La taramea a la forme d’un disque rouge gros comme le poing surmonté d’épines. En un an, elle peut dévorer entre 5 et 10 m2 de coraux, qui mettront des années à se reconstituer. La prolifération des «tarameas’ s’ajoute aux autres périls, comme le réchauffement climatique ou la pollution, qui s’attaquent aux récifs coralliens…
Précautionneusement (la bête est venimeuse), le plongeur enfonce l’aiguille en plein disque et y injecte quelques millilitres de bisulfate de sodium. L’opération est répétée en trois autres endroits. Deux heures plus tard, la mangeuse de corail aura rendu l’âme.
«Depuis trois ans, il y a une explosion de tarameas en Polynésie française, explique élodie Lagouy, consultante en biologie et coordinatrice de l’association Reef Check en Polynésie. Ce sont des habitants habituels des récifs, mais à trop forte concentration, elles représentent une grave menace.’ En un an, chacun de ces échinodermes peut dévorer entre 5 et 10 m2 de coraux qui mettront des années à se reconstituer. Dans les années 1960, au nord de la grande barrière de corail d’Australie, 80 % du récif avait été ainsi détruit.
Selon élodie Lagouy, l’explosion actuelle des tarameas en Polynésie française pourrait être due à la surpêche de ses prédateurs (les mollusques de type triton et certains poissons). Pour limiter les dégâts, elle sensibilise la population et organise des opérations de ramassage. En outre, 17 clubs de plongée ont été équipés de kits d’injection létale afin d’éliminer les tarameas vivant plus en profondeur. Le programme est financé en partie par la fondation Rip Curl Planet et le WWF. Environ 3 500 individus ont déjà été éliminés, estime élodie Lagouy…
Réchauffement des océans, catastrophes naturelles (cyclones, tsunamis) et, bien sà’r, facteurs locaux (aménagement incontrôlé du littoral, déversement d’eaux usées, surpêche, etc.) : de multiples causes peuvent mettre en péril le fragile équilibre des récifs coralliens.
Dans le monde, 54 % d’entre eux sont menacés, selon le dernier bilan de l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (Icri). Surtout, 15 % de ces précieux écosystèmes pourraient disparaître dans les dix ou vingt prochaines années, notamment dans les Caraïbes et en Asie du Sud-Est.