Ce film nous présente des tranches de vie du monde des pêcheurs dans l’île de Marettimo, l’une des Egades à l’ouest de Trapani en Sicile.
Le réalisateur filme de très près, souvent des gros plans, pour nous faire participer à ce monde, jusqu’à nous donner le mal de mer quand il nous emmène sur un bateau à la pêche ! Le rythme, très lent, y participe également.
Il nous montre la mise à l’eau et la remontée des filets ( presque en temps réel !), la vente à quai, la halle aux poissons locale, le temps qui passe sur le quai avec des vieux qui regardent la mer, les moments de loisir, comme une partie de cartes dans le local de pêcheurs au milieu de filets entassés.
Le témoignage de vieux pêcheurs a largement sa place.
Un ramendeur de filets, fier de sa technique, rapporte une histoire légendaire remontant au Moyen-âge, souvenir de récits du temps où il allait à l’école.
Un autre nous transporte aussi dans le passé : il évoque son départ en Argentine , même pas un mois après son mariage, le voyage en train jusqu’à Gênes et ensuite la traversée pour Buenos Aires avec quinze jours de mer. Il est accueilli à son arrivée par un cousin qui le conduit à Mar de Plata où il se procure son premier bateau, tout petit. « Il y avait plus de 300 bateaux , de tous pays et beaucoup d’Italiens ‘.La vie est peu chère : « pour 1kg de viande acheté, on t’en donne 2 ; avec un mois de travail , tu manges toute l’année ‘. Il envoie de l’argent à sa famille. La chute de Peron provoque une très forte dévaluation qui le pousse au retour en Italie : « Je ne suis pas venu ici pour devenir plus pauvre ! ‘; En effet, les sommes envoyées en Italie deviennent ridiculement basses. Parmi les compagnons de Marettimo, tous sauf un, décident de retourner au pays. Ce dernier, marié, reviendra aussi plus tard, il avouera : « Tu as bien fait de rentrer! ‘.
En contre-point, deux jeunes adolescents font part de leur enthousiasme de vivre à Marettimo : « C’est beau d’être à Marettimo ! C’est une île libre ! ‘.Ils s’extasient devant un bateau de plus de quarante ans et de la restauration d’un bateau maintenant utilisé pour la promenade des touristes seule allusion au monde hors pêche.
C’est un film peu bavard qui ne montre pas le passé avec nostalgie, qui ne dit rien de l’avenir non plus, mais qui s’attache à nous faire participer à des moments de vie du monde de la pêche en étant au plus près des protagonistes. Le film est très lent, les images très belles, il faut sans impatience se laisser imprégner par l’atmosphère créée.