Le plancton fédère, le rire et le plaisir aussi !

Diatomées

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Minuscule maillon de notre univers, flottant au gré des ondes aquatiques, invisible si ce n’est la méduse ou le krill, le plancton traverse les parois (sanguines même, quand il pourrait véhiculer à  dessein des substances médicamenteuses), les cases, les branches, les disciplines, les groupes… bref, il n’a guère de frontières !

On l’aura vu lors des conférences, scolaires et tout public, de Morgane Nédélec et Pierre Mollo qui ont, vendredi 19 septembre, rassemblé un public très diversifié, à  l’initiative du Parc marin de la Côte Bleue, de la Commune de Carry le Rouet et de l’Encre de mer. Il y avait ceux qui veillent l’amélioration des eaux de l’Etang de Berre (l’Etang Nouveau), notamment depuis la réduction des rejets d’eau douce et de limons occasionnés par la centrale électrique de Saint-Chamas, ceux qui surveillent la croissance de la spiruline dans leur bassin (tel que Martin Petitjean, producteur à  Gignac la Nerthe), ceux qui enseignent la plongée sous-marine, ceux qui exercent les petits métiers de la pêche et ceux, multiples et curieux, dont la mer fait partie de leur cadre de vie.

conférence plancton Carry le Rouet

conférence plancton Carry le Rouet

Il faut dire que, planétaire, le plancton l’est. Dès qu’il y a quelque part de l’eau – douce, saumâtre ou salée – il y a des chances que le plancton soit présent. On croyait que la lumière du soleil était indispensable à  la photosynthèse réalisée par le plancton végétal. Et bien, même au fond des océans, on trouve des écosystèmes planctoniques qui vivent dans l’obscurité, sans parler des cyanobactéries qui peuplent quelquefois nos eaux souterraines. Ces mêmes cyanobactéries qui, il y a 3,5 milliards d’années, ont nettoyé notre planète des gaz relâchés par les volcans ; celles-là  encore qui ont démarré la photosynthèse et dont on retrouve des traces fossiles dans les stromatolites d’Australie, du désert mauritanien… Généralement nocives pour notre santé et indicatrices de forte pollution, les cyanobactéries abritent en leur sein un joyau nutritionnel – la spiruline – goà’tée des Aztèques et des peuplades du lac Tchad, et redécouverte dans les années soixante-dix par les Occidentaux (voir le récent article « Microalgue, la spirale vertueuse » dans Libération)

Deux variétés de spiruline

Deux variétés de spiruline

Voyage dans l’espace, dans le temps, le plancton voyage aussi dans la mesure. Passons au zooplancton ou plancton animal – 10 à  1000 fois plus gros que le plancton végétal – qui, avec ses formes cocasses traverse l’écran (en pratique la goutte d’eau), en faisant rire, et pas seulement, les enfants. On le voit glisser ou nager, à  l’aide de cils vibratoires ou en forme de zébulon propulsé comme une langue de belle-mère ; il a souvent de gros yeux, parfois un seul, une bouche, quelque chose qui bat, des antennes, ou encore une sorte de centrale verdâtre qui lui remplit le ventre, signe qu’il a trouvé de quoi se nourrir. Sur sa petite tête, elle-même posée sur celle du plancton végétal, repose l’édifice de la chaîne trophique, soit encore l’ensemble des êtres aquatiques. Il faut 1 tonne de phytoplancton pour nourrir 100 kilos de zooplancton permanent qui nourriront 10 kilos de zooplancton temporaire (larves de crevettes, crustacés, gastéropodes…) qui nourriront 1 kilo de poissons fourrages (sprat, anchois…)* qui nourrira 100 grammes de thon qui nous apporteront 10 g de nourriture…

dinoflagellé - Site plancton du monde

dinoflagellé – Site plancton du monde

Alors, évidemment, si au bas de la chaîne, des pollutions chimiques contaminent le phytoplancton, comme par exemple les pesticides qui affectent gravement le grand peuple des diatomées (plus de 70 % du plancton végétal), il est supplanté par d’autres espèces, telles que les dinoflagellés, moins exigeantes en qualité de l’eau mais souvent porteuses de toxines. Ingérées par les coquillages et les poissons, ces toxines pourront affecter la santé des hommes, responsables au départ des pollutions. Nous connaissons les arrêts intempestifs de vente de coquillages provoqués par la présence de dinophysis. Par ailleurs, d’une plus grande taille, ces dinoflagellés ne peuvent être ingérées par les larves de poissons fourrage (sardines, anchois, lançon, sprat, maquereau, chinchard…) qui ont une petite bouche à  leur naissance. C’est la grande diversité des espèces qui est alors menacée. Nul n’aurait envie de revenir à  la suprématie des cyanobactéries qui, si elles ont permis à  la diversité d’apparaître, ont longtemps vécu en seule maître sur le globe. L’on voit pourtant apparaître quelquefois des algues rouges dans des zones fortement polluées…

conférence plancton Carry le Rouet

conférence plancton Carry le Rouet

Une affaire citoyenne, donc, que le plancton et la bonne santé des eaux !  Des plaisanciers des rades de Lorient et de Brest l’ont bien compris, ils se sont engagés auprès des scientifiques d’Océanopolis pour récolter au même instant, en des points différents de ces rades déterminés par des points GPS, des échantillons de plancton. L’opération est à  renouveler dans l’année et à  étendre à  d’autres zones. Les premiers résultats de cet « Objectif plancton » sont les suivants : « Dans les premiers prélèvements du mois de juin 2014, les scientifiques ont détecté la présence de 13 000 espèces de plancton génétiquement différentes… « Parmi ces espèces, 158 ont été vues dans tous les échantillons, à  Brest et Lorient, et forment donc le socle de la biodiversité planctonique des eaux littorales bretonnes. Si 64 de ces espèces « socle ‘ sont connues et répertoriées dans nos bases de données de référence, de nombreuses sont encore inconnues, et 6 d’entre elles sont même génétiquement éloignées de tout ce que l’on connaît à  l’heure actuelle.  » 

Pour en savoir plus sur la démarche d’Objectif Plancton :

Objectif Plancton_Brest

projection - rencontre à  Port-Louis 4 octobre 14

projection - rencontre à  Port-Louis 4 octobre 14 - 2

* Les espèces dites « fourrages » servent de nourriture aux poissons plus gros : dorades, bars…
 
** Pour plus d’informations : voir les sites Plancton du monde, Océanopolis, l’Observatoire du plancton
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