Thonaille – thons, germons, espadons, grandes castagnoles

Chacun va son train, chacun a son coin dans cet univers compté. Jean-Claude, « l’ancien ‘, veille à  la passerelle pour ces 4 heures de route. A ses côtés, recroquevillée sur sa petite couchette, Aline la jolie capitaine complète un pan de nuit. David, le tout jeune matelot s’est installé sur le frigo. Sandrine, co-équipière, somnole dans la cabine ; à  ses oreilles des écouteurs amortissent le ronflement puissant qui perce la cloison.

A bonne allure le filet sort de la cale, à  l’horizontale, guidé par des mains agiles. Quand les yeux experts ont pressenti l’embrouille – celle d’un flotteur pris dans la nappe – nos deux marins bondissent vers la poupe saisissant à  pleine main la toile pour la freiner dans son envol.

Criant : « Arrière ‘ à  l’homme qui manoeuvre dans la cabine, ils s’arc-boutent en un seul élan avant de démêler prestement ce drôle d’imbroglio.

Le corps se plie au rythme du métier, tout comme ces tranches de vie égrenées tout au long de la journée. Pièce de théâtre bien naturelle, changement de décor quand en pleine nuit, au milieu de la mer, il faut clore le convivial repas, ranger, tout protéger. Dans 3 heures au plus, le filet traversera le pont, remontant avec lui des flopés d’eau, parfois de la carnasse, quelques méduses, des raies pastenagues et surtout de beaux poissons : thons, espadons, germons et de grandes castagnoles.

Temps d’action joyeuse et physique pour la calée et la levée, le démaillage, le glaçage, les multiples lavages du pont et puis des habits protecteurs : les bottes, les salopettes, les gants et les manchons. Demi repos quand le bateau flotte accroché entre le noir du ciel, le noir de l’eau, à  ses 4 kilomètres juste immergés de mailles et de flotteurs, de hauts signaux luminescents. Les voix des radios relaient celle des machines comme des étoiles lointaines qui nous rappellent au monde humain.

Sur le temps du retour et dans la clarté matinale s’allège la vigilance. Reste à  réparer les dégâts du filet. Le butin est moyen, on compte un peu mais pas à  la virée. Hier était mieux et que sera demain ? Le vent décide, le mistral tout soudain commande, notre route est détournée plus au nord, ce soir le bateau restera au port tandis que nos marins profiteront avec bonheur d’une vraie nuit dans un vrai lit.

* A bord de l’Orchidée – 13m20, 270 cv – avec Aline Espana, patron pêcheur à  Port de Bouc.

Pour en savoir plus sur la technique de la thonaille…

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Préservation et conservation des herbiers à  Posidonia Oceanica

Ce guide, rédigé par un collectif d’experts français et italiens, sous la coordination du GIS Posidonie et avec la participation de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, fait le point des connaissances sur Posidonia oceanica et sur les herbiers qu’elle constitue.
_ A travers des études de cas concrets, il synthétise les informations permettant de répondre de façon optimale aux différents problèmes de préservation et de conservation des herbiers de Posidonie auxquels sont confrontés gestionnaires et décideurs, acteurs de la gestion du littoral.

le site du RAMOGE

Télécharger le guide Posidonia Oceanica sur le site du RAMOGE : pdf – (3.8 Mo)

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Dentis

Denti au four : Le denti, comme le pagre, je le cuis au four avec rien ! Du poivre dans les ouïes  » c’est un vieux qui m’a dit ça  » et un peu d’huile d’olive. Je laisse le foie et les œufs, je les présente à  côté du poisson au moment de servir.

Denti grillé à  la grecque : le poisson est vidé, écaillé et entaillé tous les 5 cm. Farci de laurier, recouvert de feuilles de marjolaine, il est mis à  mariner dans de l’huile d’olive additionné d’un jus de citron avant d’être grillé des 2 côtés. Si le poisson est très gros, on finira la cuisson au four. On arrosera du jus de marinade avant de servir.

