Protéger la biodiversité est rentable, selon le rapport Teeb

Conduite sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), l’étude Teeb a été lancée par l’Allemagne et la Commission européenne en 2007 afin d’évaluer les répercussions économiques du déclin de la biodiversité. Un premier rapport publié en mai 2008 avait notamment permis de chiffrer le coà’t de l’inaction à  7% du PIB mondial à  l’horizon 2050. Le second rapport comprend 5 parties dont celle publié vendredi.

Il pointe quatre axes prioritaires d’action: la déforestation, la protection des récifs coralliens, les politiques de pêche et le lien entre la dégradation des écosystèmes et la pauvreté…

La nature a la capacité de fournir des prestations vitales, telles que la production d’eau douce ou la régulation du climat, pour un prix souvent inférieur aux investissements dans des solutions technologiques.’

Investir 45 milliards de dollars par an dans le développement des zones protégées sur terre et en mer permettrait d’assurer des bénéfices de l’ordre de 4 à  5.000 milliards de dollars par an après quelques dizaines d’années. Ce rapport ne présente toutefois pas une analyse systématique des bénéfices économiques de la biodiversité mondiale et des coà’ts liés à  sa perte, qui sera l’objet d’un prochain rapport…

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ASSISES DE LA MER : L’HORIZON EST ENCORE LOIN

… FNE est particulièrement préoccupée de voir que la question écologique n’a été abordée qu’à  la marge au regard des ambitions affichées en matière de développement des activités économiques. L’équilibre nécessaire entre les trois composantes du développement soutenable, social, économique et environnemental, ne paraît nullement respecté…

Pour Denez L’HOSTIS, responsable de la Mission Mer & littoral de FNE, « le gouvernement s’engage sur des pistes mal balisées. Ce que nous avons entendu ce soir nous laisse penser que la multiplication des ports de plaisance et de places pour les bateaux sera peut-être soumise à  une évaluation environnementale, mais en aucun cas limitée à  la capacité écologique du milieu. L’exploitation des ressources minérales ou biologiques nous est présentée comme allant de soi. Des mesures pour prévenir les impacts négatifs et des mesures de « compensation ‘ pourraient être mises en œuvre mais ce sera dans la mesure des moyens techniquement et financièrement disponibles, ce qui, dans certains cas, (le pétrole en zone polaire ou les minéraux des grandes profondeurs) ne saurait suffire à  rassurer les citoyens conscients des risques ‘…

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Grenelle de la mer : changement de cap ou simple coup de barre ?

Océans le 9 juin 2009

Aujourd’hui, les quatre présidents des groupes de travail du Grenelle de la Mer ont remis leur rapport au Ministre d’Etat, Jean-Louis Borloo. Un véritable dialogue a pu être engagé entre les parties invitées à  cette table ronde qui a débouché sur de nombreuses propositions des quatre groupes de travail. A ce stade, le Grenelle de la Mer aura surtout permis de poser un constat sur les menaces qui pèsent sur les océans, leurs causes et les solutions qu’il convient d’explorer de toute urgence.
Si le débat est ouvert, l’ambition d’un changement de cap avec une approche écosystémique et la prise en compte des services écologiques sont loin d’être atteintes.

De réelles avancées
Saluons de réelles avancées dans le domaine de la gestion intégrée des zones marines, de la nécessité d’outils d’urbanisme intégrant les zones marines et côtières, ou encore la priorité donnée à  l’assainissement des eaux des collectivités notamment en Outremer. La mise en place de projets pilotes de gestion concertée par pêcherie (Unité d’Exploitation et de Gestion Concertée), une méthode commune de définition des aires marines protégées et de réserves marines, ou une gouvernance adaptée à  l’approche écosystémique, par façade et/ou mers régionales, figurent parmi les propositions majeures. Cependant un accord sur des objectifs chiffrés concernant les aires marines protégées avec un calendrier et des étapes clefs manque encore. Ce qui reste inquiétant au vu du retard pris par la France dans la mise en place de ces dispositifs essentiels au maintien de la biodiversité.

Et des désaccords qui subsistent.
Par ailleurs d’importants points de divergences subsistent, s’agissant notamment de la régulation des activités humaines, de l’urbanisme, des industries, de la navigation, de la pêche (chalutage de grand fond) ou encore de la plaisance. Ces désaccords subsisteront tant que ne seront pas posés autrement et collectivement les fins et les choix d’une économie fondée sur le maintien ou l’accroissement de la disponibilité des services écologiques.

