L’Union Européenne et la pêche artisanale

– Vu d’en-bas, ce déni appelle le mépris; une erreur « diplomatique » en période électorale. Si l’on doit construire l’Europe, autant que tout le monde y mette du sien, à  commencer par ceux qui sont censés travailler pour l’Europe.

– Vu d’en-bas toujours, cette prise de position semblerait conforter la poursuite suicidaire d’une politique productiviste qui privilégie la pêche et l’aquaculture industrielles, destinées à  répondre à  la demande croissante du marché. Et ce, au mépris des ressources disponibles et de l’environnement.

Dans cette optique fondée sur la quantité d’apports débarqués, la pêche artisanale est perçue comme un « sous-secteur » sur lequel on peut focaliser les débats « environnementaux » tandis que le véritable prélèvement se fait au large, loin des yeux et des médias. Cf. notamment la pêche minotière qui prélève à  elle-seule, et discrètement, la moitié des ressources, ou a-contrario l’énergie déployée « contre » 60 petits bateaux armés quelques jours par an à  la thonaille, tandis que la capture industrielle du thon rouge se poursuit au milieu des zones de frayères…

– Vu d’en-bas enfin, l’Union Européenne ne semble pas avoir perçu que la pêche artisanale est l’un des piliers principaux de la gestion littorale, sur les plans économiques, sociaux et environnementaux. Il y a un décrochage entre la vision passéiste d’une époque industrielle sur laquelle l’Europe semble se figer, et les réalités locales de terrain dans lesquelles les pêcheurs artisans s’engagent au quotidien pour préserver leur environnement, répondre aux exigences croissantes de la clientèle, gérer les différents usages dans la bande côtière, participer à  la spécialisation régionale au sein de l’Europe…

Enfin, l’on remarquera qu’en mer les pêcheurs artisans s’engagent totalement face aux éléments, aux changements incessants, à  la dureté du métier. Quand ils reviennent à  terre, « l’image et les paroles » que leur renvoie l’Europe sont toujours déconcertantes, rarement engageantes, souvent négatives… L’Europe – ou ceux qui parlent en son nom – a-t-elle conscience de l’impact de ce bain perpétuel de paroles ?

Pour en savoir plus :

– Sur la non-implication de l’Europe vis à  vis de la pêche artisanale

Le mépris de l’Europe pour les pêcheurs artisanaux du monde entier

Controverse sur la place de la pêche artisanale au COFI à  Rome
(Voir thématique : International avec les extraits d’un document de travail sur la réponse de l’UE au COFI en mars 2009)

– Sur la conférence de la FAO qui réunissait représentants de pêcheurs et société civile en octobre 2008 à  Bangkok, et ses conclusions

Déclaration de l’atelier préparatoire de la société civile adoptée par l’ensemble des organisations présentes à  la Conférence de la FAO « Pour une pêche artisanale durable ‘ tenue à  Bangkok (Thaïlande) du 11 au 13 octobre 2008

Pour une pêche artisanale durable

– Sur l’engagement des pêcheurs artisans dans la gestion littorale

Union PACA-Bretagne pour le 10ème anniversaire de la journée mondiale des pêcheurs à  l’IPFM de La Seyne sur mer le 21 nov. 2008 – extraits des débats sur la gestion de la ressource et des territoires

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Union PACA-Bretagne pour le 10ème anniversaire de la journée mondiale des pêcheurs à  l’IPFM de La Seyne sur mer le 21 nov. 2008

Gestion prud’homale et biodiversité

Voilà  plusieurs décennies que la gestion prud’homale rame à  contre-courant. Alors qu’elle encourage la polyvalence d’une petite pêche artisanale, les apports débarqués sont jugés bien « mièvres ‘ aux côtés d’une capture de masse par les flottilles chalutières et thonières. La diversité des techniques et la complexité des règlements paraissent désuètes aux côtés des pêches artisanales intensives et de leurs gestions spécifiques (licences et quotas). Le bref exposé d’un scientifique spécialisé en écologie marine, Patrice Francour, opère un complet revirement de situation et d’analyse :

A l’échelle de l’hémisphère nord, on a des gradients de diversité des espèces (poissons, mollusques, grands crustacés) qui diminuent progressivement lorsque l’on remonte des zones relativement chaudes (tropicales ou subtropicales) vers l’Arctique. En Méditerranée, on a déjà , relativement à  l’Atlantique, une plus grande diversité, un peuplement beaucoup plus riche qui se traduit aussi au niveau des habitats. C’est particulièrement vrai sur les côtes rocheuses qui s’étendent sur l’ensemble du littoral ; le Golfe du Lion qui est une zone plus sableuse faisant exception. Que les poissons vivent en pleine eau, sur le fond ou à  proximité du fond, on ne peut pas en parler sans parler de leur habitat. En termes de survie ou de développement d’une espèce, d’un stock, il faut 2 conditions sine qua none : la disponibilité en habitats et la disponibilité en ressource alimentaire.

Photo Alain Ponchon

Une pêche polyvalente : le meilleur garant de la diversité

Sans faire un cours d’écologie, on démontre que dans un milieu naturel, lorsqu’il y a une « prédation ‘ raisonnée sur de nombreuses proies, le milieu est plus riche que lorsque l’on a un prélèvement aveugle sur un type d’espèces. C’est le cas des petits métiers polyvalents qui permettent le maintien d’une population diversifiée.

Une gestion par zone géographique et fondée sur la diversité

Le type de gestion développé à  l’échelle d’un bassin méditerranéen – si l’on enlève le Golfe du Lion qui est une particularité  » doit être basé sur cette diversité d’habitats, et de peuplements plus ou moins saisonniers. Les modèles de gestion imaginés actuellement par l’Europe, et conçus sur des milieux beaucoup plus homogènes (diversité plus faible des stocks), ne peuvent s’appliquer ici. Les gestions de pêche ancestrales par les Prud’homies ont fonctionné de tous temps et sont les plus adaptées dans la mesure où elles se fondent sur la diversité des habitats11, des espèces et des métiers.

Photo Philippe Joachim

Des indicateurs attestant de la richesse des peuplements suffisent à  valider la gestion

A partir du moment, où l’on a un système d’exploitation qui prélève mais que le milieu reste diversifié, c’est que l’on a un parfait équilibre. Le Parc national de Port-Cros est l’un des milieux de Méditerranée Nord-occidentale les plus riches – en termes de diversité, d’abondance, de taille de poissons – et pourtant la pêche professionnelle y est exercée régulièrement.

Donc tous les indicateurs, qui montrent que la diversité en espèces est maintenue et que des individus de grande taille sont présents, sont à -même de montrer que le peuplement est en bonne santé. Dans ce cas, la gestion qui est faite ne met pas en péril la ressource.