Recette marseillaise du denti farci, en croà’te de sel : Je vide le poisson par les ouïes, et si possible je le rince à  l’eau de mer. Je remplis le ventre avec des fruits de mer vivants, au choix : des moules dont j’ai brossé la coquille pour enlever la barbe, des crevettes si l’on aime, des bulots, des clams, du corail d’oursin Je prépare une pâte avec du gros sel (1 kg par kg de poisson) et du blanc d’œuf (1 à  2 blancs d’œuf par kg de sel). Sur un plat à  four, avec la pâte, je fais un petit nid dans lequel je mets le poisson. Je recouvre de pâte. On peut faire la forme d’un poisson. Quand la pâte a changé de couleur, le poisson est cuit. Il reste à  casser la croute avec un petit marteau ou une cuillère. Les écailles adhèrent à  la pâte mais elles ont gardé l’humidité du poisson. Les fruits de mer ont craché leur jus, ça a aromatisé entièrement la chair du denti C’est un régal !

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Que vivent la thonaille et la petite pêche de Méditerranée française

Motion signée par Pêche et Développement, Coordination des pêcheurs de l’Etang de Berre et de la Région, UIPMPM (Union Intersyndicale des Petits Métiers de Pêche Méditerranéenne) et les Prud’homies méditerranéennes d’Antibes, Bandol, Cannes, Carqueiranne, Grau d’Agde, Gruissan, La Seyne sur mer, Martigues, Palavas, Saint-Raphaêl, Salins d’Hyères (section de Toulon), Sanary.

Ils sont 60 bateaux répartis sur notre littoral, entre Port-Vendres et Menton, une des branches dynamiques de ce qui reste de la petite pêche méditerranéenne française : 2.500 pêcheurs sur les 18.000 pêcheurs français quand l’Espagne comptabilise 55.800 pêcheurs, l’Italie 42.000

De mai à  octobre, avec des bateaux un peu plus grands (10-18m) que les traditionnels pointus, ils s’éloignent des côtes pour pêcher au filet maillant des thons, parfois des germons, des espadons, de grandes castagnoles ; une pêche rentable opérée au large quand le littoral se peuple de navires de plaisance.

Rien à  redire contre ce métier qui procure un produit d’excellente qualité, sans décimer les stocks (300 tonnes par an pour 35 à  60 bateaux) ([Les poissons font 21 kg en moyenne (14/30 kg). Pas de pêche sur les zones de frayères. Par comparaison, les apports déclarés sont de 6200 t pour 34 senneurs.)] , sans nuire à  l’environnement (Pêche très sélective, capture quasi-exceptionnelle de dauphins (l’espèce pléthorique de dauphins bleus et blancs), pas de capture d’espèces protégées (tortue, oiseaux), aucun rapport avec certaines techniques industrielles de capture de thons ou certaines pratiques intensives de filets dérivants telles qu’elles se pratiquaient dans le Pacifique.). Tous ceux qui l’ont observé de près  » scientifiques, environnementalistes  » sont unanimes : « On n’a rien contre la thonaille ‘. De là  à  l’affirmer publiquement « C’est un problème politique Il n’est pas question de revenir contre l’interdiction de filets dérivants qui constitue une victoire médiatique des environnementalistes ‘. A cela il faut ajouter un mélange des genres avec des pratiques industrielles, la crainte d’un précédent qui ouvrirait une brèche à  d’autres pêches dommageables pour les mammifères marins, le travail en sous-main de lobbies concurrents

En attendant la Commission Européenne peine à  accorder un statut à  ces filets à  thons « qui ne dérivent pas ‘ comme l’ont montré ces pêcheurs. Pas de statut pour la thonaille : pas d’exception prévue pour le moment par l’ICCAT pour des captures inférieures à  30 kgs comme c’est le cas pour d’autres pêches ([L’ICCAT (ou CICTA : Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique) prévoit un statut dérogatoire pour les canneurs, les ligneurs, ou pour la capture en Mer Adriatique de thons destinés à  l’élevage. )]. Et le métier reste une cible médiatique qui sert à  masquer d’autres intérêts : la semaine dernière, une association environnementaliste américaine, Océana, n’a eu de cesse d’harceler les bateaux en pêche au risque de provoquer une collision et en refusant tout contact radio ([ L’an dernier, cette même association a diffusé un rapport sur la thonaille en refusant tout contact avec la profession. )]. Excédés, les pêcheurs ont fini par encercler le bateau afin d’obliger le capitaine à  s’expliquer. Celui-ci a retrouvé sa voix pour appeler à  l’aide sur le canal 16

