Pour nourrir l’humanité, il suffirait de moins gaspiller

Chaque jour, la planète se peuple de 200 000 nouvelles bouches à  nourrir. D’ici à  2050, la population mondiale devrait atteindre 9,2 milliards d’individus contre 6,7 milliards aujourd’hui. La réponse la plus courante à  ce défi est de dire qu’il faudra augmenter la production alimentaire mondiale de 50 % d’ici là .

Ce n’est pas celle que retient le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dans son rapport consacré à  la crise alimentaire, publié mardi 17 février à  l’occasion de sa réunion annuelle à  Nairobi. Pour sortir du piège de besoins alimentaires croissants, l’organisation privilégie le recyclage des millions de tonnes d’aliments aujourd’hui perdus ou gaspillés, et affirme qu’une meilleure efficacité de la chaîne de production alimentaire permettrait à  elle seule de nourrir le surcroît de population attendu à  l’horizon 2050. « Cette voie a jusqu’à  présent été très peu explorée alors qu’elle aurait de plus l’avantage de réduire la pression sur les terres fertiles et de limiter la déforestation », déplore le PNUE.

CONCURRENCE POUR LES TERRES

Le rapport cite en rafale des exemples qui, s’ils ne sont pas tous nouveaux, illustrent bien la faiblesse de beaucoup d’agricultures de pays du Sud, exposées aux pestes végétales, aux médiocres moyens de stockage, au manque de transport… mais aussi le gaspillage de nos sociétés d’abondance. Au Royaume-Uni, un tiers de la nourriture achetée n’est pas consommé et, aux Etats-Unis, les pertes observées au niveau des différents systèmes de distribution sont estimées à  environ 100 milliards de dollars par an. A titre de comparaison, les besoins du Programme alimentaire mondial, qui vient au secours des populations souffrant de la faim, se sont élevés à  3,5 milliards de dollars (2,77 milliards d’euros) en 2008.

Au total, près de la moitié de la production alimentaire mondiale est aujourd’hui perdue, mise de côté parce qu’elle ne correspond pas à  des normes de marchés ou gaspillée lors de la consommation. Le PNUE relève ainsi que 30 millions de tonnes de poisson sont rejetées à  la mer chaque année. Des volumes qui suffiraient, selon l’organisation, à  assurer la moitié des besoins supplémentaires de pêche d’ici à  2050 pour maintenir le niveau de consommation de poisson par habitant au niveau actuel.

Le PNUE plaide par ailleurs pour que la valorisation de ces « déchets » serve à  nourrir le bétail, afin qu’une part croissante de la production mondiale de céréales ne finisse pas dans l’alimentation animale. Un tiers des céréales y est aujourd’hui destiné, 50 % le seront d’ici à  2050 si les tendances se poursuivent. Cela pourrait avoir des conséquences graves sur l’approvisionnement des populations dont, rappelle l’organisation, l’apport calorique journalier dépend en moyenne pour moitié des céréales.

Mais le rapport ne s’arrête pas là . Il suggère aussi que le recyclage des déchets soit orienté vers la production d’agrocarburants afin de limiter, là  encore, la concurrence pour l’exploitation des terres à  l’origine de la flambée des prix et de la crise alimentaire.
Laurence Caramel
Article paru dans l’édition du 19.02.09.

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Impact des techniques de pêche sur l’environnement en Méditerranée

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A propos des quotas individuels « administrés » que la France met en place, voir le bilan désastreux des QIT (quotas individuels transférables) en Islande…

L’allocation « administrative » des quotas individuels ne fait guère illusion. Que ce soit les licences de pêche (expérimentées pour le chalutage en Méditerranée dans les années 75) ou les Permis de Mise en Exploitation pour la puissance et le tonnage des bateaux, ces deux systèmes administratifs d’allocation individualisée de droits de pêche ont engendré un renchérissement du coà’t des bateaux, soit en fait une monératisation du droit de pêche et une concentration de la flottille. Comment se sont construits des bateaux de 40 m en Méditerranée dans le cadre des mesures européennes de restriction des flottilles, si ce n’est en cassant des petits bateaux pour en faire des gros… S’il ne s’agit que d’une simple mesure de répartition annuelle ou saisonnière des quotas effectuée au cas par cas par les OP pour améliorer la gestion des bateaux, on comprend mal la nécessité d’un arrêté et d’une note ministériels.

