Marée noire : le silence des autorités chinoises

Les habits maculés de noir, le visage et les cheveux luisants de fioul, les mains nues recouvertes d’une épaisse couche visqueuse, les pêcheurs de Jinshatan ont des allures de mineurs de fond en ces temps funestes de marée noire : depuis l’explosion, le 16 juillet, d’un oléoduc dans une zone industrielle voisine, à  une cinquantaine de kilomètres de Dalian, en Chine du Nord, le petit port de pêche a été transformé en zone de stockage, et des milliers de bidons sont alignés sur le terre-plein…

C’est une mauvaise manoeuvre de désulfuration dans deux oléoducs, lors du déchargement d’un pétrolier, qui aurait conduit à  un incendie dans un réservoir de Xingang, le terminal du port de Dalian réservé aux hydrocarbures. Et au déversement d’au moins 1 500 tonnes de pétrole brut dans la mer…

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3 questions écrites aux Ministres pour la petite pêche méditerranéenne

A la demande de l’UIPMPM – Union Intersyndicale des Petits Métiers de la Pêche Méditerranéenne – M. Vialatte, député du Var, interpelle M. Bruno Le maire, Ministre de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, et M. Eric Woerth, Ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique, par le biais de 3 questions écrites : rétablir la gestion prud’homale, des règles identiques d’application et de contrôle et une répartition égalitaire du quota restant de thons rouges…

Rétablir la gestion prud’homale : une revendication formulée par les prud’hommes pêcheurs et les représentants du Collectif de Sauvegarde du littoral qui proposent une étude approfondie sur le bien-fondé de ce type de gestion spécifique à  la Méditerranée française, voire européenne,

Des règles identiques d’application et de contrôle , notamment pour les filets dérivants qui sont encore utilisés en Italie et non en France,

Une répartition égalitaire du quota restant de thons (171 t) entre les pêcheurs artisans afin de ne pas léser les 75 palangriers et ligneurs au profit des petits métiers « issus de la senne ».

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Un programme sans précédent pour élucider la surmortalité des abeilles

Quelle est la cause de la surmortalité des abeilles sauvages et domestiques qui, partout dans le monde, menacent la biodiversité et la sécurité alimentaire de l’humanité ? Pour répondre à  cette question, les autorités anglaises et écossaises viennent de lancer un programme d’une envergure sans précédent…

Un tiers de l’alimentation mondiale dépend de la pollinisation par les insectes…

Pour expliquer cette surmortalité, la communauté scientifique parle aujourd’hui de causes « multifactorielles », et d’interactions possibles entre les divers facteurs : maladies, parasites, exposition aux pesticides, raréfaction de la nourriture des insectes due à  l’uniformisation des cultures, appauvrissement génétique des reines…

Une équipe tentera de mettre en évidence les effets d’un ou de plusieurs pesticides sur l’activité cérébrale des abeilles au niveau cellulaire… Les pesticides de traitement des cultures, mais aussi ceux qui sont utilisés par les apiculteurs pour éradiquer les parasites dans les ruches, seront testés. L’évolution des capacités d’apprentissage d’abeilles exposées à  des produits chimiques sera également évaluée en laboratoire.

Enfin, volet le plus spectaculaire de la recherche, les abeilles de trois ruches en plein champ seront équipées de puce de radio-identification (RFID), qui permettront de suivre la trace de chaque insecte…

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Attention hypothermie

Emmanuel Audrain (Photo : Sophie Hourdin-Marty) Hypothermie, le mot fait froid et technique, et pourtant cueillis nous le sommes par la chaleur humaine de ces rescapés. Voileux de renom, pêcheurs de métier, passagère d’un ferry, ils sont réunis au travers de leur aventure – inimaginable – qu’ils racontent, visage ouvert sur un gros plan, simplement. Chacun à  sa façon puise en lui-même pour combattre le froid, l’angoisse de la mort, l’abandon. Qu’y a- t- il de plus fort aux confins de notre humanité ? La main tendue leur ouvre une nouvelle vie. A n’en pas douter, pour eux comme pour nous qui regardons, il y a un avant, il y a un après.