Exemplaire dans sa démarche ([Avec l’appui financier des collectivités locales, la Coordination des thonailleurs a su initier une étude et un suivi scientifiques, expérimenter et utiliser des répulsifs bien avant que cette pratique ne se généralise, encadrer la flottille (permis de pêche spécial, déclaration de capture, limitation des longueurs de filets et des temps de sortie), adopter un moratoire d’un mois sur la zone du Sanctuaire pour les mammifères marins en mer ligurienne (période où les petits dauphins naviguent en tous sens et pourraient se faire prendre), organiser un recours juridique devant l’Union Européenne. Par souci de transparence, la Coordination des thonailleurs répond à  toutes les questions, transmet les données scientifiques, organise l’embarquement d’observateurs
)
], cette petite communauté interpelle aujourd’hui tous ceux « environnementalistes, scientifiques, politiques – qui par leur silence ou leurs décisions vont construire l’avenir :

– Va-t-on, contre le bon sens, interdire un métier séculaire pour des calculs politiques et médiatiques qui restent conjoncturels ?
– Que dire d’une Europe qui ne pourrait concevoir des pêcheries régionales spécifiques, bien gérées et bien encadrées, et qui suivrait sans discernement les lobbies productivistes ou médiatiques ?
– Si la thonaille devait être définitivement interdite, que fera t-on des thonailleurs ? Laissera t-on cet effort de pêche se reporter sur le littoral et risquer une pression accrue et dommageable sur d’autres espèces et sur des territoires souvent exigus ? Ou alors va-t-on prendre la décision de sabrer, à  coups d’indemnités, un pan essentiel de cette petite pêche méditerranéenne pour laisser la place  » toute la place  » à  l’industrie des loisirs nautiques et à  la pêche industrielle ?
– Sans la veille des pêcheurs professionnels sur l’eau, qui alertera sur les dommages causés à  l’environnement marin ?

Guerre d’usure contre ces hommes qui résistent depuis 9 ans pour sauver leur métier, le temps est une arme redoutable puisqu’il entame notre capacité à  réagir face à  une question récurrente. Que dire d’une humanité lassée qui ne saurait revenir sur des positions injustes, des principes mal établis ?

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Démarche qualité varoise

La démarche qualité initiée par le Comité Local des pêches du Var prend vie.

Première étape, les pêcheurs volontaires répartis sur l’ensemble du littoral varois ont réalisé un recueil : recueil des savoir-faire concernant chaque technique de pêche, des savoir être pour respecter le travail des confrères et des usages souvent codifiés par des règlements prud’homaux. Ce guide de « bonnes pratiques ‘, témoin de leur attachement au milieu marin, différencie les règles essentielles, à  respecter obligatoirement, des conseils de bon aloi.

Deuxième étape : recherche d’un organisme certificateur qui officialisera la démarche.

Pour plus d’information contacter Manon Ranc
Comité local des pêches du Var : T. 04 94 94 46 53

«Je pêche à  la palangre du poisson vivant, très prisé et très bon. De gros poissons. J’ai soutenu cette démarche à  1000 pour 100. Elle fédère tous les pêcheurs : au plus on est solidaire, au plus on est fort ; nous sommes tous participants d’une même croisière, même avec des techniques variées, des bateaux différents. L’équilibre fragile de la pêche et de la vente vient de la complémentarité, nous sommes tous interdépendants. Je ne l’avais pas compris tout de suite. Nous passons d’une image de prédateur inconsidéré à  une démarche de gestionnaire : nos techniques sont référencées dans un cahier des charges C’est une éthique que nous mettons en avant. Nous nous démarquons de la pêche industrielle et de l’aquaculture en protégeant, différenciant et labellisant le poisson local et sauvage. Nous mettons en valeur notre vie.’

Pierre Morera, palangrier varois

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La politique : le tabouret des riches ?

1959 : Etait-ce l’organisation prud’homale, les côtes de Méditerranée française ont échappé à  l’industrialisation de la pêche de la fin du 19ème siècle. L’art halieutique nourrit des populations de pêcheurs sur l’ensemble du littoral. Sous la conjonction de plusieurs facteurs, les pouvoirs publics malgré l’opposition des prud’homies et le résultat du référendum qu’elles ont organisé, déréglementent le secteur. La brèche est ouverte, celle d’une compétition ouverte fondée sur des bases financières et technologiques, et destinée à  conquérir de nouveaux marchés. Une nouvelle logique émerge autour de la production de masse, et de ses dérives quand les produits sont périssables et à  forte variabilité. La petite pêche se réorganise autour de communautés restreintes, spécialisées sur certains créneaux : vente directe de « poissons nobles ou d’extrême fraîcheur ‘, circuits commerciaux propres à  des espèces spécifiques.