Une gestion territoriale à  l’œuvre : actions juridiques, concertations, expériences de co-gestion

Palavas : Des actions juridiques pour faire appliquer la Loi littoral sont menées par une Association, en lien avec la gestion prud’homale. Par ce biais, en 10 ans, une quarantaine d’hectares classés en zone urbanisable, a été affectée en zone naturelle. Mais depuis 13 ans, l’Association et ses administrateurs se débattent, à  titre
collectif et individuel, contre la Mairie qui les a assignés pour « abus d’ester en justice ‘. La Cour d’appel de Montpellier nous a donné raison (26/03/2008) mais la Mairie s’acharne avec un pourvoi en cassationPhoto Alain Ponchon

Réhabilitation de l’Etang de Berre : 20 ans de combat juridique pour contraindre EDF à  réduire ses rejets d’eau douce et obliger l’Etat à  réhabiliter l’Etang. Aujourd’hui, c’est fait. Dans le cadre du contrat Etang, les pêcheurs participeront activement au ramassage des algues qui envahissent l’étang depuis qu’il se salinise

Prud’homies : chaque Prud’homie, par le biais des règlements prud’homaux, a des zones de protection temporaires, notamment pour le frai ou la reproduction (rascasse, rouget) Concernant un cantonnement permanent, la Prud’homie doit avoir suffisamment de place pour geler une parcelle. A La Seyne – St Mandrier, ce n’est pas possible, on est encerclé par la rade de Toulon, les zones militaires La gestion concertée de l’espace devient une activité importante pour essayer de partager l’espace et le temps pour les différents acteurs de la mer, sur des zones enviées par tout le monde : sites de plongée avec des mouillages organisés pendant les 6 mois de l’été. On les déménage ensuite pour laisser la place aux pêcheurs. Nous sommes devenus les interlocuteurs privilégiés des Communes, des Conseils Généraux et Régionaux dès qu’on touche à  la gestion de la mer, particulièrement dans les zones côtières

Photo Alain Ponchon

Cantonnement du Cap Roux: Créé en 2003 à  l’initiative de la Prud’homie de St Raphaêl, c’est la plus grande réserve marine intégrale de France continentale avec 400 ha. L’effet réserve (poissons plus gros et densité supérieure) existe et a commencé à  se répandre aux alentours après seulement 3 ans d’interdiction ‘.

Diapositives

Parc national de Port-Cros (créé en 1963 avec 1300 ha en mer) : La seule pêche professionnelle est autorisée et réglementée par une Charte. Les études montrent que la biodiversité de Port-Cros ne semble pas du tout menacée par cette pêche. On a une qualité des sites exceptionnelle. En l’état de nos connaissances actuelles, il n’y a pas d’interaction négative entre la pêche artisanale – issue d’une culture prud’homale qui est à  la base des règlements de la Charte – et la protection de notre environnement marin. Ces données confirment l’intérêt que l’on a à  travailler avec les pêcheurs ‘
Photo Alain Ponchon

Parc Marin de la Côte Bleue : Résultat d’un travail étroit avec les pêcheurs dès les débuts en 1983, ce parc comprend aujourd’hui 2 réserves (210 et 87 ha) et 17 km d’alignement de récifs et obstacles au chalutage dont l’efficacité est démontrée : effets réserve, exportation de biomasse marine hors des réserve, baisse du chalutage en zone interdite, suivi du peuplement d’oursins en lien avec les pêcheurs, sensibilisation des enfants à  la vie littorale et à  la culture halieutique, gestion en projet de la zone Natura 2000 avec l’implication des pêcheurs

Plans de gestion, sites Natura 2000, commissions nautiques locales : Natura 2000 est l’un des moyens (non le seul) de formaliser la rencontre entre tous les acteurs du territoire. Le pêcheur est l’être humain qui va le plus en mer, celui qui connaît le mieux la mer. Le pêcheur est un conseiller fondamental. Pour le site Natura 2000 de Porquerolles, nous avons réuni tous les membres et validé dans une commission nautique locale les propositions dont certaines se sont traduites par un arrêté de région. La pêche de loisirs est maintenant soumise à  déclaration, avec déclaration de captures, au même titre que les pêcheurs professionnels. La chasse sous-marine est aussi réglementée.

Pétardements de la Marine : Je ne comprends pas que l’on fasse péter de la dynamite à  côté du Parc National, du sanctuaire Pélagos, d’un site Natura 2000 On stérilise un périmètre maritime au détriment des pêcheurs Nous, on travaille sur un guide de bonnes pratiques dans lequel on se donne des règles et d’un autre côté l’on est témoin, quasi quotidiennement, de pétardements Dans cette zone, il y avait des milliards d’alevins de petits rougets qui engendraient les saisons à  venir. Les géniteurs qui ne sont pas morts fuient la zone. Depuis que l’on proteste, la charge maximale est passée de 600 kg à  110 kg. On a gagné 490 kg mais on n’a pas gagné la bataille

Ici et là , la force d’une gestion collective des ressources

La première mission prud’homale est de créer des conditions optimales de pêche aux petits métiers, et donc de gérer la concurrence (roulement, tirage au sort des postes de pêche, arbitrage des conflits), tout en gérant la ressource. Nos atouts : une forte réactivité – une réunion de pêcheurs en prud’homie suffit pour définir l’action à  mener, ou édicter un nouveau règlement – et une base consensuelle à  laquelle tout le monde se plie, même les un ou deux récalcitrants

Pour le chalut-langoustine dans le golfe de Gascogne, on a mis en place plusieurs engins sélectifs pour essayer de ne pas pêcher la petite langoustine et aussi le petit merluchon. La « maille carrée ‘ vient d’une expérience que j’avais tentée pour prendre plus de langoustines et moins de petits poissons. Quand le Commissaire européen a voulu imposer un chalut sélectif qui ressemblait plus à  un filet pour attraper des mouches que des poissons (!), l’on a mis en place une licence nationale de langoustines et la pratique de la maille carrée est devenue obligatoire dans le Golfe de Gascogne. On a réduit la ponction des petits merlus de 30 à  40ù, ce qui fait des millions de poissons en plus dans l’eau chaque année. Pour la petite langoustine – difficile à  sélectionner du fait de sa morphologie – on arrive à  25 à  30% de petites langoustines en moins sur le pont, d’où notre fameux slogan : « Il vaut mieux trier sur le fond que sur le pont ‘.

A propos des techniques et de leurs milieux : L’on remarquera que les grands arts trainants ont été « intuitivement ‘ interdits par les Prud’homies sur les fonds rocheux, probablement pour leur impact sur les habitats. Si un chalut passe sur un fond coralligène, structurellement complexe et physiquement peu résistant (du fait de sa constitution), il érode en partie sa structure tri-dimensionnelle. S’il passe sur un fond plat, avec aucune structure dressée, il ne « casse » rien
– En face de mon bureau, au Guilvinec, il y a 500 km de plateau continental, cap à  l’ouest (jusqu’à  200m de profondeur).
– En Méditerranée, on n’a malheureusement pas 500 km de plateau continental. Chez moi, il faut marcher 5 mn avec un pointu pour trouver des fonds de 500 m

Intégration dans l’Europe – Quels outils pour quelles flottes ?

