A propos de la plainte déposée par la Prud’homie de La Ciotat : une nouvelle pêche « navrante »

Suite à  la plainte déposée par la Prud’homie de La Ciotat pour pollution, une toute nouvelle pêche de ce jour au sud des Calanques de Cassis – Marseille :

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Résultats d’une enquête sur les intereactions entre pêcheurs professionnels et plaisanciers – initiative saluée et commentée

Sur le site du Comité Local des pêches de Paimpol :

« Le comité local des pêches a mené entre février et aout 2009 une enquête visant à  caractériser les interactions entre les pêcheurs plaisanciers et les pêcheurs professionnels.

L’objectif de cette enquête était de comprendre comment les pêcheurs perçoivent leur activité et celle des autres pêcheurs, ainsi que leurs relations, afin d’être en mesure de proposer des solutions pour aller au devant des conflits.

Le comité local des pêches organise désormais un cycle de réunions avec les associations de pêcheurs plaisancier pour présenter les résultats de cette étude et discuter de ses enseignements.

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L’augmentation des gaz à  effet de serre dans l’atmosphère pourrait avoir de lourdes conséquences sur la culture des huîtres d’Arcachon et de Marennes-Oléron

La vie des ostréiculteurs n’est pas un estuaire tranquille ! En témoignent les épisodiques interdictions, pour raisons sanitaires, de vente de leur récolte auxquelles ils sont confrontés. Et il se pourrait bien que les conséquences de l’augmentation, dans l’atmosphère, du volume des gaz à  effet de serre, responsables du dérèglement climatique, n’arrangent pas leurs affaires au fil du siècle.

Océans plus acides

Si les études sur la question restent encore à  approfondir, l’acidification des eaux océaniques risque de bouleverser les pratiques ostréicoles. Jean-Pierre Gattuso, chercheur au CNRS de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) s’est penché, avec son confrère Frédéric Gazeau, sur ce problème.

« L’acidification des océans résulte de l’accroissement, par l’homme, des rejets en gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère, explique-t-il. On constate que les océans sont 30 % plus acides qu’en 1800. Et on estime que cette acidité aura triplé en 2100 par rapport à  1800. Chaque jour, plus de 25 millions de tonnes de gaz carbonique se combinent avec l’eau de mer, la rendant plus acide. ‘ Du coup, le métabolisme de l’huître s’en trouve affecté. « Les mollusques ont besoin, pour leur équilibre, de calcaire et de carbonate, poursuit le scientifique. Le premier est présent en grande quantité dans la mer, ce qui n’est pas le cas du second. Or, l’excès de gaz carbonique, responsable de l’acidité, s’attaque au carbonate. En conséquence, les huîtres cultivées en France deviennent plus fragiles ; elles deviennent donc plus petites et plus vulnérables, à  cause des micro-organismes susceptibles de percer leur coquille. ‘

De là  à  conclure que la mortalité importante des huîtres, constatée récemment par les ostréiculteurs, est liée à  ce phénomène, il n’y a qu’un pas, que se garde de franchir Jean-Pierre Gattuso. « Les expériences que j’ai effectuées l’ont été en laboratoire. Nous ne disposons toujours pas d’études faites sur le terrain. Donc, nous n’avons pas la certitude que nos résultats peuvent être transposés dans le milieu océanique. ‘ Son confrère de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) Stéphane Pouvreau demeure lui aussi très prudent. « Il faudrait avoir du recul et des statistiques sur trente ans au niveau du suivi de l’acidification, mais ce sont des études qui sont longues et très coà’teuses. ‘

Toutefois, « si les prévisions les plus alarmistes du Groupe intergouvernemental de l’étude du climat (Giec) se vérifient, il y a un véritable risque, concède-t-il. Mais il y a d’autres problèmes concernant les huîtres, bien plus préoccupants. ‘

Des bassins plus chauds

De fait, l’acidification des eaux d’Arcachon et de Marennes-Oléron, dans lesquelles se reproduisent naturellement les huîtres, n’inquiète pas, pour l’heure, les ostréiculteurs. Ceux-ci s’interrogent davantage sur l’élévation de la température des eaux.