Fin des années 80 : Redistribution des cartes sur l’échiquier européen avec pour mot d’ordre de réduire la surcapacité. Jeu des pouvoirs et des instances : les petits et gros bateaux des façades françaises sont mis dans le même moule réglementaire : on casse des pointus pour construire des chalutiers et des thoniers.

Années 90 : La Commission se penche soudain sur les techniques les plus artisanales de Méditerranée : hauteur des filets, taille des hameçons, mailles des filets Elle fait un amalgame des règlements des pays concernés et fixe des normes générales quels que soient la morphologie des territoires, la taille des communautés de pêcheurs, les conditions météorologiques, les usages et règlements locaux Règlement inapplicable et inappliqué face à  la diversité des rades et des baies, et à  ces conjonctions très particulières de l’homme, de ses techniques et de son champ d’action. Pêcheurs et prud’hommes se battent contre cette généralisation meurtrière : raisonnement par technique, par espèce, par biotope où l’homme n’a plus sa place. Ils se battent aussi pour ne pas travailler en fraude. Dans un milieu difficilement contrôlable, le braconnage est la pire des solutions. Pendant ce temps-là , l’écart se creuse entre grands et petits métiers qui travaillent pourtant sur des ressources et des zones communes.

Septembre 2006 : Le Conseil des Ministres européens doit voter la refonte de ce texte. Est encore prévue l’interdiction des filets à  thons, sous prétexte que les prises accessoires de mammifères, dans d’autres pays, sont inadmissibles. Laissera t-on une porte ouverte aux ganguis traditionnels de la Prud’homie de Toulon et à  leur juste appréciation de leur impact sur les herbiers ? Pensera t-on à  la hauteur de nos « battudes trémaillées ‘, ces filets mixtes qui permettent de prendre des poissons de passage sur des zones de pêche grandes comme des mouchoirs de poche ? Aura-t-on ajusté la taille des hameçons à  la gueule des poissons matures (dorade rose et espadon) ? Ce n’est pas faute de le dire, de sensibiliser politiques et scientifiques, de mobiliser la profession mais vient un temps où monter sur un tabouret pour se faire entendre à  Paris et à  Bruxelles nécessite trop d’argent, de disponibilité et d’organisation pour des marins-pêcheurs de métier. Vient le temps où les dirigeants doivent se pencher sur leur base pour comprendre ce qui marche bien, ce qui est porteur d’avenir, et voir précisément comment le soutenir Autrement l’Europe continuera à  se construire avec ceux qui ont les moyens de faire du lobbying : une Europe des grands intérêts financiers et non une Europe des régions spécialisées autour de leurs savoir-faire et de leurs terroirs spécifiques.

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L’administration des pêches : un enjeu territorial peu visible

L’administration du secteur de la pêche, par les pouvoirs publics, conduit à  des transformations généralisées et importantes de cette activité. L’administration « productiviste ‘ mise en œuvre depuis les années soixante, en Méditerranée, explique la fracture actuelle entre grands et petits métiers. Dans le contexte européen, la petite pêche devrait retrouver une place importante en contribuant favorablement à  la spécialisation touristique et résidentielle du littoral, mais les structures institutionnelles et les politiques sectorielles héritées de l’ancien modèle contrecarrent quelque peu cette nouvelle dynamique…

Pour lire la suite :

L’administration des pêches : un enjeu territorial peu visible (pdf – 88.7 ko)

Pour en savoir plus sur la méthodologie

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Sars à  la méchouïa de légumes

« Tu gardes tes poissons entiers avec les écailles, juste tu les vides. Une heure avant cuisson, tu les sales avec du gros sel. Tu les fais griller au barbecue s’il fait beau, ou sous la lèchefrites du four. Avec les écailles, ils gardent tout leur jus.

Pour la méchouïa de légumes, tu fais griller au four des tomates entières, des oignons coupés en deux, des poivrons rouges et un vert non pelés, une tête d’ail coupée en deux (dans la largeur des gousses). Les tomates, tu les sors en premier pour les peler ; ça cuit vite. Quand les poivrons sont noircis, tu les pèles. Tu appuies sur les gousses d’ail pour faire sortir la pulpe que tu écrases. Et tu mixes grossièrement l’ensemble avec de l’huile d’olive, du citron, du cumin. Il faut qu’il reste des morceaux. Juste avant de servir, tu rajoutes du sel et du poivre. N’oublies pas, le sel fait rendre l’eau aux tomates, alors ne sales qu’à  la fin.