Ci-après un bref panorama relayé par aquablog

– L’échec de la gestion de la ressource par les QIT

En 1983, l’Islande met en place un premier système de gestion par quota qui maintient les captures entre 300 000 et 400 000 tonnes. En 1991, le pays adopte les QIT et depuis les captures montrent une forte tendance à  la baisse. Elles sont passées de plus de 300 000 tonnes en 1991, à  près de 200 000 tonnes en 2000 puis 130 000 tonnes (+ 30 000 tonnes de « cadeaux ») en 2009.

– Avec les QIT, disparition des communautés littorales et des pêcheurs artisanaux

Les QIT ont eu une incidence énorme sur l’économie des pêches avec la concentration de l’activité autour de quelques grands armements.

Reprenons les constats socio-économiques de l’halieute, Jean-Michel le RY :

* le système des QIT  » vendus aux enchères  » a entraîné une spéculation folle entre armateurs, soutenus à  fond par leurs banques (dont on a parlé quelque peu ces mois derniers !),

*
le système des quotas ne fonctionnant pas  » captures régulièrement en baisse  » les armateurs ne pouvaient pas rentabiliser l’achat surévalué de leurs QIT,

*
certains choisissaient la fuite en avant en continuant à  s’endetter pour acheter des QIT supplémentaires, au nom du principe « et s’il n’en reste qu’un ‘,

*
d’autres ne trouvaient une solution que dans la fraude : entre poisson entier, mis en filets, « flaqué ‘, congelé, salé, séché, exporté sous un autre nomtous les moyens étaient bons pour pêcher plus que les quantités autorisées et paraître respecter les limites établies pour le cabillaud,

*
par ailleurs, le système de vente des QIT était un système « à  cliquet ‘ qui permettait à  un armateur industriel d’acheter des QIT de la pêche artisanale, mais pas l’inversede ce fait, de plus en plus de pêcheurs artisans devenaient salariés des armements de pêche industrielle ou quittaient le métier.

Des villages côtiers et isolés se sont vidés complètement de leurs habitants qui, autrefois, ne vivaient que de la pêche artisanale.

Devant l’ampleur du phénomène, et ne trouvant aucun soutien dans leur propre pays, deux pêcheurs sont allés devant le Comité des Nations Unies aux droits de l’homme pour faire valoir leurs droits ancestraux en matière de pêche (Source : Fishupdate)…

Avec la crise financière et économique islandaise, il est probable que des scandales vont être mis à  jour comme celui des quotas islandais « hypothéqués outremer »

Il semble que, suite à  la faillite de la banque Glitnir en Islande, des quotas de pêche, évalués à  161 millions d’US$ et 241 millions d’US$ et appartenant à  de grandes compagnies islandaises, aient été donnés en hypothèque à  des banques étrangères. Or, d’après la loi islandaise, un étranger ne peut pas posséder de quotas de pêche islandais. Si la propriété d’un quota de pêche tombe dans des mains étrangères, le propriétaire n’a pas le droit de pêcher dans les eaux islandaises et doit revendre son quota dans un délai de 12 mois.

(Source : Fishing News International, février 2009 / revue de presse du Collectif Pêche et Développement)

FEROE, ISLANDE : Deux modèles de gestion opposés, l’un marche et l’autre pas

« Les Islandais disent qu’ils en sont arrivés à  vendre le poisson qui est encore dans la mer. C’est une privatisation déguisée de la ressource. Il faut pêcher le quota avant de pouvoir pêcher le poisson, c’est tout un monde financier à  appréhender…