La France dispose du deuxième domaine maritime au monde, d’où sa responsabilité immense et son devoir d’exemplarité. Dès lors, une forte volonté politique devrait s’exercer dans les directions suivantes :
• Préservation des écosystèmes marins avec la création d’aires marines protégées dans la zone économique exclusive à  hauteur de 10% d’ici 2012 pour un objectif à  20% en 2020, des coopérations régionales, la protection de la Méditerranée, l’appui aux collectivités d’Outre-mers qui représentent 97% du domaine marin français ou celle de l’Arctique au moment où la fonte de la banquise s’accélère.
• Protection des espèces les plus menacées comme les grands prédateurs tels que les requins ou le thon rouge ;
• Lutte contre les pollutions et prise en compte des impacts des changements climatiques.

Le temps des arbitrages approche. Ils devront déboucher sur une refonte de la gouvernance des océans. Dans cette perspective, nous attendons du Ministre d’Etat Jean-Louis Borloo, qu’il jette les bases d’une vision stratégique, structurante et de long terme pour une politique marine ambitieuse, régionale et internationale de la France. Les ONG signataires: Bloom, Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace, UICN et WWF attendent donc des mesures courageuses à  l’issue de la table ronde de juillet.

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Projets d’autoroutes « atlantiques » entre la France et l’Espagne

Déclaration commune de la France et de l’Espagne sur deux projets d’autoroutes de la mer entre la France et l’Espagne. Le principe de ces autoroutes est de transporter des camions par navires, dans des conditions optimales de qualité de service, de régularité et de coà’ts. Cette démarche est exemplaire de la politique de report modal décidée par le Grenelle Environnement : faire évoluer la part du fret non routier de 14% à  25% d’ici 2020… soit un report modal de 100.000 poids lourds par an…
2 liaisons envisagées :
– entre le port de Nantes-Saint-Nazaire et celui de Gijon …
–  entre les ports de Nantes et du Havre et celui de Vigo, puis dans un second temps, celui d’Algésiras…
avec 8 départs hebdomadaires la première année, puis 14…
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Grenelle de la mer: ce qu’en attendent les acteurs

Dans quoi s’embarque le Grenelle de la mer? Les 4 groupes de travail aux intitulés parfois ésotériques (1), ont commencé à  se réunir à  partir du lundi 6 avril. Cette phase de concertation à  cinq « Etat, collectivités, associations, entreprises et syndicats » verra s’affronter, jusqu’à  fin mai, les visions et attentes des parties prenantes.

«Au-delà  des ONG, il n’y a pas de grande préoccupation environnementale dans les interventions des uns et des autres, indiquait François Chartier, directeur de la campagne Océan pour Greenpeace, après la réunion du 3e groupe de travail, lundi 6 avril, consacrée à  l’éducation environnementale. L’association craint que ce Grenelle, censé définir la stratégie nationale pour la mer et le littoral, ne soit qu’un forum où seraient «rediscutés des engagements internationaux déjà  pris par la France ()’. En la matière, la France devra d’abord écoper devant sa porte. «Un débat sur le retard français sur certains engagements internationaux serait utile pour faire avancer les choses, relève Laurent Lucchini, président du groupe 4 et professeur à  l’Institut du droit économique de la mer (Indemer) de Monaco. Il sera cependant nécessaire d’établir un recensement complet des textes qu’il appartient à  la France de signer, ratifier ou de mettre en œuvre. Concernant les textes communautaires, il conviendrait d’accélérer leur transposition dans les Etats membres, à  l’instar du paquet Erika III adopté en mars par le Parlement (2)’. «Balayons devant notre porte, plaide également Christian Garnier, vice-président de France nature environnement (FNE). On peut transformer en zone sanctuaire les eaux françaises, ce n’est pas ça qui sauvera la mer. Il ‘suffirait’ d’abord d’appliquer les traités internationaux’.