Tes pommes de terre nouvelles, tu les frottes et tu les laves sans les peler. Tu les coupes en 4 ou en 8 dans le sens de la longueur, comme des quartiers d’orange. Tu les mets sur la plaque du four avec de l’huile, du gros sel, du romarin et des gousses d’ail entières. Tu les oublies, sauf que tu remues un peu de temps en temps. Tu sers avec le poisson et la sauce, et tu te régales ‘

Cette recette convient pour d’autres espèces que l’on fait griller.

Recette de Jeanne Davi, femme de pêcheur à  Sanary

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Le métier des verveux (capétchades ou trabaques) pour la capture des anguilles

La visite du filet, je la fais tous les jours. Quand tu visites les filets, c’est là  où y en a le plus que ça t’appelle. Si ça vaut vraiment le coup, tu changes tes filets ; là  où y en a le moins tu les enlèves et tu les mets là  où y en a le plus. Tu fais beaucoup ça au printemps, en été. A l’automne, tu le fais moins parce que t’es obligé de tenir les postes de pêche que tu as tirés au sort. Quand ça salit, tu es obligé d’en changer, de mettre du propre

Les autres filets, tu les cales en prévoyant ce qui va se passer, en prenant la météo, en sachant si ça va tourner à  la mer, si ça va tourner au mistral. Tu cales tes filets en te mettant sous le vent par rapport au temps qu’il va faire. Tu essaies de mettre tes filets avant qu’il fasse le temps parce qu’après, une fois qu’il fait mauvais temps, pour caler c’est difficile. Le reste de l’année, tu prends pas la météo, tu fais toi chaque jour ce que tu vois au niveau de la pêche.

C’est pas parce que tu vas tous les jours à  l’étang que tu pêches forcément mais tu peux être embêté par les crabes, par les méduses, ou parce que ça salit à  tout va et que ça t’empêche de pêcher.

Le tirage des postes est effectif du 1er juillet jusqu’au 31 janvier. Quand on tire les postes, les parties libres de l’étang, ne peuvent y caler que ceux qui ont tiré dans les postes de cet étang. Du 31 janvier au 1er juillet, c’est libre pour tout le monde. Quand tu te fais inscrire, tu t’inscris dans des étangs : l’Or, l’Arnel Tu tires un numéro dans l’étang que tu as choisi, puis on appelle chaque numéro pour tirer le poste. Chaque année on fait tirer les postes pour pas que ce soit toujours le même qui ait le meilleur poste ou le plus mauvais. On voudrait limiter le nombre maximal de postes dans les étangs. A l’heure qu’il est, y a pas de limitations. Bon, les types le savent. Quand on est 4 dans l’Arnel, le type va s’inscrire ailleurs.

Le mot scientifique c’est le verveux : verveux à  queue. La queue c’est la paladière. Le verveux pour eux c’est que le tour. Pour nous une capétchade c’est un tour et une paladière, c’est composé de 2 morceaux. La paladière c’est le « long ‘, c’est un mur en fait, c’est ce qui conduit le poisson dans le tour qui lui est constitué de 3 nasses reliées entre elles. Chaque nasse, ça fait comme une souricière, il y a des goulets qui vont en rétrécissant, ça fait que le poisson rentre mais il peut pas ressortir.

à‡a c’est la paladière avec des plombs en bas, des lièges au-dessus, 2 perches (des paous) au milieu, une perche à  chaque extrémité, 4 perches en tout. Tu la cales comme tu veux, tu en mets plusieurs, tu cales au milieu de l’étang, ou du bord en allant vers le large, et tu mets le tour au bout. En hauteur, ça fait une brasse : 1,75m. à‡a reste à  fond et ça flotte sur l’eau.

La nasse, « la couve ‘, est constituée de 3 morceaux : dans les deux premiers cerceaux du « devant ‘, le goulet est très ouvert ; les deux autres cerceaux du « milieu ou du mitan ‘, le goulet à  l’intérieur est déjà  un peu plus fermé que devant ; enfin le troisième morceau c’est le « derrière ou cul ‘ et le goulet à  l’intérieur est beaucoup plus serré que les autres. L’essentiel de la pêche se trouve dans le derrière. Y a toujours quelques crabes, quelques laisses , quelques joels dans le devant : les égarés qui sont pas allés jusqu’au bout.

La linière au-dessus, ça te sert de repères pour pas qu’il y ait de tours. Des fois ça se baoute avec le vent et le courant, ça prend un tour et le poisson il pourrait pas rentrer.

