Opération anti-pollution en Méditerranée: deux navires en flagrant délit

… « Chaque année, 150.000 tonnes sont rejetées en Méditerranée… c’est l’équivalent de dix Erika et de deux Prestige »…
Selon la préfecture maritime, 250 pollutions orphelines dont 180 d’hydrocarbures ont été dénombrées en 2008 en Méditerranée. Pour 2009, le décompte révèle 190 pollutions dont 100 d’hydrocarbures. Dans l’ensemble des eaux françaises, ce sont entre 350 et 450 pollutions qui sont enregistrées et entre 6 et 10 flagrants délits constatés….
Depuis 2003, la justice a condamné douze armateurs à  des amendes avoisinant 5 millions d’euros. Trois dossiers sont actuellement en cours d’instruction. Le 2 septembre, le tribunal correctionnel de Marseille a condamné à  600.000 euros d’amende le capitaine et l’armateur de l' »Eurika » pour un déballastage sauvage au large de Porquerolles.
Pour les deux navires concernés, les déballastages auraient eu lieu pour l’un à  180 km au sud de Toulon, et l’autre la nuit entre Toulon et le Cap Corse…
NDLR : les hydrocarbures détruisent la biodiversité planctonique qui est à  la racine de la vie marine.
Pour en savoir plus sur le plancton
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Pour une intégration des Prud’homies dans le système national de représentation professionnelle par les comités des pêches

« Longtemps écartées de la représentation professionnelle pour cause de productivisme dominant, les Prud’homies de pêche de Méditerranée attendent de leur Ministre de tutelle d’être intégrées en tant qu’organisations qualifiées siégeant de droit dans les comités des pêches.

Par leur gestion des pêches et des territoires, les Prud’homies on su maintenir l’activité artisanale des communautés de pêcheurs tout au long du littoral et s’inscrire dans l’avenir en participant à  la valorisation littorale de régions spécialisées dans des fonctions touristiques et résidentielles.

Par ce moyen, il sera enfin possible de relier les gestions locales aux décisions prises aux niveaux national et européen. »

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filigrane de l’espace

Ridée la mer d’Est sous les nuages,
rayées les feuilles agitées du palmier,
quadrillées les immeubles résidentiels qui surplombent la baie,
élancées les tiges touffues des cyprès,
morcelées les écailles des grands pins,
filigrane de l’espace hachuré, découpé sous nos regards pressés,
l’hiver à  pas comptés infiltre la douceur automnale.
Secrètement, les bà’ches de l’âme se consument
et leur chaleur conjuguée aux pâles rayons qui s’infiltrent
redonne vigueur aux déliés d’une plume
trempée dans l’eau de mer.

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Règlements commentés de la Prud’homie de Saint-Raphaêl

Dans les règlements de la Prud’homie de pêche de Saint-Raphaêl, l’on peut observer les points suivant :

1°) Il s’agit d’une décision démocratique concernant la pêche sur un territoire bien délimité et qui concerne tous les pêcheurs travaillant sur la zone : la communauté de pêcheurs concernée mais également les pêcheurs étrangers à  la prud’homie.

2°) Une dynamique de « partage » au sein d’une flottille qui doit rester artisanale et relativement homogène : répartir l’exercice de la pêche sur le territoire et éviter les conflits :

* les engins autorisés sont listés, les « grands métiers » n’ont pas cours car le chalutage est interdit au même titre que les arts trainants (les grandes sennes ne sont plus utilisées depuis longtemps, ou alors de façon très ponctuelle), les limitations de capture empêchent le développement de techniques intensives spécialisées et incitent à  la polyvalence des pêcheurs pour des techniques diversifiées,

* l’intensité de capture est plafonnée par bateau (longueur totale des filets utilisés, nombre maximal de casiers ou d’hameçons pour les palangres) et par métier,

* certains métiers exercés sur des postes de pêche bien identifiés donnent lieu à  un tirage au sort entre les patrons pêcheurs lorsqu’ils sont en compétition pour les mêmes postes. Les pêcheurs régulièrement embarqués sont prioritaires sur les autres. Le calage se fait perpendiculairement à  la côte pour ne pas gêner les autres postes,

* les engins sont signalés et identifiés par des signaux visibles et marqués au nom du bateau,

* certains engins plus dépendants des conditions spatio-temporelles (filets de postes, petits filets dérivants…) sont prioritaires sur d’autres,