Pour l’association Robin des Bois, la priorité va à  une filière de démantèlement des navires. «Si nous n’arrivons pas à  l’imposer, nous considérerons ce Grenelle comme un échec, explique son président Jacky Bonnemains. Il s’agit là  d’un problème concret’. Sur ce sujet, l’association a le soutien de la CGT, pour qui c’est une «question phare’, selon Daniel Geneste, secrétaire général de l’Union interfédérale CGT des transports et coordinateur du Grenelle de la mer pour le syndicat.

Le sujet de la pêche sera plus compliqué à  aborder. Outre la création d’une réserve marine dans le Golfe du Lyon, Greenpeace souhaite un moratoire sur la pêche au thon rouge et un changement de politique de la gestion des pêches. Pas sà’r que le message soit entendu par les pêcheurs de Calais, Dunkerque et Boulogne-sur-Mer, dont l’intersyndicale a donné le la en déclenchant une grève mardi 14 avril dans les trois ports du Nord de la France pour obtenir une augmentation des quotas de pêches en 2009, pour la plupart déjà  épuisés. Le blocus a toutefois été levé jeudi, mais de nouvelles opérations ont repris vendredi suite au refus du ministre en charge de la pêche, Michel Barnier, de modifier ces quotas. En contrepartie, le ministre s’est engagé à  débloquer 4 millions d’euros d’aides et échanger des quotas avec d’autres pays de l’UE.

Une revendication qui tombe au moment où la Commission européenne doit présenter son livre vert pour la réforme de la politique commune de la pêche le 22 avril. Celle-ci vise notamment à  mettre un terme aux quotas de pêche trop généreux. La mesure phare de la réforme: remplacer les réunions annuelles des ministres nationaux par des comités d’experts ou des organismes régionaux, ce qui signifierait une allocation de quotas moins généreuse mais plus proche de la réalité des stocks…

Robin des Bois veut absolument «encadrer la pêche récréative’, afin de limiter les atteintes à  la biodiversité. Un sujet dont Jacky Bonnemains sait d’ores et déjà  qu’il va «générer des conflits’. L’association devra aussi rendre, au cours du mois de mai, un bilan sur les macro-déchets en milieu marin, commandé par le Meeddat après le Grenelle première édition.

Pour France nature environnement (FNE), un Grenelle de la mer ambitieux ne saurait uniquement se contenter de mettre à  l’eau une filière de démantèlement des navires, même si celle-ci est indispensable. FNE tient à  ce qu’émerge une véritable vision de la mer à  30 ans. Et met l’accent sur la prévention des pollutions du littoral dites telluriques, qui proviennent à  75% de l’agriculture, rappelle Christian Garnier, vice-président de la fédération. «Nous avons à  peine 2 mois devant nous, mais c’est exactement le même calendrier que pour le Grenelle’.

Les associations se disent confiantes, mais sont peu enclines à  s’enliser dans des comités opérationnels de suivi, tels ceux qui avaient succédé aux tables rondes du Grenelle de l’environnement. Elles auront fort à  faire pour que les engagements issus de ces Etats généraux de la mer ne soient pas trop dilués, alors qu’auront eu lieu un peu plus tôt les élections européennes, la table ronde sur les risques industriels, les hypothétiques examens des projets de loi Grenelle I et II au Parlement Sans compter que sur bien des sujets, la France risque fort de ne pas pouvoir agir uniquement à  l’échelle nationale. «Nous ne pouvons adopter seuls des textes à  portée internationale, admet Laurent Lucchini. Mais nous pouvons proposer des régulations sur le plan national à  la condition qu’elles ne soient pas contraires à  des engagements internationaux qui nous lient’.

(1) «La délicate rencontre entre la terre et la mer ‘ (groupe 1),«Entre menaces et potentiels, une mer fragile et promesse d’avenir’ (groupe 2), «Partager la passion de la mer ‘ (groupe 3) et «Planète mer : inventer de nouvelles régulations’ (groupe 4)
(2) Dans le JDLE «Le paquet Erika III définitivement adopté par le Parlement’

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Le Grenelle de la mer est sur les rails

Trois tables rondes devaient initialement se tenir le 10 juillet au Meeddm, pour faire le tour des 673 propositions relatives aux éco-systèmes marins, leur potentialité économique et leur fragilité écologique, sans compter les questions de gouvernance des activités en mer, la «délicate rencontre entre la terre et la mer’, la recherche, l’éducation, etc. Finalement, la première table ronde organisée, qui abordait les problématiques de la pêche, aura monopolisé les débats pendant de nombreuses heures, obligeant le ministère à  reporter au 15 juillet la dernière table ronde, qui abordera essentiellement les questions de gouvernance.