– De dimension sectorielle, la pêche artisanale atlantique accède aux outils proposés : Ce qu’il y a de notable c’est que, petit à  petit, s’est mise en place une plate-forme de négociation à  l’échelle du Golfe de Gascogne Le Comité Consultatif Régional (CCR) du sud-ouest Atlantique est un bon outil pour répondre à  la Commission sur ses projets, faire remonter des plans de gestion Concernant Natura 2000 en mer, le Comité local du Guilvinec se propose d’en être l’opérateur

– Dispersée sur le littoral méditerranéen, la petite pêche côtière pâtit d’une représentation héritée du productivisme et de visions multiples à  grandes échelles : ici vous avez un empilement de structures sans articulations (prud’homies, comités des pêches, organisations de producteurs) et toujours pas de CCR Méditerranée qui fonctionne Dans le cadre général de la PCP en Méditerranée, tout ce qui est ressource est géré par la CGPM (commission générale des pêches maritimes) qui regroupe les états européens et non européens. Elle prend des recommandations que les Etats sont tenus d’appliquer Il faudrait faire estampiller la réglementation prud’homale -en prévoyant des mesures d’exemption ou de précaution. Par des plans de gestion conçus à  une échelle plus large que la prud’homie, est-ce possible ?

Photo Alain Ponchon

L’avenir des pêcheurs se décide aujourd’hui très loin
des organisations prud’homales, des comités des pêches et des quais

En octobre 2008, à  Bangkok, la société civile -pêcheurs et ONG- a demandé, en accord tacite avec la FAO, qu’une structure spécialisée soit constituée pour la pêche artisanale dans le cadre du Comité des pêches de la FAO (COFI). Cela veut dire que la pêche artisanale pourrait tout d’un coup disposer d’un staff, de moyens financiers, d’outilsafin de pourvoir étayer son point de vue. Voilà  l’une des actions menées par le Collectif Pêche et Développement et qui n’est pas forcément très visible. Cela dit, pour les 5 à  10 ans à  venir, si une telle structure se met en place, cela aura des répercussions ici-même. Le combat des pêcheurs est donc difficile car il faut, à  la fois, gérer le quotidien et en même temps qu’ils aient un œil sur ce qui se passe fort loin Il serait temps que l’Europe et la France prennent en compte cette réalité de la pêche artisanale, et respecte les pêcheurs artisans qui ont la capacité de s’organiser, mettre du lien entre les territoires, et entre les ports et les territoires. Pour suivre toutes ces problématiques lointaines, les pêcheurs doivent s’organiser et se faire épauler par des ONG…

Soyez à  l’écoute, Mesdames et Messieurs les Politiques de PACA et de Bretagne, les pêcheurs artisans sont une pièce essentielle de votre territoire et ils sont porteurs d’avenir, j’en suis certain.

Pour lire la retranscription des débats :

Retranscription des débats

Pour lire le compte-rendu de René-Pierre Chever sur cette Journée, rédigé pour le Collectif Pêche et Développement, et paru dans le Bulletin trimestriel du Collectif

Compte-rendu de R.P. Chever

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Le Poisson-flà’te : un nouvel arrivant de la Mer Rouge

Photo Patrice Francour

Un nouveau poisson en provenance de la Mer Rouge arrive dans nos eaux. Il a été aperçu dans des fonds rocheux, des fonds rocheux et sableux, ou au-dessus des herbiers de posidonie à   » 50 m de profondeur mais l’espèce vivrait jusqu’à  100 m.

Taille max. 1,6 m  » Poids max : 1,2 kg

Poisson carnivore (crustacés, petits poissons : rouget, picarel, bogue…), inoffensif, indifférent aux plongeurs, et de faible valeur commerciale.

Museau long et étroit, corps très allongé, queue prolongée par un filament blanc. Dos généralement de couleur brun à  vert, ventre blanc – argenté. Couleur parfois marbrée, notamment la nuit. Deux lignes et deux rangées de points bleus peuvent être visibles sur le dos. Hors de l’eau, le poisson vire au gris-vert. Nageoires anale et dorsale, de forme triangulaire, opposées et situées près de la queue. Elles sont de couleur rosée ou orangé et transparentes à  la base.

Si vous pêchez ou observez ce poisson, merci de le signaler au 04 92 07 68 32 ou par mail : francour@unice.fr
Vous participerez à  une meilleure connaissance de cette espèce et de l’évolution du milieu marin

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L’observation du littoral par les pêcheurs artisans

La préoccupation écologique, bien avant la lettre, de la pêche méditerranéenne prend sa source dans un contexte précis : des développements historiques régionaux caractérisés notamment par le « modèle portuaire marseillais ‘ et le « modèle touristico-résidentiel niçois ‘. Si les implications environnementales de ces modèles sont différentes, ils ont en commun le fait de procurer des emplois attractifs, alternatifs aux métiers de la « grande pêche ‘, et de développer, par la croissance de population, des marchés locaux pour les apports halieutiques.

C’est ainsi que les Prud’homies qui, à  la fin de l’Ancien régime, géraient une petite pêche polyvalente, adaptée à  l’exiguïté du plateau continental et à  la relative rareté des ressources marines, se sont toujours trouvées d’actualité et ont pu traverser deux révolutions industrielles. Malgré des tentatives pour le remettre en cause et diverses périodes d’industrialisation, ce modèle de gestion collective a « tenu ‘ et s’est, de fait, imposé. Il est vrai que l’après seconde guerre mondiale et l’industrialisation « forcée ‘ des années soixante ont quelque peu bouleversé cette ligne de fond mais sans pour autant en éradiquer la « culture ‘. Les démarches entreprises aujourd’hui par les acteurs de la petite pêche pour préserver et gérer leur territoire s’avèrent d’une grande modernité, mais une « reformalisation ‘ de la pratique prud’homale – comme du métier de pêcheur artisan – apparaît incontournable pour pouvoir s’affirmer, particulièrement dans le rapport à  l’environnement.

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© Photo Alain Ponchon Bien qu’une attention première soit portée aux rivages varois dans le cadre de cette étude, nous examinons ici dans quel contexte économique s’insère la pêche méditerranéenne française, comment elle se singularise des autres façades maritimes, historiquement et par son évolution, et quelles sont les implications de ce « cadrage ‘ pour la gestion prud’homale.

I. Modes de développement régionaux et incidences environnementales

Selon une évolution commune à  la région PACA, et à  la région du Languedoc-Roussillon (à  partir du milieu des années 70), la population varoise a fortement augmenté puisqu’elle a doublé entre 1962 et 2005 . Le Sud de la France ayant manqué la première et la seconde industrialisation, la cause de cet afflux de population est à  rechercher dans une « attractivité touristique ‘ qui s’enracine dans l’histoire, selon deux modes de développement régionaux : le modèle marseillais et le modèle niçois.