* pour certains métiers, une distance dans le calage des engins doit être respectée afin de ne pas gêner l’efficacité du piégeage,

3°) Un développement « durable » pour assurer dans le temps la vie de la communauté de pêcheurs : préserver le renouvellement de la ressource sur le territoire :

* l’intensité de capture est plafonnée globalement (longueur totale des filets utilisés, nombre maximal de casiers ou d’hameçons pour les palangres) et par métier,

* sont protégés, par des règlements, les zones de frayères des rascasses, les langoustes et homards grainés, les juvéniles (taille minimale des mailles et hameçons),

* sont plafonnés les temps de trempage des engins dans l’eau afin d’éviter le rejet inutile de captures qui seraient abimées

* des périodes de pêche sont prévues pour certaines pêches côtières afin de laisser reposer les fonds.

Remarques :

– Ce mode de développement permet à  une communauté de pêcheurs artisans de vivre de la pêche à  partir d’un territoire car les produits sont directement valorisés sur un marché local bien achalandé. Cette dynamique fondée sur la diversité des techniques exercées par des pêcheurs polyvalents, les limites d’absorption du marché local et la gestion collective de l’activité sur le territoire font que les pêcheurs ne cherchent pas à  maximiser leurs captures jusqu’aux limites du territoire. Leur objectif est « de bien en vivre et en laisser à  leurs enfants » ; ils peuvent laisser reposer leurs pierres ou les espèces par des pratiques alternatives ; ils peuvent gérer individuellement leur activité sans se sentir lésés par les autres…

– Il s’intègre relativement à  la spécialisation touristique et résidentielle des communes concernées, et de la région en général. Le petit port de pêche et le marché local situés en plein coeur de la vieille ville de Saint-Raphaêl contribuent à  l’animation portuaire tout en donnant un ancrage culturel au site. La Prud’homie tente de préserver le renouvellement des ressources et de maintenir les conditions d’exercice dans la bande littorale malgré l’explosion des activités nautiques (25000 bateaux de plaisance dans le Var et 250 pêcheurs professionnels), de la pêche récréative et de la plongée. Ce faisant, elle contribue fortement à  la valorisation littorale (création d’un cantonnement de pêche interdit à  toute pêche professionnelle et récréative, participation aux sites Natura 2000…), à  la conciliation des usages (plan de gestion varois, commissions nautiques portuaires…).

Ce modèle a t-il des fragilités ? Tant que la réglementation se fait par le haut, il est difficile de prévoir les prochaines mesures… Déjà , la déréglementation du chalutage qui peut se faire à  1,5 milles des côtes lorsque le plateau continental est étroit (mesures techniques en Méditerranée 2006) expose les fonds de la prud’homie à  des incursions intempestives. La Prud’homie a interdit le chalutage sur son territoire mais quels moyens de contrôle sont mis en place pour surveiller ce territoire spécifique ? Si des droits de pêche devaient être conférés à  de grands armements (senneurs…) ou des techniques intensives, la question se poserait à  nouveau pour ce type de flottille dont l’impact environnemental pourrait être fort préjudiciable à  ce petit « jardin » cultivé depuis des décennies par les communautés de pêcheurs artisans.

Ce modèle serait-il généralisable à  l’ensemble de la Région ? Fruit du hasard, de l’histoire et des conditions environnementales, cette Prud’homie « colle » avec la réglementation européenne actuelle qui « tombe » d’en-haut : peu de pêcheurs à  la thonaille à  reconvertir, pas de petits engins traînants à  justifier et organiser en plan de gestion, des tailles de mailles et d’hameçons qui correspondent peu ou prou… Par ailleurs, les caractéristiques de cette Prud’homie ne sont pas directement transposables : une flottille homogène avec l’absence de « grands métiers », un littoral relativement étendu par rapport à  la communauté de pêcheurs qui a permis de « geler » une zone en cantonnement de pêche et de limiter par là -même la pression de la pêche récréative, une côte un peu moins ventée que dans d’autres prud’homies exposées au mistral, un marché local constant… Une gestion régionale des pêches, cohérente avec une spécialisation orientée vers des fonctions touristiques et résidentielles, se fera avec les communautés de pêcheurs, au cas par cas, et non en vertu de pourcentages globaux et de mesures généralistes.