L’instauration de la politique des QIT a eu l’effet d’une bombe’…

Dans un article du Collectif Pêche et Développement, l’on peut voir que les àŽles Féroé ont du faire face à  un effondrement de captures de morues (entre 1988 et 1995) suite à  la mise en oeuvre d’une gestion par TAC et quotas. Une gestion alternative basée sur des jours de mer et des mesures de gestion territoriale (restriction des zones chalutables, etc…) avec des ajustements en fonction de l’évolution des débarquements rencontre de bons résultats. « Ce qui est déterminant, ce n’est pas le nombre de géniteurs, mais l’alimentation disponible… La sélectivité à  outrance et la surprotection des juvéniles a deux défauts majeurs. Elle cible la pêche sur les gros sujets, éliminant les meilleurs géniteurs, elle protège des juvéniles qui se concurrencent pour la nourriture disponible et s’affaiblissent. Il faut donc renoncer à  établir des quotas dans ce cas, ils sont contreproductifs »

* Un rapport récent publié par l’Université de Californie en avril 2008 vient conforter cette analyse : «La pêche, normalement, capture les individus les plus vieux, les plus gros des espèces cibles et les règlements imposent souvent des tailles minimales pour protéger les individus les plus jeunes et les plus petits. Ce type de réglementation est tout à  fait erroné. ‘ Pr. Sugika (FN, 25 avril 2008).

Voir les documents de Jean-Michel Le Ry sur le site du Comité Local des Pêches du Guilvinec ou en téléchargement ci-dessous :

Bilan des QIT en Islande par Jean-Michel Le Ry

Juvéniles ou géniteurs par Jean-Michel Le Ry

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Actualités du 9 au 13 février 2009

France : L’approche européenne des zones Natura 2000 commentée au Guilvinec

Lors de la dernière réunion de la Commission Langoustine, le Comité local des pêches du Guilvinec s’est penché sur le « Référentiel technico-économique de mesures de gestion des activités de pêche professionnelle dans les sites Natura 2000 », projet de réforme du contrôle des pêches européens que nous avons déjà  évoqué dans les « Actualités du 2 au 6 février ». S’il devait se transformer en règlement européen, le Comité des pêches maritimes du Guilvinec (directement concerné par le Parc Marin d’Iroise, la zone Natura 2000 dite des « Roches de Penmarc’h », mais également par les zones connexes dites des « Glénan » et de « Trévignon ») deviendrait de facto adversaire de la mise en place des zones Natura 2000 dont il accepte aujourd’hui d’être l’opérateur en liaison étroite avec la DIREN. Le gouvernement doit bien réfléchir avant d’accepter le texte européen en l’état.

Source : Fanny Brun, Collectif Pêche & Développement
Commission langoustine du CLPMEM du Guilvinec,
17 janvier 2009

France : 178 sorties de flotte en 2008

Ce n’est pas un décompte définitif puisque certains dossiers n’ont pas encore été liquidés. Mais on peut avoir une première idée du résultat des différents plans de sortie de flotte (PSF) en 2008. 178 navires auraient été concernés. Rapporté à  une flottille d’environ 5000 navires, cela équivaut à  un dégraissage de l’ordre de 3,5 % en un an. Pour l’anchois, 17 navires sont concernés, mais ce sont les pêcheurs de cabillaud qui fournissent le gros du bataillon (45 navires). De loin, c’est la Normandie qui paie le plus lourd tribut dans cette catégorie avec 32 navires. Le plan anguille fait le plein avec 51 unités. En Méditerranée, le plan merlu touche 12 navires et le plan thonaille 7 unités.

Source : Philippe Urvois,
Le Marin, 6 février 2009

France : Quotas individuels, l’expérience est lancée

Une note de service de la direction des pêches, datée du 16 janvier, précise les espèces et les zones pour lesquelles vont être expérimentés les quotas individuels administrés. Cette phase de tests va être menée conformément aux souhaits du gouvernement, formulés en octobre 2008, malgré les réticences de la plupart des professionnels, qui veulent préserver une gestion collective de la ressource. Les stocks retenus sont les suivants : Grenadier de roche, Langoustine, Lieu noir, Lingue bleue, Sabre et Sole, sur certaines zones. La date d’application est immédiate. « Les patrons langoustiniers ont peur d’aller, à  terme, vers des quotas individuels transférables ».