L’art d’Emmanuel Audrain est de nous restituer ces récits, au plus près des auteurs qui, par séquences entremêlées, envahissent tout l’espace. Si tant est qu’il y avait un message dans ce film de commande, il est emporté par ce rapport direct avec ce qui nous tient aux tripes : la lutte contre notre propre finitude. Le génie d’Emmanuel Audrain est de recourir au dessin pour faire comprendre d’un trait de feutre la position précaire et mouvante de ces corps perdus au milieu de l’hostile. En quelques traits sobres, les mains retracent l’intensité de la situation. Au-delà  de la pensée reconstructrice, réalisateur et voyageurs de l’extrême font naître l’art sous nos yeux.

Récit d’un tournage

C’est un projet qui a été long, c’est bien quand les projets sont longs, tu mà’ris dedans. L’idée était de donner des informations sur l’hypothermie, transmettre des gestes qui sauvent

Dans un film, il faut la rencontre de 2 désirs : celui du réalisateur qui rencontre quelqu’un et qui désire l’écouter, et celui de la personne qui raconte : « J’ai envie de transmettre ce que j’ai vécu, c’est tellement fort, c’est important, cela peut servir ‘. II y a quelque chose qui se noue. Après, ça prend du temps : trouver le moment où l’on va filmer, les conditions où l’on va se mettre Ensuite, je leur ai demandé de dessiner, c’était encore autre chose. Et là , on avance ensemble et quand le film est presque fini, je viens leur montrer, je leur demande si ils s’y retrouvent.

La femme, elle est étonnante car elle avait beaucoup de raisons de paniquer. Ce n’est pas une grande sportive, elle se retrouve tout à  coup au milieu des déferlantes, et d’entendre qu’elle a une voix en elle : « Ne panique pas, plonge dans les vagues ‘, c’est remarquable !

Catherine Collet projetée d'un navire à  passagers dans les vagues du raz de Sein (Dessin : Catherine Collet)

– C’est un parti-pris d’avoir peu de mouvement ?

Oui, c’est assez épuré. Le cadre de tournage est le même de bout en bout. Quand on voit la combinaison rouge : c’est Thierry, quand le fond est noir : ce sont les 2 pêcheurs, et Catherine est sur un fond plus neutre, chez elle. L’idée était de trouver 3 lieux, 3 endroits où ils puissent revivre et à  ce moment-là  tu ne peux pas leur demander de faire des mouvements. L’émotion, ça passe sur leur visage et un visage, pour moi, y a pas plus beau. Mais on peut pas faire un film uniquement sur les visages

L’idée des dessins était là  dès le début, c’est tellement compliqué si on veut expliquer tout ce qui se passe, et en dessin c’est tout simple. L’autre parti pris c’est la musique et c’est venu en cours de tournage. En travaillant chez moi, j’entends un saxo qui joue tout l’après-midi dans la rue, et je me dis : « C’est proche de la respiration ‘. Je vais le voir mais il partait 6 mois en Egypte. Nous nous sommes revus après. Entre temps, j’avais entendu une phrase de Rachmaninov qui me parlait aussi. Je lui ai dit : « On va partir de là , ce serait bien d’avoir aussi une contrebasse, je vous laisse improviser, je vais vous parler du film ‘. On a fait une journée entière avec le mixeur. Je leur ai montré le début de la maquette et leur ai parlé des moments du film : la mort ou la vie qui est si fragile, si ténue Dans cette phrase de Rachmaninov il y avait la fragilité, la solidarité, la force apportée par les autres j’entendais tout ça, et on est parti de là . Il y a une très belle phrase musicale dans le film qui part de Rachmaninov et dans laquelle Florent Cornillet développe quelque chose de très personnel, qui relève de son univers. On dit aux musiciens : « Faut pas vous offusquer mais on prendra des petits bouts de phrases ‘. Et là , quand les 2 pêcheurs sortent de l’eau, on a gardé une phrase très longue, c’est magnifique ! La musique va toucher un endroit qui n’est pas l’intellect, un endroit qui est plus sensible, elle nous ouvre des portes, on entend différemment, on sent différemment…

Au montage, on va chercher ce qui marche, comment ça marche. Tu vois vraiment quelque chose naître que tu as pressenti mais si peu ! Tu peux être ébloui, y a une espèce de joie quand, au montage, tu sens que ça vient. Tu es le premier spectateur et tu es heureux à  ce moment-là  ! Ce moment-là  de joie, t’as des ailes, tu danses. Tu rentres et le film est là  : « Il me surprend mais c’est exactement ça que je voulais faire mais je ne pensais pas que je pourrais y arriver.. ‘.