Pour lire les règlements :
règlementation prud’homale st raphael

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temps calme, mer belle, peu agitée

La chatte ce matin est au centre du monde,

sur la table, perchée,

coup de langue vigoureux sur sa patte allongée,

surveille d’un côté le ciel étiré sous les teintes de parme et de rosé,

regard avisé sur ses pensionnaires attablés,

se lève à  mon approche en quête, oui bien sà’r,

de caresses et d’assise où se lover,

ronronnant,

les pattes repliées sous son doux pelage,

les griffes par moments acérées, mais point trop,

ce serait la rupture,

sans discussions,

sans solutions.

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Temps calme, mer belle, peu agitée…

c’est le temps des dorades – royales of course –

levée mirifique de la calée, panachée de grands sars et de quelques marbrés,

au goà’t sauvage de la marée.

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« Le langage des signes ‘

Les articles économiques : « Logique industrielle – logique artisanale : quelle différenciation » et « L’administration des pêches : un enjeu territorial peu visible » ont été rédigés à  partir d’une analyse originale des pêches(Programme Pilote de Gestion. Etude IFREMER J. Bertrand, H. Rey, J. Catanzano, E. Tempier – 1993) qui met l’accent sur les dimensions qualitatives de ce secteur d’activité (le rapport aux hommes, aux territoires) et pas seulement sur les quantités pêchées. Cette étude s’inspire d’une méthode élaborée par César Centi en économie du travail(César Centi : « Critique du marché du travail. Fondements d’une économie politique comme science pratique » Thèse d’Etat 1991, CERS, Faculté économie, Université Aix-Marseille II) et fondée sur le « langage des signes ‘ ([Charles Peirce : Ecrits sur le signe, rassemblés traduits et commentés par G. Deledalle, Paris, Le Seuil, 1978)].

C’est ainsi qu’un même poisson prend un sens différent selon l’exploitant :

Objet matérialisé, présent dans la mer pour l’exploitant d’un grand métier. Ce poisson en tant qu’objet est susceptible d’être capté à  l’aide d’un chalut ou d’une senne.

– Animal considéré à  partir de son comportement (le poisson en acte) pour l’exploitant d’un petit métier qui cherche à  le piéger à  l’aide d’engins passifs, ou d’engins actifs de faible envergure.

Espèce capable de croître et de se reproduire selon certaines règles biologiques (le poisson en tant qu’interprétation) et susceptible d’être élevée et reproduite à  l’aide d’un dispositif, pour l’aquaculteur.

En référence à  la sémiotique de Peirce fondée sur la logique, il y a donc trois formes de signes de trois dimensions :

– la forme objet en tant que telle (dimension un),

– la forme acte (une mise en œuvre de quelque chose, dimension deux),

– la forme interprétant (une mise en œuvre en référence à  une loi, un code, dimension trois).

Les pratiques économiques sont considérées à  partir de leur construction formelle (objet, acte, interprétant) et non en référence à  des concepts donnés une fois pour toutes, dont l’inconvénient est de « figer ‘ un monde social en perpétuel mouvement.

Les pratiques économiques sont identifiées et agencées à  partir de :

– leur différenciation formelle. Comme il y a trois formes de poissons, il y a trois formes d’acheteurs, de produits

– leurs décompositions formelles successives. Chacune des formes d’exploitation technique (captation, piégeage, élevage) est à  nouveau décomposable en trois, ce qui permet d’identifier par exemple un piégeage régulier, différencié ou organisé.

– leur cohérence formelle. Par exemple, les poissons piégés dans leurs « comportements ‘ sont appréhendés dans des « terroirs maritimes ‘ (une zone en acte), commercialisés et négociés auprès d’une clientèle locale, elle-même appréciée par son mode de fréquentation des étals et par ses exigences (des acheteurs en acte)

En cela, il s’agit d’une construction logique et non d’une approche empirique dont le découpage serait arbitraire.

Dernier point, il n’y a pas de relation de causalité. Par exemple, entre les pratiques et les composantes qu’elles mettent en œuvre il n’y a que des présupposés. Ainsi, composantes et pratiques économiques gardent en permanence un statut « d’illustration formelle ‘ susceptible à  tout moment de changer, évoluer… Tel mode de piégeage « présuppose ‘ le comportement des poissons ciblés mais ces comportements peuvent changer, évoluer et faire échouer la capture.