Source : Philippe Urvois,
Le Marin, 6 février 2009

France : La Scapêche teste le casier à  partir d’un ancien chalutier

Fini le chalutage pour le Zubernoa. La refonte en caseyeur de ce hauturier de 24 m, appartenant à  la filiale d’Intermarché Scapêche, a démarré en décembre. Le Zubernoa sera exploité en copropriété avec deux jeunes patrons du nord Bretagne qui détiendront 35 % du bateau. Cette association permettra à  la Scapêche d’acquérir du savoir-faire dans le métier du casier. L’armement opère cette diversification en synergie avec une autre filiale du groupe des Mousquetaires, les Viviers de la Méloine. Cet établissement, spécialisé sur les crustacés, doit consolider ses approvisionnements. Or, la flottille des caseyeurs est vieillissante et le métier n’attire plus guère. Les Viviers de la Méloine ont, d’autre part, perdu un de leurs fournisseurs réguliers en 2007 avec le naufrage tragique du Sokalique.

Source : Frank Jourdain,
Le Marin, 6 février 2009

Sénégal – Guinée Bissau, mer commune : 200 millions pour évaluer les ressources halieutiques

Le Sénégal et la Guinée Bissau renforcent leur coopération grâce à  l’Espagne. Les deux pays ont bénéficié d’un financement de 200 millions du gouvernement espagnol pour évaluer le potentiel halieutique de la zone maritime commune du Sénégal et de la Guinée. L’Agence de gestion et de coopération (AGC), créée en 1993 par les deux pays, a procédé ce samedi 7 février à  la cérémonie de lancement du projet.

Source : Awa Diédhiou,
Press Afrik, 7 février 2009

Des pêcheurs indonésiens sauvent 198 « boat people » au large d’Aceh

Les secours indonésiens ont récupéré le 10 février des « boat people » venant de Birmanie dérivant à  bord de bateaux en bois au large d’Aceh après 21 jours de mer. Certains étaient dans un état critique. Les 198 hommes avaient été trouvés par des pêcheurs locaux, 22 de leurs camarades étaient morts en mer et ils fuyaient la Birmanie de peur d’y être tués par l’armée. Ils étaient partis à  8 ou 9 bateaux, mais un seul a été retrouvé. Le 7 janvier, un groupe de 193 Rohingyas, ethnie musulmane du nord ouest de la Birmanie, avait également été retrouvé en mer.

Source : Dicky Kristanto, Reuters
Traduit de Samudra Alert News, 11 février 2009

Arrestation et détention de pêcheurs

De nombreuses communautés de pêcheurs à  travers le monde sont constamment confrontées à  ce problème. Des pêcheurs sont appréhendés pour présence non autorisée dans les eaux territoriales et la zone économique exclusive d’un autre pays. Ils étaient là  pour un certain nombre de raisons : accéder à  des lieux de pêche où ils avaient coutume d’aller, épuisement de la ressource dans leur pays d’origine, capacités accrues des flottilles de bateaux artisans qui débordent chez les voisins. Sur ce sujet, un site collecte des informations concernant 18 pays. Il renseigne aussi sur d’importants accords bilatéraux en matière de zones de pêche traditionnelles.

Source : Samudra n° 51, février 2009

Fanny Brun

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Un cinquième des récifs coralliens a déjà  disparu, le reste est en grand danger

… L’Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI) et l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) ont rendu public, mercredi 18 février, le bilan mondial de leur état. Ce travail, réalisé tous les quatre ans, mobilise quelque 400 chercheurs de 96 nationalités.

Selon leurs observations, le monde a définitivement perdu 19 % de ses récifs, 15 % risquent de disparaître dans les dix ou vingt prochaines années, et 20 % supplémentaires sont menacés de disparition dans les vingt à  quarante ans si rien ne change. Et ceci sans même tenir compte des effets du réchauffement climatique, qui constitue une menace pour la totalité de ces écosystèmes.

Les coraux abritent une vie foisonnante : un tiers des espèces marines décrites en dépendent. Leur survie est donc un enjeu pour la préservation de la biodiversité mondiale. Elle est aussi cruciale pour les 500 millions d’êtres humains qui en tirent leur alimentation. « Ils rendent d’autres services aux hommes, en protégeant les côtes contre les assauts de la mer, et en permettant le développement du tourisme », explique Bernard Salvat, le spécialiste des récifs coralliens qui représente la France à  l’ICRI. Selon une estimation du Programme des Nations unis pour l’environnement (PNUE), chaque kilomètre carré génère entre 81 000 et 488 000 euros de revenus.