La journée du 10 a cependant permis de boucler certains dossiers, à  commencer par celui des énergies marines. Il a été décidé d’engager un plan Energies bleues, dont l’objectif est d’arriver à  produire 6.000 mégawatts d’énergies marines en 2020. Six projets pilotes ont été actés, qui couvrent les hydroliennes, la géothermie marine, les éoliennes flottantes, les pompes à  chaleur pour la production de froid en Outre-mer et deux projets houlomoteurs. Un appel à  projets sera également lancé avant la fin de l’année 2009 pour créer un centre d’essai de rang mondial sur le sujet.

Plus délicat, le sujet de la pêche durable a abouti à  la décision de poursuivre les débats à  la rentrée, pour faire des propositions concrètes lors des Assises de la pêche. Une mission a été confiée à  l’ancien ministre de la mer socialiste, Louis Le Pensec, qui aura pour tâche d’évaluer les conditions d’une gestion durable des pêcheries de grand fond et d’étudier les pistes de diversification et de reconversion des entreprises de pêche concernées. La création d’aires marines protégées est confirmée, notamment une de 700.000 kilomètres carrés autour des iles Marquises. Ces aires seront décidées et gérées par les différents acteurs, tout comme les zones de réserve de pêche intégrées à  ces aires marines protégées.

La pêche de loisir fera l’objet d’une charte, dont l’application sera évaluée durant deux ans. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, un permis de pêche sera alors instauré.

Enfin, la France s’est engagée à  soutenir l’inscription du thon rouge à  la Cites (1). La plupart des associations environnementales, dans un communiqué commun, saluent cette décision et insistent sur la nécessité d’inscrire le thon rouge dans l’annexe 1 de la Cites, qui correspond à  une interdiction de commerce international.
Par contre, elles se sont heurtées au ministre de la pêche, Bruno Le Maire, «dont les positions ne vont pas permettre une avancée significative vers une protection rapide de ces écosystèmes de grand fond’, indique Charles Braine, chargé du programme Pêche pour WWF France. Elles lui reprochent notamment de ne vouloir mettre un terme à  la pêche au requin taupe que par non-renouvellement des licences de pêche, «un délai qui conduira cette espèce à  l’extinction’, estiment les ONG.

Autre chantier délicat, le démantèlement des navires a fait l’objet d’une heure de débats pour arriver à  la décision de mettre en place une filière française de démantèlement avec un pilote unique. La France plaidera également pour une initiative européenne, et au plan international, afin de relever les normes de démantèlement internationales.

Sur l’aspect ports et navires du futur, les ports offshore seront étudiés, et les ports actuels seront équipés d’outils de gestion des déchets, des eaux usées et des raccordements électriques que les bateaux seront obligés d’utiliser. Des missions vont être lancées pour étudier de nouveaux modes de propulsion des navires, comme le bateau cerf-volant, le bateau solaire, ou encore la pile à  combustible. La réglementation sera adaptée pour permettre le pescatourisme, c’est-à -dire la possibilité pour les pêcheurs professionnels d’embarquer des touristes à  bord de leurs bateaux.

De nombreux consensus ont émergé sans trop de difficultés au sujet des transports. Il a par exemple été décidé de proposer un objectif mondial de réduction des gaz à  effet de serre du transport maritime, et de faire inscrire la Méditerranée comme zone de contrôle des émissions du souffre des navires, en tenant compte du cabotage. Afin de lutter contre les dégazages, un marquage des hydrocarbures sera testé durant l’année 2009.

Du côté de la gestion internationale des espaces marins, la France lancera une initiative de type G20 pour lutter contre les pavillons de complaisance (2) et portera la reconnaissance juridique du préjudice écologique. Elle s’est également prononcée pour une initiative européenne contre l’exportation des navires hors normes vers les pays du Sud.

A la sortie de ces premières tables rondes, les différents acteurs ont exprimé leur satisfaction d’avoir trouvé des solutions à  des problèmes que Jean-Louis Borloo a qualifiés de «vastes, complexes et délicats’. Sur les sujets d’ores et déjà  validés, il a annoncé la création rapide de Comop (comités opérationnels), pour que les propositions retenues puissent prendre forme d’ici quelques mois.