Radicalement différente des méthodes habituelles, cette approche morphologique procure une vision détaillée des pratiques économiques, construite sur une base scientifique. En Méditerranées, 6 logiques de pêche (et 3 logiques de cultures marines) ont pu être différenciées sur la base de 27 pratiques, ainsi que 3 formes d’administration des pêches.

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éparpillée

Octobre déjà  et les vignes sont vertes,

le soleil luit comme un nouveau printemps,

l’oranger dévarié prépare

ses boutons aux côtés de

fruits murissant.

La bruyère dans le creux des

falaises est fleurie.

Les oiseaux loin d’affronter

l’hiver préparent une

nouvelle couvée.

La chatte prudente à 

revêtu sa fourrure,

douce et soyeuse,

mais ses nuits mystérieuses

ne quittent pas le ciel étoilé et la lune décroissante.

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Logique industrielle  » logique artisanale : quelle différenciation ?

Photo Robert Vialle
Au mois d’aoà’t à  Marseille, accrochage entre les armateurs des thoniers méditerranéens et Greenpeace qui dénonce le non-respect des quotas de thon rouge. Quelle différence demandent certains lecteurs entre ces thoniers et les thonailleurs, ces petits métiers du large évoqués dans L’encre de mer n°2 ? La même différence qu’entre les « grands métiers ‘ qui relèvent d’une logique industrielle et les « petits métiers ‘ qui relèvent d’une logique artisanale.

Souvent, pour le profane, cette différence est mal perçue. Elle est pourtant manifeste tant au niveau du rapport au produit et à  la ressource que du rapport au travail et au tissu social Nous sommes en fait dans deux mondes différents, portant des approches différentes du territoire et du métier de pêcheur. Faisons un tour rapide de ces différences avant d’en déduire les politiques possibles. :

* L’offre de produits : les patrons des grands métiers choisissent, conservent et trient leurs produits en fonction des gammes existantes , en un temps donné, sur les différents marchés de gros (poissons blancs divers destinées à  la consommation humaine, différentes catégories de thons, sardines ou anchois destinées, en fonction de la qualité et de la taille, à  la consommation humaine, en frais ou en conserve, ou à  la consommation animale). Ceux des petits métiers s’adaptent en permanence à  des produits spécifiques destinés à  satisfaire des demandes particulières, comme les merlus « matures et noyés ‘ des fileyeurs qui constituent des produits de base des poissonneries, les apports « divers et d’extrême fraîcheur ‘ vendus au jour le jour sur le quai (souvent des produits de luxe pour une clientèle locale), les anguilles vertes vivantes destinées à  des entreprises d’élevage Les premiers traitent un produit indépendamment de son origine quand les autres s’attachent à  ses débouchés spécifiques.

Photo Alain Ponchon
* L’exploitation technique de la ressource : par leurs procédés techniques de repérage, de captation (par encerclement pour les sennes, de filtration pour le chalutage) et de sélection, les entrepreneurs des grands métiers considèrent les poissons comme des quantités d’objets quelconques, présents à  un moment donné dans la mer (tels stocks de thons rouges).

Ceux des petits métiers adaptent en permanence leurs techniques de repérage, de piégeage (filets, palangres, casiers, lignes, petits engins traînants ou encerclants) et de sélection de poissons aux comportements
spécifiques : déplacements de merlus au large du plateau continental, faibles migrations littorales d’espèces diversifiées, migrations cycliques des anguilles entre la mer et les étangs. Il s’agit donc pour eux de s’adapter techniquement aux écosystèmes qui produisent ces comportements et non d’en faire abstraction.

* L’exploitation des zones : l’indifférence des grands métiers aux caractéristiques propres aux produits se retrouve dans leur rapport à  l’ espace de pêche. Ne présentent d’intérêt que des caractéristiques générales de l’espace : quantité de poissons à  extraire, fonds ou hauteurs d’eau accessibles au chalutage ou aux sennes

Par contre, les patrons des petits métiers modulent constamment la durée d’occupation et les engins de pêche en fonction des spécificités des terroirs maritimes tels que les zones de passage du merlu au large du plateau, les zones littorales d’habitats ou de chasse La conception, la configuration, les dimensions des engins, le mode et la durée de calage, le balisage dépendent des caractéristiques et de la fiabilité de ces terroirs.