Thierry Dubois dans un canot de survie au large de l'Antarctique lors d'une course de Vendée-Globe (Dessin : Thierry Dubois)

Au tournage, Thierry Dubois me disait : « Je veux pas que ce soit dramatique parce que, bon, ça fait partie de la vie d’un gars qui va en mer ‘. Dans le premier montage que je lui montre, les autres racontent qu’ils ont approché la mort, ils ont cru que c’était fini… Thierry Dubois qui reste 3 jours dans un radeau de survie en Antarctique, il lui arrive les pires catastrophes, c’est jamais fini, et il dit : « Bon, il me reste encore mon radeau, il me reste encore ma balise ‘. Thierry voit la maquette et dit : « Emmanuel, ça va pas, ce que les autres ont vécu, l’approche de la mort et ce que ça change après, je l’ai vécu aussi ‘. On a refait un petit tournage qui n’était pas bon et je me suis rendu compte qu’il y avait déjà  tout ça dans le premier tournage, mais c’était tout petit. On est allé chercher ce passage : « Je vais peut-être faire mon trou dans l’eau, c’est arrivé à  mes copains, c’est peut-être mon tour aujourd’hui ‘ et, là , il avale sa salive, c’est pas facile à  dire et avec ce passage, il se met au diapason des autres.

Les deux pêcheurs, on est allé les filmer de nuit. Le matelot, le premier que l’on rencontre, nous parle beaucoup. Le patron arrive finalement. à‡a ne devait pas être facile de revenir sur tout cela : il a cassé sa voiture en venant, il est pressé, il est en retard On arrive sur cette plage, on entend le ressac derrière, on met un peu de lumière, le preneur de son, moi derrière la caméra ça dure même pas 10 mn d’enregistrement. Je relance sur ce qui était majeur pour moi : Régis, le matelot, ce moment où le bateau n’est pas encore coulé, il se dit : « Je retourne chercher la bouée couronne  pour Florian, il ne sait pas nager‘. A nouveau l’histoire se déroule avec d’autres détails, et au bout de 10 autres minutes ça s’arrête, et je sens qu’ils ne peuvent plus rien en dire. On rentre, dans la nuit, de St Brieux à  Lorient et dans la voiture je suis un peu inquiet, je me dis : « Est-ce que tout y est ? ‘ J’en parle avec l’ingénieur du son : «  Tu crois que ça y est ? ‘ « C’est fort, toujours, c’est court mais c’est fort ‘.

On se retrouve quelque temps plus tard avec la monteuse, on met tout ça bout à  bout sur la table de montage. Je me dis : « Est-ce qu’avec 3 récits : une femme en une demi-heure qui manque de perdre sa vie en passant à  l’eau d’un bateau de passagers dans les déferlantes du raz de Sein, les marins 5h dans l’eau, dans la nuit et dans le froid de l’eau, et Thierry Dubois 3 jours, 3 nuits dans un radeau de survie une demi-heure, 5 heures, 3 jours-3 nuits, va-t-on arriver à  passer de l’un à  l’autre ? J’ai l’impression qu’ils ont tous vécu la même chose : le froid qui mord, l’approche de la mort, et pour les 2 pêcheurs : « Il faut qu’on se soutienne l’un, l’autre ‘. Chacun se raccroche à  ce qui tient sa vie, tenir et sortir de ce moment-là  différemment. Et au montage, j’ai la certitude que ça marche. Tu engages des options, des paris, mais tu ne le vois que sur la table de montage.

Florien Morin et Régis Bougeard accrochés à  une caisse flottante suite au naufrage de leur chalutier en pleine nuit (Dessin : Florian Morin)

– Qu’est-ce que tu en retiens de ce film ?

Collectivement ils portent quelque chose qui me touche, et le jeune matelot qui parle si peu incarne bien ce que j’appelle l’intelligence du cœur : « Mon patron sait pas nager ‘. Intuitivement il trouve quelque chose, il repart chercher la bouée couronne  C’est le sentiment d’une fragilité collective qui est si forte chez les marins ! Ils seront plus forts à  plusieurs. Tu tombes en panne sur la route, ce n’est pas dramatique ; en mer c’est ta peau qui est en jeu.