– Le modèle marseillais :

Le plus important, de par ses conséquences quantitatives, ce modèle nait de l’évolution d’un port commercial (dans la première moitié du XIX° siècle), associé au commerce mondial, et alimentant une industrie locale, soit le « négoce industrialisant ». La politique coloniale de la France (fin XIX°) relance ce modèle jusqu’à  la première guerre mondiale. Ensuite, les politiques protectionnistes (spécialement après la crise de 1929) le vide de sens, en substituant des rentes aux bénéfices jusqu’alors associés au maintien ou à  la conquête de marchés mondiaux. Après la seconde guerre mondiale, la substitution de la rente pétrolière à  la rente coloniale, et la conception étatique d’une industrialisation non plus liée au marché mais portée par l’industrie lourde (« les industries industrialisantes »), laminent toute dynamique économique locale. Du fait du reflux des colonies et du nombre d’emplois liés administrativement à  la quantité de population (santé, éducation), cela n’entraîne pas d’impact majeur sur la population et sa croissance, du moins jusqu’à  la libéralisation des marchés. Dès les années 1980, l’absence de dynamique économique locale se fait durement ressentir. Le port demeure inerte bien que les trafics mondiaux explosent. Loin de renouer avec le modèle du « commerce industrialisant » ou de la
« logistique industrialisante », la reconversion de l’économie marseillaise se poursuit sur sa périphérie sans pour autant réussir à  pallier l’absence de dynamique économique autonome. Il en résulte un sous-emploi et une concentration spatiale du chômage et de la pauvreté.

Ce modèle, axé historiquement sur le port industriel, immobilise à  cette fin une bonne partie du littoral (une trentaine de km) et réussit le tour de force de n’entraîner aucun développement alors même que les trois dernières décennies se caractérisées par une multiplication remarquable des échanges mondiaux. Du fait de la dépendance qui en résulte vis-à -vis de l’Etat ou de collectivités locales concurrentes, dans les conflits d’usage habituels sur le littoral, les nécessités économiques passent au second plan et ce, malgré un fort sous-emploi de la population. Du point de vue environnemental, l’impact de l’industrie portuaire est quelque peu compensé par sa léthargie locale mais les pêcheurs seront confrontés à  une incidence forte et durable, sur les écosystèmes littoraux et lagunaires, du développement de la zone Fos-Berre, alors même que cette zone est particulièrement riche et poissonneuse.


– Le modèle niçois

Jusqu’aux années 1960, il ne s’agit que de développer le secteur touristique avec un faible impact sur les autres activités (du fait notamment de la centralisation nationale de l’épargne). A l’opposé du raisonnement économique habituel dans lequel la migration suit l’emploi, l’on observe dans les années 60-70 qu’est attirée une population qui migre avec son emploi. Encore faut-il que cet emploi dépende essentiellement du « capital humain ‘ ou du milieu social, et n’ait pas de contrainte technique liée par exemple à  la localisation de matière première. Encore faut-il également qu’il y ait une force attractive d’ordre social, culturel Si les grandes métropoles ont pu augmenter leur attractivité par l’implantation d’équipements culturels, en France l’hyper-centralisation parisienne a entravé une telle stratégie. Par contre les atouts naturels tels que la mer n’ont pas besoin de financements pharaoniques. C’est dans ce contexte que l’ancienne stratégie de tourisme élitiste de la région niçoise inaugure un mode de développement dont on peut juger l’impact, non pas tant au niveau de la croissance de la population mais de sa « qualité » (professions libérales migrant avec leur emploi, formations supérieures)

Dans ce modèle, le souci écologique est – ou devrait être – très présent mais le succès de cette stratégie de développement tend à  faire passer la donne environnementale au second plan, au risque de casser la branche qui soutient le modèle. Cependant, la solution est connue : il suffit d’accroître la sélectivité sociale . La tension n’en demeure pas moins entre la fin et les moyens. De par le bétonnage de la bordure littorale, les pêcheurs vont voir leurs zones de pêche se raréfier et bon nombre de frayères disparaître.


– La situation varoise

Face à  ces 2 modèles, le Var apparaît dans une situation intermédiaire, au niveau démographique comme au niveau économique. Si le département semble se tourner vers un développement de type niçois, il est aujourd’hui encore « spécialisé ‘ dans une attractivité peu sélective, notamment dans le camping Avec les massifs des Maures et de l’Estérel, et les zones militaires, le bétonnage est moins systématique, mais les pétardements en mer déclenchés par la Marine, ont un impact écologique important et les promoteurs guettent.

II. Singularités de la pêche artisanale méditerranéenne

– Un modèle ancien de « petite pêche diversifiée ‘

Une analyse comparative des données statistiques sur longue période révèle qu’à  la fin du 19ème siècle  » soit bien avant l’industrialisation des pêches françaises – la pêche artisanale méditerranéenne se caractérisait déjà , relativement aux autres façades maritimes, par les signes d’une pêche de proximité : des embarcations plus nombreuses (21% de la flotte nationale), de petite taille (9% des tonnages nationaux) et de faible investissement (6% de la valeur de la flotte). Par contre, la valeur des filets et engins de pêche est nettement surreprésentée (19% de la valeur nationale), conséquence d’une polyvalence qui oblige à  multiplier les techniques et instruments ( et les innovations) afin qu’ils soient adaptés au plus près aux concentrations saisonnières des différentes espèces. Ce sont les compétences et les hommes qui importent et qui, du coup, avec 13% de l’emploi national du secteur, paraissent en fort surnombre vis-à -vis de la pêche atlantique : 1 kg de poisson nécessite en Méditerranée 2,6 plus d’hommes. Par contre, les salaires sont relativement plus faibles (10% de la masse salariale nationale). Les apports sont bien valorisés puisqu’à  répartition égale des espèces, leur valeur est supérieure en Méditerranée. Les prix de vente sont nettement plus élevés par rapport aux autres façades et ce, pour les espèces de luxe, comme pour les espèces ordinaires.

Petit métier des côtes liguriennes - Photo Elisabeth Tempier

Cette situation méditerranéenne se conjugue différemment selon les départements, probablement en lien, d’une part, avec l’étendue des marchés locaux, d’autre part, avec la productivité biologique des zones de pêche. L’on remarque que les niveaux de prix vont crescendo de Port-Vendres à  Menton et que la diversification des unités de pêche est très grande à  l’ouest (Pyrénées orientales et Aude) et à  l’est (Var et Alpes Maritimes) du Golfe du Lion. Elle est sensiblement plus importante dans les Bouches du Rhône que dans l’Hérault alors que ces 2 départements affichent des niveaux de prix similaires.

– Une évolution singulière ou « pêcher moins pour vendre mieux ‘

La diffusion d’une pêche industrielle et « productiviste ‘ est bien plus tardive en France qu’en Angleterre. Après avoir augmenté de 60% par rapport au milieu du XIX° siècle, la production nationale semble se stabiliser au niveau atteint en fin de siècle. Ce n’est qu’entre les deux guerres que la production explose, doublant quasiment, avec, au demeurant, la multiplication des bateaux à  vapeur. En Méditerranée, à  la quasi-stabilité de la production avant la première guerre mondiale succède une rapide augmentation ; puis, à  contrario du mouvement national, une certaine rétractation se manifeste, pour finir dans les années 1930 à  un niveau seulement supérieur de 30% à  celui du début du XX° siècle. Ainsi, avant la première guerre mondiale, la Méditerranée manque, comme peu ou prou la France entière, le train industrialiste. Alors que, la guerre passée, toute la France y monte en se pressant, elle en redescend assez rapidement dès le milieu des années 1920. Les années 1930 signent le retour à  ce qui semble être la « normale ‘ sur cet espace.

Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que le modèle industriel ou « productiviste ‘, se généralise finalement ou plus exactement peut être imposé ! Un Etat centralisateur et omnipotent issu de la guerre se veut accélérateur d’histoire en systématisant ce modèle, l’expérience ayant en effet largement montré sa productivité quantitative, en France et ailleurs. Cette systématisation nécessite la mise en place d’une structure pyramidale ayant le pouvoir de faire passer le message, les directives et les aides de l’Etat (en l’occurrence, la structure nationale des Comités de pêches) et donc conduit au bouleversement des anciennes structures professionnelles locales, les plus éloignées du modèle industriel, à  leur marginalisation ou à  leur « folklorisation ‘. De l’application de ce modèle résulte une modernisation des bateaux et des équipements, un développement des grands armements et finalement, par rapport à  l’entre-deux guerres, un quasi-doublement de la production à  la fin des années 1960. Reconduit dans les années 1980 sous l’autorité européenne, ce modèle s’essouffle. La compétition intra et extra européenne laisse peu de chances à  la pêche française (entrée de l’Espagne dans le marché commun, grands armements soviétiques) tandis que les diverses politiques européennes ne parviennent jamais vraiment à  préserver la ressource de façon « durable ‘. Le dépassement de la contradiction propre au modèle productiviste  » qui pousse les mêmes autorités d’un côté à  encourager la croissance de la production (par l’investissement), de l’autre à  la décourager pour préserver la ressource et l’environnement (quotas), et, d’un seul mouvement, à  faire tanguer les pêcheurs d’espoirs en désespoirs  » n’est pas encore réalisé.

La principale « spécificité ‘ méditerranéenne qui ressort de cette analyse sur longue période est le niveau du prix du poisson, plus élevé presque constamment depuis le XIX° siècle. Autrement dit, il existe un marché relativement autonome du marché « national ‘ ou parisien. Ce qui n’est pas spécialement mystérieux puisque cette façade maritime dispose de grands centres urbains (Marseille, Toulon puis Nice), qu’elle est très éloignée du centre privilégié du développement français, et sans trains de marée. Il existe par ailleurs des dynamiques économiques régionales autrement plus prometteuses que les emplois à  la pêche (pétrochimie implantée entre les deux guerres autour de l’étang de Berre, paquebots, tourisme etc.). Dans ce contexte, une gestion collective et territorialisée devient non seulement possible mais avisée, dès lors bien sà’r que les prix ne s’imposent pas de l’extérieur et que le marché local lui-même est suffisamment important et organisé . D’autant plus que ce modèle de gestion ne signifie pas forcément un rejet obscurantiste de la modernité « contrairement à  l’idée véhiculée par les discours « productivistes ‘ et consorts. Preuve irréfutable : si effectivement la Méditerranée fut très rétive à  l’introduction de la vapeur, elle fut très nettement en pointe, au sortir de la première mondiale, dans l’équipement en moteurs, technologie plus adaptée à  son modèle de pêche !

© Dessin de Beate Ketterl-Asch

III. Quelles implications pour la gestion prud’homale ?

Quelles qu’en soient les causes, la spécificité méditerranéenne ainsi définie a longtemps soutenu et revivifié le modèle de gestion prud’homal, malgré le cours contraire de l’histoire.

Soulignons que :

â–º il s’agissait de groupes professionnels territorialisés, ancrés sur un littoral particulier, par nécessité, soucieux de ce territoire et se soumettant à  une éthique et une discipline professionnelles,

â–º faute d’aller pêcher au loin -dans l’impossibilité de le faire ou, peut-être plus exactement ayant la possibilité de ne pas le faire-, ils ont développé une compétence particulière. Se limiter aux fonds proches obligeait à  la polyvalence, à  une connaissance fine de ces fonds et à  l’invention de techniques ad hoc.

De fait, les prud’homies ont développé une politique de la qualité plutôt que de la quantité, la recherche du « bon prix ‘ plutôt que celle des gros débarquements, le souci du renouvellement de la ressource proche, duquel la communauté des pêcheurs était strictement dépendante, plutôt que l’épuisement de fonds lointains qu’on peut à  tout moment délaisser pour d’autres, dans l’indifférence et le silence.

On comprend aisément que ce modèle de gestion ait été intellectuellement rejeté dès le tournant du XIX-XX° siècle, au moment où l’introduction de la vapeur et d’autres innovations techniques ouvraient la perspective d’une pêche industrielle généralisée, « productiviste ‘, lointaine et, en fait, ne nécessitant aucune territorialisation, bien au contraire. Dans ce cadre, la « petite pêche » méditerranéenne devenait le contre-exemple idéal : hors de la forme salariale qui s’imposait historiquement alors et de la spécialisation qui en constituait le corollaire, explorant des territoires restreints, fermés de facto à  la concurrence, et débarquant des apports dérisoires et variés, soit au total un particularisme jugé incompatible avec les besoins de la « masse ‘ rationalisés par le haut !

La « ruse de l’histoire » chère à  Hegel fait qu’aujourd’hui, avec l’épuisement des fonds mais aussi avec la défection tendancielle très large que connaissent les produits de masse, ce mode de gestion de la pêche retrouve sa légitimité perdue même s’il est loin encore d’être pleinement reconnu, y compris intellectuellement, par les institutions françaises et européennes.

En s’interrogeant sur un bon usage possible des compétences accumulées par les prud’homies en matière de gestion du littoral, ces réticences institutionnelles ne doivent pas être négligées, de même qu’il serait illusoire de penser que la « méditerranéité ‘ du pêcheur est une entrée nécessaire et suffisante pour un traitement durable de l’environnement. La pêche industrielle, au cours de l’histoire, n’a pas été absente sur le littoral méditerranéen, spécialement après la seconde guerre mondiale, disons même qu’elle y est toujours présente et parle souvent haut en étant toujours la seule interlocutrice reconnue. A ces deux points de vue, une « reformalisation ‘ de la pratique prud’homale apparaît incontournable, particulièrement dans son rapport à  l’environnement

Graphique sur l’évolution des apports de la pêche sur longue période – Source CERS

Premiers résultats d’une étude en cours réalisée avec la coopération de César Centi, CERS Univ. Aix-Marseille II

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Mulet froid en gelée en belle-vue (4 personnes)

Pour réaliser cette recette il faudra le choisir plutôt gros, 1 kg environ, et prévoir 1 gros oignon, 1 carotte, 1 branche de céleri, du thym et du laurier, 10 cl de vinaigre, 6 œufs durs, 80 g de beurre, 5 cl de crème, 3 tomates, 300 g de macédoine de légumes, 6 feuilles de gélatine, de la laitue, de la mayonnaise, du vert de poireau, du cerfeuil et du persil haché. Pour l’assaisonnement nous aurons besoin de sel gros, sel fin, poivre et piment de Cayenne.

Une fois le poisson nettoyé, faites un court-bouillon avec l’oignon, la carotte, le céleri, le tout coupé en petits dés dans de l’eau. Ajoutez le thym, le laurier, le vinaigre, du gros sel et du poivre de Cayenne.