Photo Alain Ponchon
* Commercialisation et acheteurs : les exploitants des grands métiers écoulent les poissons auprès de réseaux étendus, par le biais de structures commerciales (criée, halle à  marée, organisation de producteurs, entreprise de mareyage) qui concentrent diverses catégories d’acheteurs. A l’inverse, ceux des petits métiers prêtent une attention constante aux exigences d’une clientèle que ce soit par leur engagement auprès d’un mareyeur spécialisé, d’un écailleur ou d’un poissonnier, ou par une vente directe auprès d’une clientèle locale.

* Travail et équipage : en matière d’emploi, les grands métiers sont guidés par les nécessités d’un travail assez mécanisé et hiérarchisé. Sont requises des compétences bien définies et délimitées. Pour les petits métiers, le tableau diffère vraiment. Domine un savoir-faire spécifique , inscrit dans l’histoire d’un territoire, avec des relations familiales et personnelles. On est loin des rapports salariaux classiques.

* Mobilisation professionnelle : il n’est guère étonnant d’observer parallèlement que, dans les grands métiers, la représentation des intérêts économiques du secteur incombe à  des spécialistes entourés d’une équipe performante. Pour les petits métiers, l’on est en présence d’une organisation inscrite dans l’histoire et très soucieuse des intérêts du territoire dans lequel elle s’inscrit : répartition des zones et périodes par métier

Photo Alain Ponchon

Ces comportements différents face aux produits et aux hommes se révèlent également dans la gestion économique. Osons pénétrer cette matière plus ésotérique !

* Valorisation et résultat des ventes :

S’adressant à  un très large marché (même mondial !), les exploitants des grands métiers se fondent sur des « prix concurrentiels ‘, c’est-à -dire que les exploitants sont individuellement dans l’incapacité de les modifier. Il en résulte qu’ils ne peuvent augmenter leur profit qu’en augmentant les quantités pêchées et débarquées. Il n’en va pas de même pour les petits métiers. Les relations privilégiées qu’ils entretiennent avec le territoire et le produit font qu’ils peuvent négocier leurs prix en fonction des besoins de la clientèle et du maintien de relations commerciales. La quantité pêchée n’est pas pour eux une contrainte absolue.

Photo Philippe Joachim
* Rentabilisation de l’exploitation : tenus de s’équiper en matériel pour pêcher le plus possible, les grands métiers ont une gestion dominée par les coà’ts fixes de ces équipements. Une fois acquis, il faut les rentabiliser, augmenter la « productivité ‘ de l’équipage et parer à  la concurrence en adoptant la dernière technologie la plus performante, donc augmenter à  nouveau les coà’ts fixes, etc. Les petits métiers s’appuient sur le savoir-faire de l’équipage. Du coup, leurs frais sont dominés par le salaire, soit un coà’t variable . Le progrès n’est pas absent mais il est surtout fondé sur l’amélioration de la pratique des pêcheurs, leurs modes de capture

* Rentabilisation des capitaux : une part non négligeable des coà’ts des grands métiers ne sont pas directement liés aux opérations de capture (assurance, frais financiers), ce qui pousse les exploitants à  maximiser les temps de sortie en mer, disposer d’une représentation professionnelle très au fait des gains financiers possibles. A-contrario, les patrons des petits métiers adaptent leur temps de sortie aux gains attendus et s’impliquent dans l’organisation territoriale de la pêche afin de rentabiliser au mieux les opportunités de sortie en mer

Ainsi, la logique « dé-territorialisée ‘ des grands métiers met en œuvre des composantes productives (produit, ressource, espace, acheteurs, travailleurs) sans grande considération de leurs liens éventuels avec des territoires. Domine le prisme de la « quantité ‘ : c’est elle qui est rentable et qui dirige les transformations de ce type de pêche. Elle s’oppose de façon frontale à  toute politique de « quotas ‘.

La logique « territorialisée ‘ des petits métiers se construit sur la base du lien entre les composantes productives et leurs territoires. Axée sur la « durée ‘ cette logique productive cherche à  s’adapter au mieux aux comportements des composantes. Disons que la quantité cède le pas à  « des qualités spécifiques

A une autre échelle, on retrouve cette question de territoire dans le financement de l’activité selon que l’armement, de par sa structure, est inféodé au secteur de la pêche ou non : là  où une société d’armement industriel recourt à  différents investisseurs rémunérés sur la base de leurs placements, le pêcheur artisan doit compter sur son apport personnel, complété de prêts bancaires quand il peut justifier de ses qualités professionnelles.