– Le tournage des récits se fait en une seule fois ?

Oui, t’as pas droit à  l’erreur. Ils vont raconter une fois et il faut être bon tout de suite, il faut pas que le son, ou la lumière, soient à  la traine Les 2 pêcheurs, je les ai lancés : « Vous êtes la nuit, dans le raz de Sein, fatigués, qu’est- ce qu’il s’est passé ? ‘ J’essaie de commencer par une question un peu anodine pour que la caméra tourne, qu’on fasse nos réglages. Après, je sais qu’on va arriver dans le tournage vraiment et il faut que tout soit carré, qu’on soit bon quoi ! Dans le documentaire, on sait bien que les choses très profondes, on les donne la première fois.

Remettre les gens dans l’eau dans des conditions dramatiques, ce n’est pas possible, alors le documentaire construit sur un récit ça me convient bien !

– Comment es-tu venu au cinéma ?

Le cinéma est mon mode d’expression. J’ai été photographe et quand j’ai proposé mes 2 premiers reportages, on m’a dit : « Vous faites les textes ? ‘ et pendant 10 ans j’ai vécu en faisant des reportages photos et textes. Mon goà’t était à  la fois les sujets à  résonance écologique, et la mer, et la Bretagne Quand au début des années 80, je vois un film de Raymond Depardon qui tourne tout seul, qui est photographe Je me dis : « Si on peut faire du cinéma comme ça, aussi léger qu’un photographe, qui reste longtemps, qui bosse avec les gens, qui se fait oublier c’est ça qui m’intéresse ‘. Cinq ans plus tard, je suis sur un bateau de l’ile d’Yeu avec une caméra et on part filmer la pêche du thon blanc à  la traîne. C’est une marée d’un mois, puis une autre marée… Tu bosses presqu’un an, en travaillant à  toutes les étapes : convaincre, écrire, trouver les moyens, monter, accompagner cette durée sur un projet c’est magnifique ! C’est le documentaire qui le permet, je vis avec les films que je fais,
je vis dedans, je mà’ris dedans, y a des moments où t’es embarqué, t’es tout seul, au tournage comme au montage. Tu penses, tu manges, tu dors avec le film que tu as en chantier C’est aussi une vraie responsabilité vis-à -vis des gens que tu as filmés.

C’est à  l’initiative de Janick Moriceau, vice-présidente de la Région Bretagne, chargée de la mer et de Georges Le Lec, de la Fédération Bretonne de la Coopération Maritime, que m’est confiée la réalisation de ce film sur l’hypothermie : « Ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire ‘. Marqué par la perte de deux amis marins-pêcheurs, c’est en 2004 que je me suis engagé sur ce thème de la sécurité en mer avec « VFi La vie continue ». Vingt et une minutes, pour inciter les futurs marins pêcheurs à  porter les nouveaux Vêtements à  Flottabilité Intégrée. . Le DVD de ces 2 films est vendu avec l’Almanach du Marin Breton (Maison de la Presse, 21€) ou sur commande : amb@marinbreton.com, 24 Quai de la Douane, 29200 Brest. T. 02 98 44 06 00.

Autres films  : Boléro pour le Thon Blanc , Sauveteurs, Mémoire des Iles, PARTIR accompagné ‘ (Soins palliatifs), Je suis resté vivant ! ( Enfants de Sarajevo), Le vent d’été est léger, Rue des Thoniers, La Rochelle – port breton, Victor Tonnerre, Les enfants de l’Erika, Alerte sur la ressource , Le testament de Tibhirine .

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Des espèces de la Mer Rouge arrivent sur nos rivages

Poisson flà'te

Une colonisation pas si évidente

A moins que l’espèce lessepsienne([Appelées ainsi en référence à  Ferdinand de Lesseps)], initiateur du canal de Suez ne transite dans les eaux de ballast de navires ou ne se fixe sur la coque des navires, il lui faut franchir un canal étroit, fortement salé et risqué (manque de substrats rocheux pour se cacher). L’espèce « exotique ‘ doit pouvoir se reproduire avant de s’étendre progressivement en sa nouvelle mer. La reproduction dépend de la salinité et de la température de l’eau (cette dernière a augmenté en surface depuis la fin des années 90). Elle dépend également du degré de biodiversité du milieu en raison de la compétition pour l’habitat et la nourriture.

mais réelle

Le taux moyen de migration est passé de 2,3 espèces par an, entre 1928 et 1997, à  6,4 espèces par an, après 1998 (+173%). Depuis la construction du Canal de Suez en 1869, plus de 500 espèces (dont les poissons) se sont introduites en Méditerranée orientale.

