La Journée mondiale des pêcheurs artisans et travailleurs de la pêche* a été fêtée le 28 novembre 2014 à Sanary. Organisée par la Prud’homie de Sanary sur mer, l’Encre de mer, Slow Food Provence et le Syndicat professionnel des Pêcheurs Petits Métiers du Languedoc Roussillon, cette journée a permis de réunir de nombreux prud’hommes et patrons pêcheurs venus de différents points du littoral méditerranéen ainsi que des personnes ressources : chercheurs, consultants, membres de collectifs citoyens et d’AMAP, membres de l’Encre de mer, Slow-Food Provence Méditerranée, Surfrider, l’Etang Nouveau…
Au microscope de Pierre Mollo, la mer se révèle « planctonique » : une multitude d’espèces végétales ou animales préfigure la biodiversité à venir, à condition de ne pas être trop polluée par les pesticides et autres polluants.
Dans l’alerte aux boues rouges lancée par le géographe Olivier Dubuquoy, ce sont les métaux lourds et la radio-activité qui attaquent les conditions de croissance et de reproduction de certaines espèces, ainsi qu’à terme la qualité sanitaire des produits de la mer.
Avec l’exposé du consultant Yan Giron, la mer devient marchande. Terres rares, sources d’énergie ou de tourisme, produits de la pêche et des cultures marines… toutes ces richesses attirent les convoitises des grandes entreprises privées qui, par l’action notamment de fondations et d’ONG, cherchent à prendre le pouvoir sur des zones marines jusque là gérées par les états. C’est un accaparement des mers semblable à l’accaparement des terres qui s’opère aujourd’hui au détriment des populations et des citoyens qui vivent de la mer et de ses ressources, jusque-là biens communs de l’humanité.
Territoire de culture, les eaux prud’homales révèlent une longue expérience de gestion collective de la ressource marine par les communautés de pêcheurs méditerranéens. Passage obligé de la gestion des pêches jusque dans les années soixante, les prud’homies ont réussi à promouvoir jusqu’au vingt et unième siècle une petite pêche polyvalente qui permet à tout pêcheur de vivre « durablement » de son métier en laissant reposer alternativement les zones et les espèces. Sans l’appui des pouvoirs publics, et dans le contexte de politique productiviste de l’Union Européenne, les prud’hommes rament à contre-courant pour discipliner la profession et faire valoir leur institution, un enjeu que détaille le juriste Bertrand Cazalet. Continuer la lecture