(1) Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
(2) Dans le JDLE «Grenelle de la mer: plongez-vous dans les 500 propositions’

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Grenelle de la Mer : vers une politique maritime intégrée

Principaux résultats :

Le «Conseil National des bassins hydrographiques, du littoral et de la mer, de l’Archipel France‘ remplacera l’actuel Conseil national de la mer et du littoral. Composé des 5 collèges (élus, entreprises, syndicats, ONG, Etat), il sera chargé du suivi du Grenelle de la Mer et sera garant des politiques intégrées « des bassins hydrographiques au littoral et à  la haute mer. La publication d’un rapport annuel au Parlement est également prévue…

Autre engagement fort: la réduction de 40% des rejets de nitrates et de phosphates pour la période 2012-2014, sur des zones spécifiquement touchées par l’eutrophisation (algues vertes, plancton toxique). Des enquêtes seront menées sur ces bassins afin de déterminer les sources des pollutions (agricoles, urbaines et industrielles)…

Alors que 80% des déchets en haute mer proviennent de la terre, un vaste plan de réduction des déchets flottants a été annoncé. Il inclura des obligations de tri des macrodéchets dans les sédiments, la suppression des points d’accumulation des déchets dans les cours d’eau via les Schémas d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) et les plans départementaux des déchets ménagers, la multiplication par 5 de la capacité de ramassage de déchets par les pêcheurs d’ici 2012 via les «contrats bleus’ (soit un objectif de 5.000 tonnes par an), la sensibilisation des citoyens sur l’impact des lâchers de ballons collectifs et des filtres de cigarettes ainsi que l’interdiction des rejets de déchets en mer par les navires.

Concernant les sédiments de dragage des ports et estuaires dont 70 millions de tonnes sont rejetés tous les ans dans l’Atlantique (pratique du «clapage’), l’engagement a été pris de traiter à  terre les plus pollués et de développer les filières de tri et traitement…

La création d’une trame bleu marine sur le modèle de la trame verte et bleue, un plan «France-Estuaires 2015′, la couverture des régions littorales par des Schémas de cohérence territoriale (SCOT) d’ici 2015 et le rapprochement de l’Agence des aires marines protégées et du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres figurent parmi les autres propositions de la table ronde. Jean-Louis Borloo a annoncé qu’il mènera une «croisade verte’ pour nettoyer «les 40.000 points noirs des bordures de rivières‘.

Autres mesures, le développement du pescatourisme (l’embarquement de touristes à  bord de bateaux de pêche), l’objectif «zéro rejet en mer’ par les bateaux de plaisance ou encore l‘interdiction des scooters des mers débridés.

L’encadrement de l’aquaculture a également été au cœur des débats. Réduire l’utilisation des farines et huiles de poissons marins dans l’alimentation animale de 80% en 2020 et l’écolabellisation de 25 % des produits d’aquaculture en 2015 sont ainsi prévus.

L’objectif «zéro rejet urbain non traité en mer en 2030‘, obligation réglementaire de la directive sur les eaux résiduaires urbaines (ERU), est réaffirmé. Un budget de 400 millions d’euros sera alloué à  Mayotte, notamment pour le développement des systèmes d’assainissement.

A l’échelle internationale, l’idée d’un système de surveillance et de contrôle des activités marines («casques bleus des océans‘) sera promue par la France. «C’est une mesure essentielle, que nous défendons depuis la catastrophe du Prestige, car la protection des océans représente un enjeu aussi crucial que le climat’, souligne le représentant de FNE.

A l’échelle nationale, une meilleure coordination des polices de la mer et du littoral ainsi que la désignation de tribunaux spécialisés sont prévues.