Poisson coffre à  toxine mortelle

Un impact préoccupant pour l’environnement et la pêche

Par la présence de fleuves et leur apport en sédiment et matière organique, les eaux qui baignent nos côtes sont plus riches et la biodiversité plus grande que dans le cas de la Méditerranée orientale. De ce fait, le peuplement par de nouvelles recrues peut prendre plus de temps mais il n’en modifiera par moins les écosystèmes, réduisant la part des espèces natives et renforçant l’uniformisation des milieux. Les espèces invasives représentent actuellement 43% des ressources halieutiques en Turquie.

Poisson lapin

3 volets pour préserver nos milieux :

– Prendre en compte les risques d’accélération de l’envahissement : agrandissement ou approfondissement du canal de Suez([A son ouverture en 1869, le canal avait une profondeur de 8m et une largeur variant entre 65 et 98m. Aujourd’hui, sa profondeur est de 25m et sa largeur de 400m. A chaque augmentation de volume, les fluctuations de température à  l’intérieur du canal se réduisent tandis que l’augmentation de la profondeur facilite le passage d’espèces infralittorales.)], déversement des eaux de ballaste des navires

– Développer un réseau d’observation avec les pêcheurs et usagers maritimes et un suivi international par les organismes scientifiques de recherche.

– Préserver la biodiversité actuelle est encore le meilleur moyen de limiter ces invasions : par la mise en place d’aires marines protégées avec la coopération des pêcheurs, par la réduction des effets polluants et des atteintes aux zones de frayères littorales, par le suivi de la diversité planctonique

Voir les trois principales espèces invasives :

Voir le rapport des élèves ingénieurs : « La faune lessepsienne : quels impacts, quel avenir ? de l’Association Méditerr’Agro

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Les méduses, ça pique mais ça peut aussi rajeunir la peau

Les méduses sont la hantise des estivants qui redoutent leurs tentacules urticantes, mais, à  l’opposé des idées reçues, un laboratoire breton en extrait un produit destiné à  rajeunir la peau, des chercheurs s’intéressent à  leur propriété fluorescente et des gastronomes savourent leur texture croquante…

« La méduse, c’est 98% d’eau, 1% de sel et 1% de collagène. C’est ce produit que l’on extrait depuis une dizaine d’années des méduses Rhizostoma »…

Ce collagène est très proche du collagène humain. Il est issu de cnidaires (famille des méduses) très peu urticants, qui se nourrissent de plancton et peuvent atteindre les 30 kg.

Ceux-ci prolifèrent à  la fin du printemps près des côtes atlantiques, à  la faveur du réchauffement des eaux. « On les capture au filet au large de La Rochelle pendant une petite semaine, à  raison de deux tonnes par jour »…

L’ombrelle de l’animal (partie supérieure bombée qui sera, seule, utilisée) est congelée et broyée. Les fibres de collagène en sont ensuite extraites en y injectant de l’acide acétique (vinaigre)…

Récemment, la recherche s’est aussi intéressée à  une protéine sécrétée par la méduse Aequorea Victoria, qui la rend fluorescente…

« Une fois isolée, la GFP (Green Fluorescent Protein) peut être incorporée dans des cellules et ainsi servir de traceur pour les chercheurs »… Croissance de tumeurs cancéreuses ou évolution de bactéries pathogènes peuvent ainsi être mieux étudiées…

En Chine ou au Japon, la méduse est aussi « un plat recherché qui fait partie de tous les repas de gala »… L’espèce la plus consommée est la Rhopilema Esculenta… Elle est aussi importée en France et servie dans quelques restaurants asiatiques.