Ces récifs subissent plusieurs types de pressions liées aux activités humaines et à  l’augmentation de la population. La principale cause de leur dégradation est la destruction du couvert végétal à  terre, qui, générant un afflux de particules dans les eaux, étouffe les coraux. Les polluants chimiques ou bactériologiques y aboutissent également.

La surpêche et l’utilisation de méthodes destructrices, comme la pêche au cyanure ou à  l’explosif, contribuent également largement à  leur mauvais état. Les récifs sont aussi détruits par la construction de ports ou de marinas, les prélèvements de sable pour le bâtiment, le piétinement des touristes…

Le réchauffement climatique, qui provoque leur blanchissement, constitue l’autre grande menace….

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Réforme des comités des pêches : quel lien entre l’Etat et l’échelon local ?

A propos du projet de réforme des comités des pêches, il n’est fait aucune mention de la gestion des pêches et des territoires réalisée sur chaque portion de littoral par les 120 prud’hommes nouvellement élus… A quand une articulation de l’Etat avec les gens de terrain et l’échelon local ?

Pour plus d’informations voir sur le site du Comité Local des Pêches du Guilvinec le tableau comparatif des mesures proposées et les réactions des Comités régionaux des pêches de Basse-Normandie, de Bretagne et du Comité local des pêches de Port-Vendres…

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Le code de bonne conduite censé promouvoir une pêche « responsable » n’est pas respecté

Faire appel à  la bonne volonté des Etats ne suffit pas pour limiter la surexploitation des océans. Telle est la conclusion d’une étude menée conjointement par des universités canadienne, brésilienne et le Fonds mondial pour la nature (WWF), publiée le 5 février dans un commentaire de la revue Nature. L’étude passe en revue les législations et les pratiques de pêche de 53 pays, responsables de 96 % des prises mondiales, et les met en regard du code de bonne conduite de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). Selon les estimations de la FAO, la moitié des stocks mondiaux est aujourd’hui exploitée au maximum de ses capacités, et 25 % sont surexploités.

Le code de bonne conduite, adopté en 1995 par 170 pays, visait à  promouvoir les pratiques de pêche « responsable » (lutte contre la surcapacité des flottes, respect d’aires marines protégées, soutien à  la pêche artisanale, interdiction des pratiques destructrices comme la dynamite ou les prises de juvéniles, etc.). L’objectif étant, tout en continuant l’exploitation commerciale, de préserver la capacité de reconstitution des stocks de poissons. Le code s’applique sur la base du volontariat.

DES NOTES INFÉRIEURES À 4/10

Selon l’étude, il est resté lettre morte. A partir de la littérature scientifique et d’enquêtes menées dans les pays, les auteurs ont élaboré une grille et attribué une note à  chacun en fonction de leur respect du code. Aucun ne décroche un « bon » score (supérieur à  7/10). En revanche, 53 % des pays ont des notes inférieures à 4.

Dans l’ensemble, les pays développés mettent davantage en oeuvre les bonnes pratiques que les pays en développement, mais des nuances apparaissent. De nombreux pays européens, dont la France, l’Espagne, l’Italie ou l’Irlande se voient attribuer des scores médiocres (de 4 à  5/10) bien qu’ils disposent de la stabilité politique et des moyens financiers nécessaires. En revanche, en tête du classement (plus de 6/10) figurent des pays riches (Norvège, Etats-Unis, Canada, Australie, Islande), mais aussi la Namibie et l’Afrique du Sud.

Certaines mesures sont particulièrement mal appliquées : 90 % des pays ne limitent pas la capacité de leur flotte de pêche, bien qu’il s’agisse du levier principal pour préserver la ressource. Seuls 15 % mettent en place des aires marines protégées. La majorité ne parvient pas à  limiter les rejets de poissons en mer, les prises accessoires, les prises de juvéniles… Les scores concernant la lutte contre la pêche illégale sont particulièrement bas.