Côté financement, les deux pistes principales évoquées seront étudiées sur la base de comparaison internationale par un groupe de travail qui rendra ses conclusions dans 6 mois. Les redevances liées à  l’usage de la mer, comme l’implantation d’éoliennes ou la pose de câbles optiques pourraient ainsi être augmentées. La seconde option portera sur la tarification du transport maritime y compris via un signal prix carbone. Un fonds national pour gérer les déchets flottants pourrait également être constitué…

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Rapports et synthèses du Grenelle de la mer :

Rapport GT1
Rapport GT2
Rapport GT3
Rapport GT4
Synthèse Rapport GT1
Synthèse Rapport GT2
Synthèse Rapport GT3
Synthèse Rapport GT4

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Gestion des palourdes et coques dans la rivière de Pont-L’abbé (suite)

Une gestion « à  vue », au plus près de l’évolution des écosystèmes : les pêcheurs professionnels ont observé que la taille des coques et palourdes diminuait, ils ont donc décidé un « repos biologique » par la fermeture de deux parties du banc de la rivière : l’Ile Chevalier et l’Ile Tudy…

Article précédent : Réussite d’une gestion de gisements classés de coques et palourdes : rivière de Pont-L’abbé, Sud-Finistère

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Pêche dans le Golfe du Lion : une série d’articles sur Midi Libre…

Franc-Parler : … Pêcheur conchyliculteur, ancien prud’homme, Alain Cabrera pêche depuis l’âge de 14 ans…. « L’étang, il est à  tout le monde et à  personne. Il faut donc que tout le monde rame dans le même sens : bassin versant, pêche, plaisance, tout est lié. ‘ Et tout miser sur le milieu : « L’étang est une nurserie, une frayère, qui irrigue la Méditerranée. ‘ …  » Si les prud’homies disparaissent, il n’y aura plus de pêcheurs. ‘ Alain Cabrera voit trois priorités : « Préserver l’étang des lots de coquillages contaminés ; revenir au travail des fonds à  la drague pour les plan coquillés et enfin prendre en compte la pollution en hydrocarbures du port de Sète. ‘

On ne peut dire à  un type : « va travailler à  terre ‘ Henri Gronzio, Président du Comité régional des pêches… Regardez les thoniers : le quota accordé ne pourra permettre de maintenir la flotte. Du coup, certains ont déjà  exprimé leur volonté de se reconvertir, mais comprenez bien que cela ne peut se faire qu’à  condition de ne pas faire de mal aux autres segments de la pêche. Il ne peut y avoir de reconversions sauvages… On voit aujourd’hui des matelots de thoniers qui veulent aller sur la petite pêche à  l’étang. Certains veulent passer en force mais il faut bien gérer cela. Et pourtant, comment dire à  un type d’aller travailler à  terre ? Les patrons thoniers souffrent, leurs matelots aussi, mais il y a aussi les chalutiers pélagiques qui, du fait de l’absence de poisson bleu, sont désormais menacés… Notez bien que jusque-là , les thoniers avaient pris l’habitude de traiter directement avec Paris. Comment les pêcheurs peuvent-ils nous en vouloir aujourd’hui ?… On vient régulièrement me voir pour que j’appose mon avis à  une demande de PPS (permis de pêche spéciaux régissant par exemple l’infime quota de thon pouvant être pêché à  l’hameçon). Que voulez-vous que je fasse ? Que je le refuse à  l’un pour l’accorder à  un autre sous prétexte que sa tête me revient ? Impossible. Je mets « favorable » à  tout le monde, et ça part à  la Direction des pêches. Qu’ils se débrouillent avec leurs incohérences… Et c’est pareil pour le lamparo (senne coulissante utilisée pour pêcher le poisson bleu). Le passage de certaines grosses unités à  ce type de pêche a été refusé par la commission chargée de trancher. Mais comment empêcher un pêcheur de vouloir gagner sa vie ?…

L’équilibre est fragile. Pierre d’Acunto président de l’Association méditerranéenne des organisations de producteurs… Il a sa petite idée sur ce qui menace, peut-être plus encore que le fioul, la flottille de chalutiers : la rupture d’un équilibre fragile entre les différents segments de la pêche méditerranéenne. « Celui qui est le moins endetté s’en sortira… Mais il faudra faire avec la mévente du poisson et, surtout, le transfert de certains armements d’une activité sur l’autre. On a vu que, faute de poisson bleu, pas mal de pélagiques se sont rabattus sur le filet de fond. Et quand j’entends que des thoniers de 35 à  40 m veulent se mettre au lamparo … Je comprends ces patrons mais si la Direction des pêches ne fait rien, l’équilibre sera rompu. ‘ Une menace qui, pour l’ancien prud’homme, pèse aussi sur les petits-métiers, activité qui reste très attractive pour les matelots débarqués de grosses unités. Du coup, plus que jamais, « c’est chacun pour sa poire… ‘. Même si cette année, les chalutiers, grands consommateurs de gazole, ont vu leurs charges diminuer sur ce poste (le litre est tombé à  0,40 € alors qu’un chalutier en engloutit de 1 500 à  2 000 par jour), ils n’ont néanmoins pas pu se remettre à  flots. La raison ? L’effondrement du prix du poisson : la dorade de 200 g vendue 2 € le kilo en criée, le merlan, payé 6 € en 2007, tombé à  3 € quelques mois plus tard…