Si tu passes toute la nuit sans vent, qu’il fait bonasse, bonasse-plate,
tu peux pas faire une grosse pêche

La meilleure période c’est l’été avec le fond qui travaille, et l’automne avec le vent. Le champion c’est de se trouver sous le vent. Il faut caler où ça bouge le plus. à‡a trouble d’avantage, le poisson doit pas y voir, il est dévarié. Le courant, il vaut mieux que l’eau aille à  la mer pour pêcher que le rentrant. à‡a se passe avec le mistral, avec la tramontane, avec les vents du nord, de la terre, quand la lune est d’aplomb. Quand y a pas de vent, tu as tout de calé, tu visites et puis toute la nuit l’eau, elle a monté. Et si l’eau, elle remplit, et bien tu vas avoir une pêche très faible, par exemple 3 kg d’anguilles avec 20 capétchades de calées. Et si l’eau est allée à  la mer, il a pas fait mauvais temps mais tu vas avoir 10 kg, 12 kg. Parce que l’eau est allée à  la mer. Alors ça t’aide.

Si tu te trouves dans des parties d’étang où y a pas d’eau et que l’eau remplit, ça peut te faire pêcher. Là  où y a plus d’eau, tu pêcheras moins, parce que si tu ajoutes de l’eau là  où il y a déjà  de l’eau, ça te fait pas pêcher.

– Tu l’expliques comment ?

– Je constate, j’explique pas grand-chose

Tu peux avoir tout de calé, si ça en veut pas tu as que dalle : 2 kg, 5 kg et quand ça marche tu peux en avoir 400 kg, 150 kg, 80 kg. Moi j’en pêche pas tant, quand j’ai 150 kg je suis content, ça m’arrive pas souvent, le plus souvent, j’en ai 40, 50 kg, 30 kg Cette année, c’est une année qui est faible, j’ai fait moins de 3 tonnes. J’ai eu fait des années à  2 tonnes 5. Une année qui est bonne tu en as 5 tonnes, 4 tonnes, 3 tonnes 5. Le prix varie entre 5 € et 5,5 €.

Mettons que tu aies 24 filets, tu fais un roulement ; tu en cales 20, ou 16 quand la lune est pleine par exemple. En dehors de l’automne, ça peut varier d’avantage : entre 10 et 20.

En ce moment, je préfère avoir les filets à  terre car je sais que je vais rien pêcher. Si je les laisse dans l’eau, que ça descend à  -4, si ça dégèle avec du vent, je vais avoir des dégâts. Je peux me les faire manger par un rat ou un lapin mais ils feront pas un trou énorme. Quand je voudrai caler, ils seront secs. Il faut qu’ils sèchent sinon ça devient tout marron et ça s’incruste de plus en plus et ça pêche plus. Si tu attends trop, même en tapant, ça part plus après.

Quand il fait froid, les vertes([L’anguille passe de l’état larvaire (civelle) à  l’état adulte (anguille verte ou jaune). Elle se métamorphose (anguille « argentée ‘) lorsqu’elle dévale les cours d’eau pour retourner dans son lieu de reproduction dans la Mer des Sargasses)]. elles s’enterrent. Ce que tu pêches quand il fait froid, qu’il y a des coups de vent, c’est la fine, la fine elle s’en va. Ils ont pêché sur l’étang de Thau après qu’on a mis à  terre, vers le 19-20 janvier. Chez nous, le peu de fines qu’il y a, tu les pêches à  l’automne : du 15 sept à  fin novembre, des fois un peu en décembre mais pas beaucoup.

Quand les vertes ont hiverné dans la vase avec le froid, au carême des fois, comme ça a radouci, elles sortent pour manger.

Reportage avec Jean-Pierre Molle, pêcheur et prud’homme à  Palavas

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Las empresas atacadas en Argentina denuncian que « se sienten vapuleadas »

Sin una solucià³n a la vista. Las empresas gallegas que fueron atacadas hace una semana por obreros en huelga en Puerto Deseado, Argentina, aseguran sentirse « vapuleadas » y advierten que el conflicto « se està¡ envenenando ». La situacià³n, aseguran, « empeora » y declaraciones como las realizadas por el gobernador de la provincia de Santa Cruz, en las que avisaba a los empresarios espaà±oles de que la « colonizacià³n » se habà­a acabado, no contribuyen a aliviar tensiones…

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