Les dessous et les photos de la plus grande bouillabaisse du monde 2014

Bouillabaisse 2014 - Photo Robert Le' GallC’est une demoiselle exigeante qui, tous les deux ans, se fait attendre. Déesse immolée sur un bà’cher, peu lui chaut ! Elle régale les heureux, rassasie les affamés, et comble même les insatiables, toujours à  la recherche d’une bouteille à  chaparder, d’un poisson à  engranger, d’un butin à  remporter ! Peu sont-ils au milieu d’une foule joyeuse et entrainante.

Reine d’un soir, elle épuise ses preux chevaliers qui délaissent leur mer adorée. Moqueuse cette fois, elle multiplie les embà’ches, forçant à  la persévérance et l’ingéniosité : arrêts intempestifs du batteur à  rouille, envol d’une tente au montage, bousculant la planification des tables et des places, problème de tuyau et de tables, retard de location du camion, oubli du gardiennage en journée, caprice du feu jouant des risées au détriment d’une cuisson homogène, ultra congélation des pains de soupe qui tardent à  se déliter… Soutenue par les proches et assistée des services de la Mairie, la cohorte des pêcheurs ne désarme pas, bricolant, adaptant, négociant, faisant recuire et souriant !

Il faut dire que l’aventure commence plusieurs mois avant, pour coordonner les taches des services municipaux et de la Prud’homie, prévoir les commandes, anticiper les moyens de communication (affiches, tickets, tee-shirts). Pas moins de sept matinées bien pleines pour vendre les entrées. Merci, au passage, à  tous ceux qui servent de relais, prenant à  leur compte une demi-table, une table, voire même plusieurs…

C’est le jour précédent que le rythme s’accélère avec l’épluchage et la confection de 19 grands seaux de rouille (voir les proportions ci-dessous). Le jour « J », alors que mon téléphone sonne sans relâche – pardon aux retardataires qui cherchent encore des places, auxquels je n’aurai pas le temps de répondre – c’est à  quatre heures du matin que nous nous levons. Le quai se transforme alors en plancher d’une criée, peuplé à  foison de saint-pierre, de chapons, de vives, baudroies, seiches, congres et favouilles, de beaux spécimens, des chairs robustes, tout ce qu’il faut pour un banquet gargantuesque. Il faudra la journée pour dresser les tables, préparer le service avant la mise à  feu, et accueillir la noria de 40 jeunes sapeurs pompiers, si gentils, si serviables, si respectueux, exemplaires en somme !

Bouillabaisse 2014, photo Robert Le GallAlors commence le spectacle grandiose de cette gauloise marmite, chargée peu à  peu des merveilles de la mer, avant d’être suspendue au-dessus des flammes. Partout les gens mitraillent, s’exclament, la mine réjouie dans le ciel rosissant. Les tables se remplissent, plus que les places prévues ; il faut croire à  la multiplication des poissons ! Le temps de se servir et se resservir et ce sont deux talentueux musiciens qui, avec leur tout jeune fils, invitent les convives à  la danse.

Au sortir de cette seizième bouillabaisse, nos remerciements vont à  nos partenaires qui ont soutenu l’événement – la Mairie de Sanary, la Région PACA, le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel de Sanary – à  nos prestataires et fournisseurs qui nous suivent régulièrement et avec générosité, à  tous les bénévoles qui repartent les jambes et les pieds endoloris de tant de traversées sur le bitume… Sur le plan pratique, l’idée était bonne de dresser des postes relais pour servir la soupe et autres ingrédients. Demeurent quelques points à  parfaire pour les prochaines : la gestion du fond de la gamelle pour que les pompiers et les pêcheurs aient le temps de manger, et quelques idées pour associer le public à  un tel challenge, qu’il devienne partie prenante de cette incroyable et inoubliable embarquée !

Reste que cette bouillabaisse n’est pas tout à  fait comme les autres car elle est le point de départ d’une autre aventure : la reconnaissance de la Prud’homie de Sanary comme « Sentinelle Slow Food« . Le mouvement international Slow-Food s’est créé en opposition au Fast-Food avec le souci de soutenir des produits bons (au goà’t), propres (pour l’environnement) et justes (dans la rémunération des producteurs). Les « Sentinelles » sont destinées à  accompagner des petits producteurs et à  sauver les productions artisanales de qualité. Soucieuse de protéger la biodiversité, l’ONG Slow Food soutient également des organisations qui participent à  une gestion durable des ressources comme la gestion prud’homale, menée depuis plusieurs siècles par les communautés de pêcheurs de Méditerranée française. Une affaire à  suivre…

Pour un seau de rouille : une petite barquette  (25 cl) de sel, 1 barquette de poivre, 2 barquettes de piment doux, 1 barquette de curcuma, 40 œufs, 2 grosses louches de moutardes, deux barquettes d’ail haché, 10 l d’huile plus Georges Bollani et Jean-Michel Cei pour monter la mayonnaise !

Quelques articles sur la bouillabaisse :
Riviera times
Var matin
Ouest Var.net
Ouest var info
Le coin bleu
Nice matin

Photos de la bouillabaisse de Robert Le Gall

Autres photos de Gilles Tempier

Bouillabaisse, photo Sophie H. Marty

Le clown de la Prud’homie : Georges Bollani, photo Sophie H. Marty

Elisabeth Tempier, secrétaire de la Prud’homie

 

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