Le premier doit être compétitif sur le marché des capitaux, le deuxième cherche à  rentabiliser son entreprise de pêche dans la durée, en thésaurisant les excédents de gains et en investissant au fur et à  mesure des bénéfices.

Tu peux le dire que la petite pêche n’a rien à  voir avec ce qui s’est passé à  Marseille

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En complément de cet article :

Administration des pêches : un enjeu territorial peu visible

Méthodologie : le langage des signes

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Le Nobel d’économie récompense deux Américains pour des travaux sur la « gouvernance économique »

Le prix Nobel d’économie a été attribué aux Américains Elinor Ostrom, première femme récompensée depuis la naissance de ce prix en 1969, et Oliver Williamson pour leurs travaux sur « la gouvernance économique », lundi 12 octobre. Leurs travaux sont particulièrement dans l’air du temps, en plein débat sur la meilleure organisation des marchés financiers et de l’économie mondiale mais aussi sur la protection de l’environnement et des ressources naturelles, un domaine essentiel des travaux d’Elinor Ostrom. « Ils veulent comprendre des organisations qui ne sont pas des marchés (…) et ils montrent comment ces institutions résolvent les conflits », a salué Tore Ellingsen, membre du comité Nobel, lors de l’annonce du prix à  la presse.

Elinor Ostrom, de l’Université d’Indiana, est récompensée par le comité « pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des associations d’usagers ». Elle a « remis en cause l’idée classique selon laquelle la propriété commune est mal gérée et doit être prise en main par les autorités publiques ou le marché », salue le comité, qui sacre pour la première fois une femme depuis sa première attribution en 1969. En se fondant sur de nombreuses études sur la gestion par des groupes d’usagers des ressources en poissons, en élevage, les forêts ou les lacs, la lauréate américaine a montré que leur organisation était souvent meilleure que ne le croit la théorie économique, souligne le comité.

Oliver Williamson, né en 1932 et enseignant à  l’université de Californie de Berkeley, a été récompensé pour « son analyse de la gouvernance économique, notamment les frontières de l’entreprise ». Sa théorie explique que l’entreprise s’est imposée comme modèle économique dominant parce qu’elle facilite la gestion des conflits et réduit les coà’ts grâce à  la hiérarchie, mieux que les marchés où dominent souvent les négociations et les désaccords. L’inconvénient, souligné par la théorie de l’organisation de Williamson, est que l’autorité peut être abusée, observe le comité Nobel.

Elinor Ostrom est la première femme à  être récompensée par le Nobel d’économie. Le Nobel d’Economie est une chasse gardée américaine, avec désormais quarante-cinq lauréats sur un total de soixante-quatre. Cette saison 2009 est également très américaine, avec onze lauréats sur treize venant des Etats-Unis, la sensation étant venue, vendredi 9 octobre, à  Oslo du Nobel de la paix attribué à  Barack Obama.

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La Prud’homie de La Ciotat dépose une plainte pour pollution auprès de la Gendarmerie maritime

Ci joint les photos des engins que les pêcheurs récupèrent dans leurs filets depuis quelques années dans la zone méditerranéennes comprise entre le Cap Sicié et l’ïle de Riou…

Il y a de quoi se poser des questions quant à  l’impact sur le milieu , car après avoir décortiqué ces objets nous avons découvert des batteries au lithium, des circuits imprimés, des composants électroniques, des câbles électriques par centaines de mètres.Tout cela abandonné au fond.Compte tenu du grand nombre d engins remontés, il faut admettre que le fond en est farci.
D’après les Affaires Maritimes, il s agirait d’engins de la Marine.

La prud homie de pêche de La Ciotat demande plus d’information à  ce sujet :
– A quoi ça sert ?
– Quel est l impact sur le milieu ?
– Est-ce légal d abandonner tout cela en mer ?

La Marine, si c est son oeuvre, se doit de montrer l’exemple .
Notre ministre J.L BORLO, nous a demandé, lors du Grenelle de la mer, de signaler les problèmes rencontrés sur, ou sous, le plan d eau.
C’est ce que fait aujourd’hui le conseil des prud’hommes en déposant une plainte pour pollution marine auprès de la gendarmerie maritime.

A quoi bon parler de protection d’un côté si l’on détruit de l’autre en toute impunité ?

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