Les pêcheurs de Sanary lancent un appel à  la mobilisation citoyenne contre le rejets des « boues rouges »

Article de Var Matin du 16 octobre 2014

Photo de Sophie Hourdin-Marty

Photo de Sophie Hourdin-Marty

   La Prud’homie des patrons pêcheurs de Sanary a organisé, mardi, une réunion au sujet des rejets en mer des « boues rouges ‘, ces résidus issus de la fabrication d’alumine à  partir de la bauxite, balancés dans la fosse de la Cassidaigne à  Cassis…

Au cours de cette réunion, Olivier Dubuquoy, géographe et spécialiste des « boues rouges’, a retracé l’historique de l’usine Péchiney, établie en 1893 à  Gardanne pour produire de l’aluminium. Pendant plus d’un demi-siècle, les monceaux de bauxites ont été stockés sur des terrains alentours. Puis, en 1966, c’est le début des rejets des « boues rouges ‘ en mer avec la construction d’une conduite, depuis Cassis jusqu’au canyon sous-marin de Cassidaigne, à  320 mètres de profondeur.

« De Fos à  Toulon, le fonds marin ressemble à  Mars ‘

Olivier Dubuquoy souligne le « lobbying énorme ‘ de Péchiney à  l’époque, et de la société Altéo aujourd’hui (qui a repris l’usine en 2012), pour assurer que le rejet des « boues rouges ‘ en mer ne présente pas de pollution. « Mais une première étude en 1993, réalisée par Créocean, filiale d’Ifremer, était sans appel et démontrait la toxicité des boues rouges, comprenant des métaux lourds et de la radioactivité naturelle renforcée. Cette toxicité était transmissible de génération en génération chez les vivants (on l’a constaté chez les huîtres notamment, Ndlr). L’usine a répondu en créant un conseil scientifique de suivi, qui a produit 200 études pour dire que les boues rouges n’étaient pas dangereuses. Ils ont passé leur temps à  minimiser, alors que de Fos à  Toulon, le fonds marin ressemble à  la planète Mars‘, explique le géographe.

La ministre s’oppose aux rejets en mer

Depuis, des pêcheurs, écologistes, et des scientifiques réclament l’arrêt de ces rejets en mer. « En 1996, Corinne Lepage, alors ministre de l’Environnement a réussi à  faire cesser ces rejets pendant deux jours. Puis le lobbying a été trop fort : l’usine a obtenu une prolongation des rejets en mer jusqu’en 2015‘, souligne Yves Lancelot, océanographe, ancien directeur de recherches, qui a analysé la fameuse étude Créocéan.

Si le sujet brà’lant des « boues rouges ‘ revient sous les feux de l’actualité, c’est parce qu’Altéo a demandé, en mai dernier, le renouvellement pour une durée de 30 ans, de l’occupation du domaine public maritime pour sa canalisation à  Cassidaigne. L’usine, qui emploie 386 salariés, ne se débarrasserait plus directement des boues rouges dans la Méditerranée mais d’effluents liquides chargés en soude et, toujours, en métaux lourds.

Inadmissible pour les défenseurs de l’environnement.

Le 8 septembre dernier, le conseil d’administration du parc national des Calanques s’est prononcé favorablement. Mais à  l’issue d’une rencontre avec Altéo, la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a fait savoir qu’elle s’y opposerait. Le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) a été saisi pour rendre une expertise indépendante. « Mais ce bureau n’est pas spécialisé dans les boues rouges‘, fait remarquer Olivier Dubuquoy. Ce dernier, qui prédit de fortes pressions de l’usine pour obtenir son autorisation, estime que « seule une mobilisation citoyenne des scientifiques, écologistes, pêcheurs, etc. peut permettre de gagner la bataille contre les boues rouges ‘.

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