« Le volontariat a sans doute été nécessaire pour obtenir l’accord des Etats lorsque le code a été mis au point, concluent les auteurs. Mais, depuis, les attitudes ont changé. Il existe aujourd’hui un consensus scientifique sur l’impact écologique de la surpêche, et les risques qu’elle comporte pour la sécurité alimentaire. » Ils appellent de leurs voeux la création d’un régime international contraignant.

Pour plus de détails, voir le site de la FAO

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Le thème de la pêche a été abordé au forum international de Beyrouth en janvier 2009

Déclaration finale du Forum international de Beyrouth

samedi 31 janvier 2009

Pour soutenir la Résistance Anti-Impérialiste des peuples et la construction des Alternatives à  la Globalisation

A l’initiative (*) et avec l’appui (**) de nombreux centres de recherche, associations, syndicats et mouvements politiques, culturels ou sociaux , les travaux du Forum international de Beyrouth se sont déroulés les 16-17-18 janvier 2009, en présence de 450 représentations arabes et internationales et de personnalités éminentes, venus de cinq continents (66 pays).

Ce Forum, où étaient fortement représentés l’Amérique Latine, l’Asie et le Proche Orient, incarnait l’esprit de la Tricontinentale.

Deux grandes actualités ont marqué le Forum. D’une part, la résistance héroïque du peuple palestinien de Gaza face à  une intensité de violence et une barbarie sans précédent. D’autre part, la crise globale du capitalisme, qui n’est pas seulement financière mais aussi économique, sociale, culturelle et morale, mettant en danger la survie de l’humanité.

Principes & Droits

Le Forum affirme que :
– Les peuples ont droit à  la résistance et ce dernier doit être inaliénable, soutenu par l’ensemble de la communauté internationale et reconnu comme tel dans le droit international ;

– Le combat de la résistance face au colonialisme est indissociable du combat que mènent les révolutionnaires et hommes libres du monde face au capitalisme globalisé, à  l’impérialisme, à  la militarisation et la destruction des acquis sociaux. Ceux-ci sont le produit de plus de deux cents années de luttes acharnées des classes laborieuses.

– Les peuples ont droit à  la souveraineté sur leurs ressources naturelles. Les droits à  l’alimentation, à  la santé et à  l’éducation priment sur toute considération marchande ;

– Chaque culture et tous les savoirs doivent pouvoir contribuer à  la construction de biens communs de l’humanité sur la base du respect de la Nature, de la primauté des besoins humains et d’une gestion démocratique des sociétés ;

– Le droit au fonctionnement démocratique doit s’exercer non seulement sur le plan politique mais également sur le plan économique et il concerne aussi bien les hommes que les femmes ;

– Le droit à  la différenciation culturelle et la liberté de culte en refusant toute stigmatisation culturelle et raciale.

Les Participants proposent comme alternatives au dictat du marché de :

1- Sortir l’agriculture et les secteurs liés à  l’alimentation des négociations internationales pour libéraliser le marché (Gatt, OMC)

2- Récuser les accords et les politiques internationales permettant aux grosses firmes de mettre la main sur le vivant mettant en péril la biodiversité.

3- Réaliser en opposition au projet néolibéral de Sarkozy, un Marché Commun Méditerranéen, (N’incluant pas l’état colonial d’Israêl), basé sur le principe du commerce équitable entre consommateurs et producteurs, du nord et du sud du bassin ainsi qu’à  l’intérieur de chaque pays. Ceci dans un processus de construction d’une mésorégion en Méditerranée.

4- Lutter contre la surexploitation exercée par la pêche industrielle et favoriser la pêche artisanale, en garantissant un coà’t social.

5- Préserver le patrimoine commun de l’humanité et les ressources fondamentales pour la vie. En développant l’agriculture organique, et en utilisant les énergies renouvelables.

4- Lutter contre la surexploitation exercée par la pêche industrielle et favoriser la pêche artisanale, en garantissant un coà’t social.

