Une association écologique a réclamé vendredi l’interdiction des activités de tourisme aquatiques sur la partie classée du Verdon afin de protéger un poisson rare en voie d’extinction, l’apron, dont cette rivière constitue l’un des derniers refuges et habitats.
« Nous demandons un arrêté afin d’assurer la conservation des biotopes nécessaires à la survie de l’apron, espèce protégée, dans le Verdon avec l’interdiction des activités nautiques de la Clue de Chasteuil au pont du Galetas », a expliqué à l’AFP Robert Ferrato, président de l’Association de protection des lacs et sites du Verdon.
L’apron, protégé par la Convention de Berne et qui figure sur la liste des espèces protégées menacées d’extinction en France, présente « un grand intérêt scientifique et écologique », selon M. Ferrato.
Robert Ferrato, militant écologiste à la pointe du combat qui avait mis fin en 2006 au projet de ligne EDF à très haute tension dans le Verdon, a écrit au ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo ainsi qu’aux préfets des Alpes-de-Haute-Provence et du Var, pour leur demander d’agir.
Le préfet des Alpes-de-Haute-Provence avait déjà pris un arrêté de biotope le 16 décembre 1986 pour préserver l’apron sur une partie de l’Asse, souligne M. Ferrato.
Dans sa lettre, il cite le contrat de rivière Verdon signé en 2008 entre les collectivités publiques, l’Etat, l’Agence de l’eau et EDF, selon lequel les activités aquatiques (canyoning, rafting, hydrospeed, pédalos…) bouleversent l’équilibre écologique du site en attirant des milliers de touristes, soit quelque 35.000 personnes de mai à octobre, selon M. Ferrato.
La création de barrages sur le bassin versant du Verdon dans les années 1950, « a bouleversé sa fréquentation touristique », selon le texte du contrat de rivière: « Vingt ans après les mises en eau, celle-ci a considérablement augmenté. Certaines communes comme Castellane par exemple voient leur population multipliée par dix en période estivale ».
« La région du Verdon ne peut accueillir un tel flux saisonnnier », ajoute le contrat, « la conséquence directe est la dégradation des sites qui ne sont pas adaptés à une telle surfréquentation ».
Pour M. Ferrato, « le canyoning sur le Verdon, tel qu’il est pratiqué actuellement, a des impacts négatifs sur les milieux naturels et les espèces animales et végétales ».
Il cite une étude d’impact de l’Agence de l’eau recensant 24 sociétés proposant des activités aquatiques entre Castellane et Moustiers et 45 guides indépendants. Selon lui, ces « professionnels du tourisme vert alléchés par des revenus plus que conséquents » amènent « plusieurs milliers de touristes en période estivale dans une réserve de pêche ».