90% des anchois péruviens destinés aux farines animales

Reportage audio à  Terra Madre 2012 :

Anchois Pérou – L’Encre de Mer

Les cochons en mangent certes plus que les humains : « l’anchoveta » du Pérou entre pour un tiers dans la fabrication des farines animales mondiales qui engraissent nos porcs et nos poissons d’aquaculture. Près de la moitié de la population péruvienne est pauvre mais elle se prive pourtant de cet apport protéiné, riche en oméga 3.  Les Péruviens pensent que l’anchois n’est qu’un poisson propre à  nourrir les cochons, et puis le nombre de jours de pêche a été réduit à  48 jours par an pour protéger cette ressource. Résultat : les principaux armateurs ont décuplé leur armement afin de maximiser leur pêche pendant ce « quota de jours » imparti, tandis que les petits pêcheurs se sont vus privés de leur ressource vivrière pour les 317 jours restants de l’année…

Professeur en biologie marine (university of Cambridge), Patrica Majluf, distinguée par les plus hautes reconnaissances existant en matière d’environnement (Charlotte Wyman award for Women in Conservation, Lindbergh award, Whitley Gold award, Guggenheim, Fellowship et Marlin perkins’ Conservation award), a démissionné en mai dernier de son poste de vice-ministre de la Pêche du gouvernement péruvien, en dénonçant la « corruption et les  irrégularités ».

Fondatrice et directrice du Centre pour le Développement Durable – Centro para la Sostenibidad Ambiantal – CSA Universidad Peruana Cayetano Heredia, de Lima – elle s’est engagée pour la réappropriation, par les populations péruviennes les plus démunies, de cette source de protéines détournées au profit des multinationales. Une réappropriation qui va de pair avec la gestion de la ressource :

La richesse de l’anchois le long des côtes péruvienne et chilienne est due au courant de Humbolt, originaire de l’Antarctique, et de ce fait riche en plancton. En 1970, déjà , alors que la  (sur)pêche se montait à  plus de dix millions de tonnes par an, la ressource s’était brutalement tarie. L’événement El Nià±o de 1972 avait réchauffé les eaux côtières et précipité la chute du stock d’anchois qui mettra plus de dix ans à  se rétablir. Aujourd’hui, les chercheurs de l’IMARPE  et de l’IRD pointent à  nouveau du doigt  la véritable « bombe à  retardement ‘ pour le secteur de la pêche au Pérou, qu’est le nouveau risque d’effondrement de la ressource. 

 

 

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