Elle peut notamment se déguster en salade, découpée en lanières et marinée dans une sauce sucrée-acidulée pour compenser son goà’t un peu fade. La texture s’apparente à  du concombre ou du poulpe, mélange de croquant et de caoutchouteux…

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Emission « Pièce à  conviction ‘ sur FR3 Assiette tous risques

Le reportage de FR3 dénonce les dérives industrielles et leurs impacts dramatiques sur nos aliments :

– l’usage d’un violent pesticide (diflubenzuron) dans les élevages norvégiens de saumons pour tenter de les débarrasser des poux parasites,

– des traces de PCB dans des oeufs de poules élevées en plein champs, ou dans certains poissons de la baie de Seine ou de l’estuaire de la Gironde,

– du bromure de méthyle dans les fraises importées d’Espagne,

– l’usage immodéré d’antibiotiques pour favoriser la croissance d’animaux d’élevage comme le porc ou le lapin…

En parallèle, un médecin d’un hôpital parisien témoigne de l’augmentation du nombre de malades porteurs de bactéries résistantes aux familles d’antibiotiques existantes.

Une bonne nouvelle, cependant : avec un régime de 13 jours, les résultats se voient déjà  dans les analyses d’urine, l’état de santé général et l’élimination de graisses. Telle en témoigne l »expérience menée sur 3 volontaires pour cette émission.

Un conseil : manger des produits frais, locaux, et si possible bio.

Pour voir l’émission

Pour voir la réaction du Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche

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Une banque mondiale pour les savoirs traditionnels

Aux portes de la cité des Médicis, dans les vertes collines de cyprès et d’oliviers striées d’une ligne mordorée par les eaux de l’Arno, se découpent deux tours crénelées, aux murs de pierre bistre. Gualchiere di Remole, bourg médiéval fortifié a été occupé, au XIVe siècle, par une riche famille florentine, les Albizzi, membre de l’Arte della lana (art de la laine), une des puissantes corporations d’arts et métiers de la ville.

C’est là  que va s’installer l’Institut international des savoirs traditionnels (International Traditional Knowledge Institute, ITKI). Une initiative unique en son genre, soutenue par l’Unesco. Pour l’heure, les 2 000 m2 de bâtiments sont en ruine, les 10 hectares de terrain en friche, les habitations attenantes à  l’abandon. Mais le lieu, propriété de la commune de Florence, n’a pas été choisi au hasard. Il incarne, mieux qu’un fastueux palais, l’esprit qui anime le nouvel institut.

Au Moyen Age, le site était un centre actif du travail de la laine, auquel la cité toscane devait une partie de sa prospérité. Une prise d’eau en amont sur l’Arno, qui dessine à  cet endroit une anse, actionnait des moulins à  foulon battant l’étoffe. Les grandes roues hydrauliques ont ensuite été remplacées par d’autres, plus petites, entraînant des moulins à  blé. « Ce que nous voulons, c’est reprendre le fil de la tradition, explique Pietro Laureano, président de l’ITKI. Le patrimoine culturel ne se trouve pas seulement dans les monuments ou les galeries. Il est inscrit dans le territoire, les ouvrages et les paysages façonnés par l’homme. »

De Gualchiere di Remole, il veut faire un centre emblématique de « transmission de la mémoire ». Les roues hydrauliques, restaurées, seront exposées au public au sein d’un musée des sciences. Une tour hébergera une reconstitution du laboratoire de Léonard de Vinci, dont le Codice Atlantico comprend plusieurs planches de dessins annotés sur les techniques hydrauliques utilisées ici. L’autre abritera un centre de recherche. Des ateliers textiles artisanaux et des boutiques de mode ouvriront.

Au bord du fleuve sera aménagé un espace de loisirs. Mieux, des bateaux électriques remonteront l’Arno depuis le Ponte Vecchio, une quinzaine de kilomètres plus à  l’ouest, et se rechargeront sur place grâce à  des microturbines. « Autrefois, le fleuve était navigable, précise M. Laureano. Ce que les anciens faisaient, nous pouvons le faire. »

Il faudra trois ou quatre ans pour mener à  bien ce projet, financé par les collectivités et plusieurs fondations. Mais ce n’est que la partie visible d’un travail, souterrain et de longue haleine, d’inventaire, de conservation et de diffusion des savoir-faire du monde entier.