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Le jour où l’humanité a épuisé le produit global de la Terre

Mardi 23 septembre, rien n’a changé dans le quotidien des Terriens. Pas de pénurie dans les magasins d’alimentation, pas de coupure d’eau ou d’électricité inhabituelle. Pourtant, selon l’organisation non gouvernementale canadienne Global Footprint Network, le 23 septembre, un événement important a eu lieu. C’était le « Global Overshoot Day », littéralement « le jour du dépassement global ». Il signifie que, entre le 1er janvier et le 23 septembre, l’humanité a consommé les ressources que la nature peut produire en un an. A partir du 24 septembre, et jusqu’à  la fin de l’année, l’humanité vit en quelque sorte au-dessus de ses moyens. Pour continuer à  boire, à  manger, à  se chauffer, à  se déplacer, elle surexploite le milieu naturel et compromet sa capacité de régénération. Elle entame donc son capital.

Le « jour du dépassement », image destinée à  frapper les esprits, a été inventé par les créateurs du concept d’empreinte écologique. Dans la foulée du Sommet de la Terre de Rio, en 1992, les universitaires William Rees et Mathis Wackernagel ont mis au point une méthode permettant de mesurer l’impact des activités humaines sur les écosystèmes. Il s’agit de quantifier les surfaces biologiquement productives nécessaires pour construire villes et infrastructures, pour fournir les ressources agricoles, aquatiques et forestières que nous consommons et pour absorber les déchets que nous produisons, y compris le CO2 issu de la combustion des énergies fossiles. L’unité de mesure utilisée pour calculer l’empreinte écologique d’un individu, d’une ville, ou d’un pays est l' »hectare global », dont les capacités de production et d’absorption de déchets correspondent à  la moyenne mondiale.

Selon les calculs de Global Footprint Network, les besoins de l’humanité ont commencé à  excéder les capacités productives de la Terre en 1986. Depuis, sous l’effet de l’augmentation de la population mondiale, la date à  laquelle l’humanité a épuisé les ressources théoriquement produites en un an n’a cessé d’avancer. En 1996, notre consommation dépassait de 15 % la capacité de production du milieu naturel, et le « jour du dépassement » tombait en novembre. En 2007, c’était le 6 octobre.

DISPARITÉS

L’outil utilisé par le Global Footprint Network permet de quantifier l’évolution de la consommation de ressources dans le temps et de sensibiliser aux conséquences de leur surexploitation. Il autorise aussi des comparaisons entre régions du monde. Les habitants des Emirats arabes unis ont l’empreinte écologique la plus élevée : chaque habitant consomme chaque année l’équivalent de 12 hectares globaux. Les Américains les suivent de près, avec 9,5 ha. La France se situe au 12e rang mondial, avec un peu moins de 6 ha. Les habitants du Bangladesh, de la Somalie et de l’Afghanistan sont les plus petits consommateurs de ressources au monde, avec moins d’un demi-hectare.

Gaêlle Dupont

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Poisson et mercure, un grave péril sanitaire

Etiquetage spécifique des poissons «sà’rs’, contrôles plus stricts de la pollution au mercure, et accord international pour réduire les émissions de cette substance toxique. Telles sont les principales mesures réclamées par le groupe de travail Zéro mercure, à  une semaine de l’ouverture de la 25e session du conseil d’administration du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) à  Nairobi (Kenya) du 16 au 20 février.

Le groupe de travail Zéro mercure est une coalition internationale de plus de 75 ONG formée notamment à  l’initiative du Bureau européen de l’environnement (BEE).

Dans un rapport publié mardi 10 février et intitulé «Mercure et poisson: un enjeu sanitaire mondial majeur’, le groupe de travail Zéro mercure indique que les niveaux standards d’exposition au mercure via le poisson sont souvent largement dépassés dans plusieurs endroits du monde.

Sans surprise, le risque est plus grand pour les populations dont la consommation est élevée et vivant dans des zones où la pollution a augmenté la teneur en mercure du poisson. Mais le risque demeure dans les zones où un régime en poisson et les teneurs en pollution sont moins fortes.

Le rapport présente de nouvelles données sur les teneurs en mercure du poisson de trois régions du monde « Etat du Bengale occidental (Inde), zone métropolitaine de Manille (Philippines), ainsi que 6 pays membres de l’UE  » Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie et République tchèque.

C’est en Inde est que la situation est la plus grave: 25 des 56 variétés de poissons analysées contenaient plus de 0,5 mg/kg de mercure. Cette valeur est la limite générale appliquée dans le poison proposé à  la vente.

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