paysage du fleuve, sur la langueur de la vie : du cinéma réaliste, entre beauté et mélancolie propre au cinéma portugais. Très émouvant.
« Océans 2, la voix des invisibles » de Mathilde Jounot (France/ 2018/52′)
A la suite du premier film Océans, la voix des invisibles, qui alertait sur le jeu des puissances financières dans la gestion environnementale des océans, Océans 2, la voix des invisibles montre comment les professionnels de la mer, des côtes de Bretagne à celles de l’Océan Indien et d’Afrique en passant par la Méditerranée, s’organisent pour protéger les océans et les populations qui en dépendent. Solidaires et engagés dans leur combat, ces hommes et ces femmes nous montrent comment les citoyens du monde peuvent ensemble construire l’avenir. Un film optimiste.
Films hors compétition :
« Manen » de Thomas Anglade, Maxime Announ, Lucie Dessertine et Estelle Saint-Jours. Film d’animation ( France / 2018 / 4′)
Dans un univers aquatique improbable, un vieux pêcheur sort l’artillerie lourde contre un pélican qui lui vole ses poissons. Un raz de marée providentiel déversera sur le pont de son bateau une pêche miraculeuse. Ce petit film est une vraie réussite grâce à un superbe graphisme qui flirte avec la science fiction façon MadMax et un humour ravageur qui rappelle notamment le style délirant de Tex Avery, le grand réalisateur de cartoons américains.
« Le poisson et moi » de Elisabeth Tempier et Phillippe Houssin (France / 2017 / 22′)
Une jeune parisienne descend sur le port de Marseille pour découvrir la pêche. Comment fonctionne la pêche à proprement parler ; mais aussi comment se passe la vente sur les marchés, comment les restaurateurs achètent le poisson et pour quel usage. On y découvre aussi le fonctionnement d’une initiative qui a permis de créer un réseau entre pêcheurs et restaurateurs pour une pêche locale et responsable. Un documentaire court mais traitant efficacement de son sujet.