La tâche est immense. Elle a déjà  commencé, à  travers une Banque mondiale des savoirs traditionnels. Une référence volontairement provocatrice à  l’institution financière des Nations unies. « Le modèle économique actuel est fondé sur la destruction des ressources de la planète, accuse le président de l’ITKI. L’innovation technologique, contrôlée par de grands groupes, devient un adversaire de l’homme. Notre démarche est l’exact contraire. Les innovations, anciennes ou à  venir, doivent être au service d’un monde durable. »

Une collecte permanente d’informations, relayée par des dizaines d’experts, va permettre d’enrichir une banque en ligne des techniques anciennes, mais aussi des réalisations modernes : ressources en eau, protection des sols et de l’environnement, énergies renouvelables, habitat, urbanisme, agriculture, sylviculture, artisanat, organisation sociale…

De ses huit années passées dans le désert, et des projets coordonnés en Algérie, en Ethiopie, en Jordanie ou au Yémen, Pietro Laureano, architecte de formation et consultant auprès de l’Unesco pour les zones arides et les écosystèmes en danger, a rapporté une foultitude d’expériences.

Au Sahara, en Chine ou en Iran, des oasis sont aujourd’hui irriguées, comme elles l’étaient voilà  3 000 ans, par des galeries drainantes souterraines (« foggara » en arabe ou « qanat » en persan) diffusant les eaux d’infiltration. Une solution préférable au creusement de puits qui risque d’assécher les nappes profondes et de provoquer une salinisation des sols.

Après un test à  petite échelle, l’Algérie vient de lancer un programme de 5 millions d’euros pour la réhabilitation de telles galeries, dans l’oasis d’Adrar. Encore faut-il s’inspirer des acquis passés : dans le sultanat d’Oman, l’enfouissement de canalisations en dur a eu l’effet inverse du résultat escompté, le béton faisant obstacle à  la diffusion de l’eau au lieu de la collecter.

Autre exemple, les « bisses », ou biefs, étroits canaux à  faible pente qui, dans le Valais suisse, permettent de recueillir, par gravité, les eaux de fonte des glaciers, et d’irriguer ainsi les zones d’altitude. Le procédé est aujourd’hui repris au Tibet, avec des améliorations. Pour préserver les ressources en eau menacées par le recul des glaciers, sont construits de petits barrages en pierre, qui forment des lacs réservoirs.

Souvent, les méthodes les mieux éprouvées sont aussi les plus simples. Sur des îles de la mer Rouge, des bergers érythréens dressent, près du rivage, des murets sur lesquels l’eau évaporée se condense et ruisselle, ce qui suffit à  entretenir une mince bande de pâturage. Un bon usage, aisément reproductible, des lois élémentaires de la physique, qui explique la présence, dans certaines oasis, de constructions en pierre faisant office de capteurs d’eau. Et donne, peut-être, une nouvelle signification aux alignements de mégalithes, tels que les « pierres debout » de Stonehenge, en Angleterre.

D’autres sont plus sophistiquées. En Ligurie, les cultures en terrasse, autrefois de mise dans le bassin méditerranéen, ont pu être conservées, malgré la mécanisation, grâce à  l’installation de funiculaires, que pourraient remplacer des monorails.

L’histoire étant une perpétuelle réinvention, l’agriculture raisonnée ou l’habitat économe modernes remettent au goà’t du jour des pratiques ancestrales. Les jardins suspendus de Babylone – même si leur réalité historique est douteuse – renaissent dans la couverture végétale des immeubles à  énergie positive.

Des façons de faire précieuses se sont pourtant perdues ou sont menacées de disparition, regrette M. Laureano. A ses yeux, il revient aux pays développés de montrer que leur sauvegarde n’est pas une utopie. A Matera, dans le sud de l’Italie, il a ouvert la voie en réaménageant, avec des techniques et des matériaux traditionnels, l’une des grottes (les « sassi ») dont les habitants ont été évacués dans les années 1950, pour cause d’insalubrité. Aujourd’hui, 5 000 personnes vivent dans cet habitat troglodytique.
La banque en ligne des techniques anciennes : www.tkwb.org

Sur le Web
Pierre Le Hir

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L’Encre de mer n° 26-27

Le nouvel Encre de mer vient de sortir avec des informations sur les espèces invasives de la Mer Rouge (dont une à  toxine mortelle), et sur les gestes qui peuvent sauver en cas de chute dans l’eau froide.