Placez le poisson sur la grille de la poissonnière, puis immergez-le dans le court-bouillon refroidi. Pochez pendant 15 mn environ en évitant toute ébullition. Laissez refroidir le mulet dans sa cuisson.

Ecalez les œufs durs, coupez les en deux, retirer et écrasez les jaunes. Mélangez avec le beurre, la crème fouettée, sel et poivre. Remplissez les blancs avec cette farce avec une poche à  douille cannelée. Coupez les tomates en deux et videz-les. Remplissez avec la macédoine de légumes.

Chauffez 1 litre de court bouillon refroidi et passé, et ajoutez les feuilles de gélatines ramollies dans de l’eau froide. Pelez le mulet en prenant soin de retirer totalement les parties noirâtres et de gras, glacez-le avec la gelée et placez-le en enceinte réfrigérée une vingtaine de minutes. Renouvelez l’opération une fois.

Décorez le mulet, avec le vert de poireau blanchi, des détails de tomates, le cerfeuil, quelques feuilles d’estragon blanchies en forme de fleur etc.

Déposez-le sur le plat de service, sur un lit de feuilles de laitue. Disposez autour, les blancs œufs durs et les tomates garnies de macédoine. Accompagnez de sauce Vincent (mayonnaise + jus de cerfeuil et persil haché)

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Aile de raie en friture

Si la raie est entière, je la cuis al-dente au court-bouillon ou sur la plaque du four. Une fois cuite, la peau et le cartilage se détachent facilement. Avec un filet d’huile d’olive, et un peu de sel, c’est comme cela que l’on sent le mieux le goà’t du poisson. Pour cuisiner directement les ailes de raie, je les farine et les fais frire à  l’huile dans la poêle. Elles gardent leur goà’t et sont croustillantes.

* Jean-Michel Cei est patron pêcheur et prud’homme de Sanary sur mer

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Saumonette à  la tomate

Je fais revenir quelques minutes les filets de saumonette et les mets de côté. Par ailleurs, je fais revenir de l’échalote dans l’huile, je rajoute un peu de vin blanc, puis des tomates pelées et concassées, et je relève cette sauce avec sel, poivre et peu de piment. Quand la sauce est un peu épaisse, je rajoute le poisson 10 mn et le sers avec du riz.

* Jean-Michel Cei est patron pêcheur et prud’homme de Sanary sur mer

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Langouste au four

Je coupe la langouste en deux, entre les 2 yeux. Dans un bol, je mets un bon carré de beurre à  peine fondu (au micro-ondes par exemple) avec du sel, du poivre, une gousse d’ail écrasée, 10 feuilles de basilic ciselées, le jus d’un citron additionné d’un peu de zeste. Je recouvre les deux parts de langoustes de la moitié de cette sauce et je passe au four 7 mn (200°C). Puis, je les ressorts, les enduis à  nouveau avec le restant de la sauce, et finis la cuisson au four 7 mn de plus. C’est facile et excellent !

* Jean-Michel Cei est patron pêcheur et prud’homme de Sanary sur mer

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Pêche des langoustes au thys à  Sanary

Les thys, ou sujetières, sont des trémails à  mailles très claires (des gros carreaux) d’1m50 de haut. En général, on cale 2 jeux de 10 pièces de filet (de 100 m de long chacune) dans des fonds de 90 à  150 m. On travaille sur des fonds durs à  langoustes. Les filets restent 2 à  3 nuits, en principe. Si on sait qu’il y a du poisson, on ne laisse que 2 nuits. Après, cela dépend aussi de la météo. Au-dessus de force 5, cela devient embêtant, la langouste risque de s’abîmer. Quand le bateau se dresse avec la vague, cela tire sur le filet, on risque de casser 2, 3 pattes Si elle est mal emmaillée, on la casse en 2. On essaie d’éviter.

Un filet que l’on perd, on l’égrapigne. Si on ne le récupère pas, c’est qu’on nous l’a volé. Ce sont des cargos qui nous coupent les signaux quelquefois. Avec les cônes radars, c’est déjà  beaucoup mieux. Au Cap Sicié, les cargos passent à  un demi-mille de la côte. Ils suivent la ligne de fonds des 100 m. Ils passeraient un demi-mille en dehors (au large), en suivant la ligne de fonds des 500 m, ils ne gêneraient personne. Un jeu de thys, avec le montage, revient à  1500 euros (120 à  150 euros la pièce), alors on préfère le récupérer

Y a des roches à  langoustes, et des roches à  poissons. Quand il y a une roche et que je sais qu’il y a des langoustes, je vais faire 1 ou 2 calées puis je vais les laisser. Il faut varier pour que les zones se refassent. à‡a dépend, le pêcheur, comment il travaille. S’il prend tout, l’année d’après il n’y a plus rien, la roche est morte.

Pour la langouste rouge, on commence fin avril – ou même en mai si on pêche par ailleurs. Elle commence à  nager au printemps, alors que la rose on peut la pêcher toute l’année. A la belle saison, on travaille régulièrement jusqu’en septembre. La demande suit, nous avons notre clientèle. A l’automne, c’est la période de frai. Si on veut retrouver des langoustes plus tard, il faut les laisser pondre C’est la logique, comme de rejeter les femelles grainées et celles de petite taille. Ce serait bien de re-consigner ces usages dans les règlements prud’homaux pour les jeunes qui arrivent à  la pêche.

Avec les langoustes, on prend quelques gros poissons : baudroie (lotte), raie, chapon, badasque, saint-pierre, moustelle, quelquefois un congre, une araignée Parfois, à  Noêl, on pêche la langouste rose pour le marché, on la trouve à  partir de 300 m de fond, avec le même filet.

Le courant varie tous les jours. S’il est trop fort, on ramasse beaucoup de cochonneries : bouteilles, ferrailles, pierres ce qu’il y a au fond. Cela dépend des temps perturbés, des coups de vent d’est. Cela fait 2 mois que l’on a des séries de courant abominables. On a eu la totale cette année : le vent, le froid, le courant Nos jours de sortie sont de 10 jours en janvier, 3 jours en février et là , événement, on vient de faire 7 jours d’afilée en mars. 119 coups de vent depuis le début de l’année, donc plusieurs par jour !

A Sanary, nous sommes 2 bateaux à  faire ce métier régulièrement. J’ai un bateau de 6 m (45 cv) pour la petite pêche côtière. C’est un patron pêcheur retraité qui le mène. Il sort quand il veut. C’est surtout pour la vente, pour diversifier les apports. Sur le quai, c’est mon frère qui fait la vente.

Les apports peuvent varier entre 10 et 20 kg en moyenne (une trentaine de langoustes). C’est cyclique, l’année dernière, c’était une bonne année. On les vend directement, en moyenne à  60 euros du kg, et à  50 euros au mareyeur. Je peux les garder en vivier, elles tiennent sans problèmes- même 3 à  4 mois si on voulait !  » mais si on les garde 15 jours c’est le bout du monde. Quels que soient les apports, l’hiver, la vente n’est pas forte : un peu le week-end et les jours fériés, et quand il fait soleil ! Les jeunes ne viennent pas trop. Puis les clients regardent les prix sans faire attention à  la provenance, ou à  l’élevage. Il faudrait que l’on fasse plus de publicité.