« L’eau se réchauffe sous l’effet des hivers moins rigoureux. Donc, la température baisse de moins en moins, ce qui accroît les phénomènes de mortalité ‘, interprète François Patsouris, président de la Section conchylicole Poitou-Charentes.

La hausse de la température des eaux est en effet sensible : ces vingt dernières années, les eaux du bassin de Marennes-Oléron se sont réchauffées de 1,5°. Et il est rare, désormais, que celles du bassin d’Arcachon, en hiver, soient inférieures à  9 degrés. « Les variations climatiques tendent à  déséquilibrer un peu plus l’écosystème estuarien ‘, constate dans son étude Patrick Soletchnik, chercheur à  l’Ifremer. « Les mortalités d’huîtres creuses apparaissent ces deux dernières décennies, alors que cette espèce a été importée sur le littoral français depuis la fin des années 60. ‘

D’autre part, si la hausse des températures marines a un impact sur le cycle de reproduction de l’huître et son développement, est-il possible que cela accroisse la prolifération de micro-algues qui rendent ces mollusques impropres à  la consommation ? « De nouvelles familles de toxines se sont développées au fil du temps ‘, note Marc Mortureux, directeur de l’Agence française pour la surveillance sanitaire des aliments (Afssa). « Elles viennent de micro-algues qui se multiplient lors de périodes dites d’efflorescence, entre avril et aoà’t. L’évolution des écosystèmes marins, liée à  l’activité humaine et au réchauffement climatique, joue un rôle. ‘ (1)

Montée des eaux

Autre conséquence possible, et non des moindres, du dérèglement climatique sur l’ostréiculture : la montée des eaux. Une perspective qui, selon Jean-Charles Mauviot, le directeur de la Section régionale conchylicole Aquitaine, est déjà  perceptible. « Nous avons eu une alerte à  Lanton (33), dernièrement. Si ça monte, cela va poser des problèmes considérables au niveau des infrastructures de travail. Avec une élévation de 50 centimètres, ce sera la catastrophe. ‘

Dans son rapport livré en septembre, l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique notait que l’élévation des eaux sur le littoral français, au cours du siècle, serait comprise entre 50 centimètres et 1 mètre, « son ampleur dépendant du rythme de la fonte de la calotte glacière ‘.

(1) Pour plus de détails, lire « Sud Ouest ‘ du 17 septembre.
Auteur : Sébastien darsy

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Biodiversité : le grand retour des naturalistes

Les grandes expéditions naturalistes sont de retour. En 2006, le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et l’organisation non gouvernementale Pro-Natura international avaient fait une première tentative avec la mission Santo, au Vanuatu, dans le Pacifique. Ils récidivent en lançant le programme « La planète revisitée », qui permettra d’explorer les forêts sèches du nord du Mozambique et les eaux froides de l’extrême sud de Madagascar…

J’appartiens à  la première génération de scientifiques qui savent qu’approximativement 80 % des espèces restent à  découvrir et que, dans le même temps, beaucoup sont en voie d’extinction. 1,6 million d’espèces sont connues et il en reste probablement entre 8 millions et 30 millions à  découvrir. Chaque année, 16 000 nouvelles espèces sont répertoriées. Parmi elles, se trouvent un oiseau, vingt mammifères – principalement des rongeurs -, 250 espèces de poissons, 2 500 coléoptères… A ce rythme, il faudra entre 500 et mille ans pour achever l’inventaire. Ce sentiment d’avoir un champ de découverte infini devant nous est récent…

Les explorateurs apportent de bonnes nouvelles dans un monde saturé de catastrophes.