A l’occasion du festival de films « Pêcheurs du monde » à  Lorient, Emmanuel Audrain raconte le tournage de son dernier film « Attention hypothermie ». Plusieurs dessins tirés du film illustrent cet article.
Des enseignants témoignent de leur profession dans l’enseignement maritime. Victor Caci vous emmène pêcher la seiche dans la baie de Sanary sur mer avant de vous donner quelques recettes. Daniel Pauly, rodé à  estimer les quantités de poissons de nos mers et océans, montrent que nous consommons globalement trop de poissons, particulièrement en provenance des pays du sud…

Vous pouvez commander ce numéro (3 € frais d’expédition inclus), ou vous abonner pour un an à  l’Encre de mer (10 €).

Au sommaire :

Pêcheurs du monde, festival de films à  Lorient
Attention hypothermie : rencontre avec le réalisateur
Des espèces de la Mer Rouge sur nos rivages
Saison des seiches au trémail
Le petit port de Saint-Elme
IPFM : apprendre un métier, valider des savoirs
IPFM : transmettre des valeurs, un métier
Le poisson n’est pas un produit de masse…


Pour ceux qui restent sensibles à  l’aspect visuel (photos, dessins, peintures, maquette…), se reporter à  la revue

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Réflexions sur la gestion des biens communs : « Le prix Nobel de l’Economie à  Elinor Ostrom : une bonne nouvelle pour la théorie des biens communs »

Ci-après : une approche qui fonde réellement les principes des gestions collectives telles qu’elles sont expérimentées dans la pêche (cf. notamment les Prud’homies méditerranéennes de pêche) et qui, au passage remet en cause « la théorie des communs » de Harding fortement utilisée pour imposer la privatisation de droits de pêche monnayables et capitalisables.

« L’économie n’est plus cette théorie univoque qui servirait de hochet aux politiciens en mal d’instruments de pression sur les peuples…

Les décisions des humains de construire ensemble leur mode de production et de trouver des règles qui ne ressemblent pas à  l’imagerie du marché afin d’autogérer leur actions communes pourraient revenir au centre de la réflexion…

L’extension du travail immatériel et du numérique à  l’échelle du monde et dans toutes les activités humaines souligne l’émergence centrale d’un nouveau type de bien commun, articulé autour de la connaissance et de l’information, et des règles collectives de fonctionnement en réseau…

Dans son modèle abstrait, Hardin considérait l’usage abusif de paturages communs par des bergers, chacun cherchant à  y nourrir le plus grand nombre d’animaux… au point de réduire la quantité d’herbe disponible. Ce modèle du « passager clandestin ‘, qui profite d’un bien disponible sans s’acquiter de devoirs envers la communauté, reste le modèle abstrait de référence ; un modèle simpliste qui colle parfaitement avec l’idéologie libérale. Avec de telles prémisses, la conclusion de Hardin s’imposait : « Le libre usage des communs conduit à  la ruine de tous. ‘ Or Elinor Ostrom et Charlotte Hess, dans leur ouvrage majeur Understanding knowledge as a commonsn, réduisent en poudre ce modèle qui a pourtant fait couler tant d’encre. Pour elles, le modèle de Hardin ne ressemble aucunement aux communs réels, tels qu’ils sont gérés collectivement depuis des millénaires, à  l’image des réseaux d’irrigation ou des pêcheries. Pour Hardin, les communs sont uniquement des ressources disponibles, alors qu’en réalité ils sont avant tout des lieux de négociations (il n’y a pas de communs sans communauté), gérés par des individus qui communiquent, et parmi lesquels une partie au moins n’est pas guidée par un intérêt immédiat, mais par un sens collectif…

Le grand apport d’Elinor Ostrom est dans cette distinction entre les « communs considérés comme des ressources ‘ et les « communs considérés comme une forme spécifique de propriété ‘. Cette conception prend de plus en plus d’importance avec l’intégration des préoccupations écologiques dans l’économie. La notion de communs devient attachée à  une forme de « gouvernance ‘ particulière : il s’agit pour la communauté concernée de les créer, de les maintenir, les préserver, assurer leur renouvellement, non dans un musée de la nature, mais bien comme des ressources qui doivent rester disponibles, qu’il faut éviter d’épuiser. Il n’y a de communs qu’avec les communautés qui les gèrent, qu’elles soient locales, auto-organisées ou ayant des règles collectives fortes, y compris des lois et des décisions de justice. Les communs sont des lieux d’expression de la société et, à  ce titre, des lieux de résolution de conflits…

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