Avant l’arrêt de la thonaille, on allait très peu à  la langouste – seulement quand il y avait la lune et que l’on ne pouvait pas caler la thonaille – et pour diversifier la vente. Et maintenant on s’est reporté sur la langouste, la dorade rose, le merlu. J’avais 2 marins, maintenant, j’ai 1 marin et 1 apprenti. A moyen terme, on va tout détruire si l’on ne peut pas pêcher le thon Cette année, ils proposent que l’on pêche notre quota à  la canne L’espadon, cela va être plus difficile ; il faut le prendre au palangre, c’est beaucoup plus de travail, il faut l’amorce, le bateau est équipé différemment

Est-ce qu’on a envie de se lancer là -dedans ? C’est un autre métier. Si l’on est seul à  pêcher, ça va mais, dès que les autres bateaux arrivent, les captures baissent Là , en voulant préserver les thons que va-t-il se passer ? Ils vont bouffer tous les anchois et les sardines. Les merlus et les autres espèces derrière vont chuter. Pour le thon, ils disent qu’il n’y en a plus mais ils regardent les zones de grande concentration. Ils ne savent pas qu’il y a des compagnes éparpillées un peu partout. On le voyait à  la thonaille. Si ce sont des classes d’âge qui manquent -car ils sont longs à  venir- pourquoi ne pas préserver les zones de frayère ? Interdiction de pêche des gros géniteurs. Même la pêche de loisirs au broumé cible les gros poissons de 100 kg Les petits sont en abondance phénoménale et on surpêche les gros avec des bateaux industriels Quand la ressource baisse, à  la pêche artisanale, on s’arrête de nous-mêmes parce que le métier n’est plus rentable.

La thonaille, je la fais depuis 1996. Quand on a commencé, il n’y avait pas beaucoup de bateaux et la pêche était beaucoup moins forte que maintenant. Avant cela, je pêchais les thons à  la canne, surtout le germon. Les thons rouges ont fait disparaître les germons  » nous, on le voit comme ça  » on prenait 40, 60, 150 germons à  la canne, et seulement quelques thons rouges. Maintenant, on ne prend plus de germons et il y a des thons de partout.

A bord du « Dragon ‘ (11 m, 287cv)
Entretien avec Jean-Michel Cei, patron pêcheur et premier Prud’homme de Sanary

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Du Pays de la Montagne Blanche au Sel de la Terre : Quand la vie renaît

Ce voyage au Liban dont nous avions repoussé l’issue en 1998, alors que la triste possibilité de perdre un être cher avait frappé à  la porte, nous l’attendions, sachant que nous devrions nous confronter aux traces refroidies de la guerre ou aux effets des horreurs « d’un plomb durci ‘ dans les chairs de femmes, d’enfants de Gaza.

Tyr: port nord. En arrière plan: le chantier de construction

Allez donc concevoir les images d’un film surréaliste « les voix de la mer ‘ quand celles de Gaza hantent votre imaginaire et vos nuits. Allez donc, auteur de Halieutica Phoenicia , retrouver les vestiges intacts de ce qui fut une grande civilisation maritime, dans un pays ravagé par 17 ans de guerres civiles et puis celle non moins terrible du sud Liban. Difficile ? Comment ne pas prendre part aux résistances, participer à  la construction d’espaces de solidarité autour d’un peuple à  l’abandon, sérialisé, muré et dont la terre, l’eau, le droit d’être et de se reconnaître dans un Etat est bafoué ? Cette tragédie ne pouvait pas ne pas être au cœur du Forum Social International de Beyrouth durant trois jours. Beyrouth, la meurtrie, Beyrouth, la reconstruite qui dans la diversité vraie crie à  travers sa jeunesse du « Baromètre ‘ sa soif de vie joyeuse, sa soif de paix, d’un futur du Liban ; Beyrouth, la vieille parisienne, Beyrouth où fut proclamée en 2002 l’Initiative Arabe de Paix avec Israêl.

Candide avait enregistré avec optimisme la renaissance des contacts, des relations diplomatiques avec la Syrie marquées par le respect mutuel. 2009 doit être pour le Liban, qui fut pendant 30 ans le théâtre de conflits de logiques externes, l’an I d’un retour à  la paix, à  la convivialité civile, à  la renaissance de la tolérance solidaire.

Lecteur, soit ! Cela est très politique, mais il faut bien saisir qu’un voyage comme celui-là  engage par trop et qu’avant d’évoquer le sel d’une terre méditerranéenne – celui de la petite pêche au Liban – il convient de comprendre le poids de surdéterminations qui en ont trop longtemps conditionné l’existence.

Il n’était pas simple de voyager là -bas, pour exposer une stratégie de développement alternatif de la pêche côtière méditerranéenne, quand les armes de destruction les plus barbares brà’lent et déchirent la chair de tout un peuple à  quelques 300 km de l’endroit où l’on cherche à  dessiner l’horizon d’un futur, un futur digne et viable pour ceux dont les pratiques et les riches relations à  l’univers marin se sont développées il y a plus de 3000 ans Comment se rendre au sud-Liban, terre d’élection du Hizbullah, terre de « l’Islam intégriste ‘ ? Qui eut pu m’empêcher de contempler les vestiges de Tyr « celle si parfaite de beauté ‘, « toi dont le territoire est au cœur des mers ‘, dont « tes constructeurs ont achevé la beauté ‘ ?

Non seulement je vis Tyr, son port nord aux soubassements phéniciens, mais j’y passais un des plus beaux moments de ma vie d’anthropologue avec Khalil et Quassam, après avoir consacré près de 30 ans d’une vie à  comprendre les cultures maritimes méditerranéennes, leurs pratiques et leur histoire dans la très longue durée.

Dès son ouverture le 16 Janvier, le Forum International réunissait au Palais de l’UNESCO plus de mille participants dont un ancien secrétaire d’Etat de Carter, d’anciens ministres du Liban, de l’Egypte et de l’Iran, des représentants de Palestine et du Hizbullah, de mouvements de résistance de la société civile de l’Asie du sud-est, de l’Europe et de tous ceux qui construisent le socialisme démocratique en Amérique du Sud, mes amis de la « sinistra euro-mediterranea ‘, ceux qui furent mes professeurs au cours de mes études Il était clair dès lors qu’il s’agissait d’un évènement retentissant, et pas seulement pour le Proche et le Moyen Orient. Aljazeera organisa l’atelier des médias. Plus de 20 télévisions arabes étaient présentes. Ce riche événement, remarquablement organisé, j’eus le bonheur d’y participer grâce à  Leila, « la dame de Beyrouth ‘, comme on le dit dans l’antique sagesse des premiers états-cités de la côte syro-palestinienne. Beyrut c’est aussi en phénicien le puits, la source.