Je savais que ça ne durerait pas
… Comme son père, son grand-père, ses oncles, Alain Laplace a arpenté mer et surtout étang pour subsister. Quand il parle lagune, c’est du vécu. A ses côtés, son fils Cyril, petit-métier de l’étang depuis une douzaine d’années… « Au début des années 1970, 600 pêcheurs travaillaient sur l’étang… autour de Roquerols, 30 types pêchaient à  l’arseillère ‘… Alain, préférait pêcher en apnée les palourdes et caler quelques filets : « à‡a faisait vivre son homme, ça, les palourdes, comme les huîtres plates pêchées à  la drague » Tous les jours, il plongeait sur des fonds de 2 à  11 m, de 10 h 30 à  15 h. En 4 à  5 heures, il sortait 30 kg de palourdes, cinq jours sur sept… Avec son fils, ils ont pêché au palangre, à  la mer, puis sur l’étang. « Car à  la mer, c’est encore plus dur. On n’y va qu’après les gros coups de sud »… Alain se fait du souci pour lui. Il y a dix fois moins de poisson qu’avant. Alors certes, il y a bien les palourdes, que Cyril plonge en libre : « Mais il y en a peu et quand il y en a, il n’y a pas les prix… ‘ Quant à  commercialiser par d’autres voies que les circuits traditionnels, dont la criée, père et fils ont du mal à  y croire : « Quand tu as 20 kg de poisson, tu seras peut-être content de vendre en direct, à  bon prix. Mais comment tu fais quand tu en pêches 400 kg ? ‘… « Pendant ce temps, des chalutiers sont propulsés par des moteurs développant deux fois 900 cv. Avec les 450 cv règlementaires, leur hélice ne tournerait même pas. Et ceux qui enlèvent leurs balises pour chaluter dans les 3 milles ? Et je vais vous dire : c’est pas fini… ‘

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Une thèse universitaire révèle une modification de la faune du golfe de Gascogne

Une forte progression des poissons et mammifères marins d’eau chaude, comme des dauphins ou des maquereaux. Une forte baisse des espèces affectionnant l’eau froide, à  l’image des merlus ou des crevettes grises. Tel est le constat sans appel d’une thèse universitaire présentée ces jours-ci à  la faculté des sciences de Montaury, à  Anglet.

« Certains spécimens comme les pingouins ou les orques ont quasiment disparu du golfe de Gascogne ‘, confirme Iker Castège, l’auteur de ces travaux, qui observe la biodiversité sur nos côtes depuis une dizaine d’années…

La main de l’homme – sous-entendu les conséquences de la pollution, mais aussi l’effet de la pêche -ne compte que pour partie dans les importants changements en cours dans le golfe de Gascogne. Le moteur essentiel des modifications observées est incontestablement le facteur climatique…

Pour étayer son analyse, Iker Castège a croisé des données recueillies sur les trois dernières décennies…

Outre la présence des cétacés, les analystes recueillent de précieuses données à  partir des peuplements d’oiseaux, d’ excellents indicateurs sur l’abondance et la qualité des espèces sous-marines… « Un oiseau comme l’océanite tempête, une sorte de petit albatros qui avait la particularité de venir se reproduire sur les rochers de Biarritz, est en nette régression… On assiste d’ailleurs globalement à  une perte de biodiversité en raison d’une plus grande déperdition d’espèces d’eau froide que d’arrivées d’espèces d’eau chaude. ‘

…Cette mutation de la faune dans le golfe de Gascogne s’est accélérée depuis une vingtaine d’années environ. « Il est assez exceptionnel de mesurer des changements aussi rapides sur une période aussi courte à  l’échelle de la longue histoire de la climatologie. ‘

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