Agée,de plus de 90 ans, cette vieille  dame de Canan aura vu

Durant trois jours se mit en place un immense chantier d’élaboration d’une solidarité internationale, d’une économie alternative des communautés, capables de faire face aux effets d’un mode de production capitaliste en crise, impuissant à  répondre au sauvetage de la planète, aux urgences sociales, à  la lutte contre la misère. Ce fut aussi le chantier de la construction d’une méso-région méditerranéenne, basée sur une égale dignité au sein des peuples et des cultures. Avec ses quelques 250.000 petits pêcheurs, beaucoup découvrirent dans l’atelier qui leur fut partiellement consacré, et qui comptait près de 200 participants, l’intérêt que représente ce secteur. Plus qu’une activité économique, il s’agit d’un cheminement stratégique d’une morphologie sociale dans la reconstruction des écosystèmes marins, d’une inventivité et d’une capacité culturelle à  répondre au capitalisme halieutique. Furent présentés les principaux points de la charte élaborée par le Forum de la société civile à  Bangkok en octobre 2008 – lors de la Conférence Globale sur les pêches à  petite échelle organisée par la FAO.

Restait à  l’anthropologue quelques jours pour visiter des communautés de pêcheurs, établir des contacts, procéder à  un premier relevé, s’imprégner comme une éponge d’images, de mots, de manières d’être. Deux voyages au sud eurent lieu dont l’un jusqu’à  la frontière avec Israêl. Je découvris la beauté d’une moyenne montagne aux nombreuses terrasses bien construites, aux villages chiites rebâtis, surpris de voir autant de riches et larges demeures. La guerre s’est retirée. Je suis frappé de ce que l’économie paysanne du sud-Liban m’apparait plus riche que celle de la Calabre de l’Aspromonte que je connais si bien.

Me restent en mémoire, les rires, la joie, les questions de ces enfants d’une école située à  quelques centaines de mètres de la frontière. Jour et nuit, l’armée israélienne observe les mouvements de la vie d’un peuple de paysans dont les champs sont remplis de bombes mortelles à  fragmentation.

Les patrouilles de la FINUL sont présentes et c’est bien ainsi. Je croiserai à  l’aéroport le contingent français rentrant après quatre mois de mission. Aucun évènement difficile ou douloureux n’était à  déplorer. Aucun problème avec les villageois non plus.

Mais la pêche de Tyr, que pense-t-elle de tout ceci ? Sa voix sera réservée. Elle vit, et comme toute communauté de petite pêche traditionnelle, avec son territoire, ses instruments (palangres, trémail, nasses) et la négociation réussie de ses produits. Khalil en défendra magnifiquement l’existence au siège du syndicat dans le vieux port de Soà’r (Tyr) aux soubassements phéniciens. Si le siège est délabré, je me sentirai accueilli comme dans une belle demeure et j’aurai la bonne surprise d’apprendre que la World Bank ne parviendra pas à  mettre la main dessus pour ses projets. La plage de Tyr, zone protégée, est une plage magnifique. C’est là  que l’on vient de Beyrouth pour passer entre amis, entre parents, entre amants un beau moment. C’est là  qu’en territoire Hizbullah on vient déguster le poisson.

Si la biodiversité marine au Liban est moins riche qu’ailleurs (330 espèces pour 660 en mer d’Alboran), l’étalage des poissonniers du vieux suq est bien garni. Ce sont les rougets qui manquent, le merlan, les éponges. Les côtes ont été détruites durant la deuxième guerre du Liban par les pollutions pétrolières. Le pompage de ces nappes et le nettoyage a été assuré sur la base de fonds américains.

David pêche et vend les poissons.  Jeanne d'arc cuisine et tient leur restaurant.

Les problèmes auxquels fait face la communauté de 450 pêcheurs – incluant une centaine d’origine palestinienne et qui grossit l’été de 200 jeunes saisonniers – sont ceux de la pêche hautement destructrice à  la dynamite mais aussi au lamparo, et des restrictions territoriales imposées par la patrouille de la FINUL au large. L’Etat renaissant n’est pas en mesure de faire respecter les règles sur le maillage (l’œil du filet), la chasse sous-marine, l’interdiction de la dynamite, la pêche à  l’électricité ou au poison : le lenet. Les anciens sheikh ou rais à  Byblos ne sont plus là  pour faire respecter ce qui est appelé le code de la mer : zeynad al-bahr. Le centre de pêche de Batrun a procédé au repeuplement d’espèces telles que le mérou noir et le poisson « chalumeau ‘ à  Jbail (Byblos). La préoccupation, au nord comme au sud, porte sur la croissance démesurée d’une espèce venimeuse, dangereuse, celle d’un poisson qui gonfle : monfakh, des « bêtes poissons ‘ nous dira Roger « qui ont des dents terribles et qui se mangent entre elles ‘. Rare il y a plus de 30 ans, l’espèce s’est multipliée dans un écosystème marin en proie à  l’agression de l’ordure pétrolière

L’espace vital de la petite pêche ne paraît pas menacé à  Tyr, Saida ou Tripoli. Il se réduit toutefois à  Byblos où, durant la saison touristique, de plus en plus de pêcheurs appelés « les chauffeurs ‘ pratiquent l’art du promène c. La question du port revient souvent – une vraie nécessité tant l’été il est encombré – mais qui pourrait bien se solder à  terme par l’exclusion de quelques vrais 50 pêcheurs parce que les emplacements deviennent trop chers. En somme, une affaire bien connue en Europe, en PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), en Sicile, comme à  Malte. Le littoral est avant tout question de business.

La petite pêche libanaise a su soutenir l’art de ses charpentiers de marine palestiniens ou chrétiens qui continue de construire des embarcations de 5 à  8 m avec une forme ancienne (le quart de lune ou ruba), si courante encore dans le centre-est de la Méditerranée. Avec ces quelques 1500 petits pêcheurs, 4.500 t de produits pêchés, un écosystème riche – particulièrement en thonidés, requins, raies – et ses traditions de pêche à  la palangre de 150 gros hameçons (sharaq), elle va recevoir prochainement des preuves de solidarité de pêcheurs grecs, chypriotes, égyptiens, tunisiens, syriens

Byblos: le célèbre temple aux Obélisques. (2000 a.c.)

Ce qui fut le premier germe d’une riche civilisation maritime va se reconstruire, se réinventer dans de nouvelles formes pour réimposer son code de conduite, respectueux à  l’endroit de la prodigalité marine. Ce qui a été semé un beau jour de juillet à  Ognina en 2001 pour se poursuivre à  Messolonghi en 2004, puis à  Sitges en 2007 va prendre corps , croître, se bâtir à  l’image d’Europe , tel le bateau phénicien que l’on reconstruit à  Tyr.

Opposons à  l’Europe du capital halieutique avec ses quotas individuels transférables, édifiée à  coups de mépris de la force d’être de la petite pêche méditerranéenne, une vraie vision et pratique alternative, multiculturelle, fraternelle, respectueuse dans les faits de ce que la chose halieutique méditerranéenne a toujours offert aux hommes depuis si longtemps et que ceux, excellents producteurs de pourpre, comprirent si bien à  Byblos, Sarafand, Sidon, Tyr, Mothié, Carthage…mais aussi dans le détroit de Skylla (Scylla).

Serge Collet, 28.02.2009 , Hambourg
http : //www.sergecollet.de

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