« La planète revisitée » nécessite un budget opérationnel – c’est-à -dire hors les salaires des chercheurs et l’exploitation des résultats – de 1,5 million d’euros sur trois ans. Et nous avons dà’ annuler une exploration terrestre sur Madagascar, faute de financement…

Les grandes expéditions naturalistes sont de retour. En 2006, le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et l’organisation non gouvernementale Pro-Natura international avaient fait une première tentative avec la mission Santo, au Vanuatu, dans le Pacifique. Ils récidivent en lançant le programme « La planète revisitée », qui permettra d’explorer les forêts sèches du nord du Mozambique et les eaux froides de l’extrême sud de Madagascar, deux espaces jusqu’à  présent restés à  l’écart de la curiosité scientifique et dont tout laisse à  penser qu’ils renferment une biodiversité singulière.

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L’agriculture bretonne ébranlée par le phénomène des algues vertes – compléments d’information

…La diminution du fléau « ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles » sur les secteurs où les algues prolifèrent, analyse une note du Préfet ds Côtes d’Armor…

ll faut donc « révolutionner les pratiques agricoles et changer complètement le modèle économique existant »…

« Il faut quand même se rappeler d’où on est parti » au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, rappelle Jacques Jaouen, président de la chambre d’agriculture de Bretagne. Une mission avait alors été impartie à  la Bretagne: « nourrir la France et assurer son autonomie alimentaire ».

L’objectif a été largement atteint, le « modèle agricole breton », un réseau de petites et moyennes exploitations performantes, est devenu « une référence au plan européen », selon M. Jaouen.

Avec 37.600 exploitations en 2008, les Bretons fournissent 56% des porcs français, 34% des poulets, 40% des dindes et 20% du lait. L’agriculture emploie directement environ 6% des actifs et à  travers l’agro-alimentaire génère indirectement 30 à  40% des emplois de la région, relève Jean Ollivro, universitaire…

Cette agriculture marquée par une très forte concentration géographique des élevages a eu un coà’t environnemental, même si de gros efforts ont ensuite été faits: la pollution des cours d’eau vaut à  la France des menaces de très fortes amendes de l’Union européenne; chaque été, les algues vertes envahissent les baies peu profondes…

D’autant que le « pilier de l’économie bretonne » est fragilisé: avec les crises successives (lait, porcs, volailles, légumes), « on observe une base de plus en plus étroite d’agriculteurs menacés, qui portent un poids de plus en plus considérable pour l’ensemble de l’économie régionale »…

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Dans l’agriculture comme dans la pêche, pourquoi ne pas envisager une différenciation artisanale et régionale de nos produits de terroir, respectueux d’un environnement de qualité ?

plutôt que de laisser de petites entreprises affrontées seules, d’un côté, la libéralisation des échanges et la pression sur les prix qui en résultent, de l’autre des coà’ts croissants par rapport à  l’environnement, l’énergie… ?

Ne pas entreprendre cette spécialisation « régionale » dans l’Europe aura raison de ce maillage « artisanal » qui fait aussi le charme de nos terroirs,

et laissera toute la place à  une mondialisation « hors » territoires dominée par de grandes puissances financières, des échanges qui déstructurent les tissus régionaux, ici et ailleurs, et l’approvisionnement de « masses de consommateurs » que nous sommes par quelques grands distributeurs.

Nous paierons parfois un peu plus cher, mais pas forcément non plus, pour des produits de qualité sachant que le prix payé fait vivre agriculteurs et pêcheurs de nos régions en harmonie avec notre environnement.

J’achète !

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Réforme de la Politique Commune des Pêches : un choix de société

A propos de l’article de Philippe Favrelière : Tout droit vers la privatisation des ressources halieutiques l’on comprend quelle manne extraordinaire peut représenter, pour de grandes « entreprises », la possibilité d’acheter et capitaliser des droits de pêche pour approvisionner le marché européen : un marché en croissance et le plus grand du monde en produits de la mer…

La ressource et les zones marines font partie des rares ressources mondiales qui ne sont pas encore complètement privatisées. Est-ce en rapport avec cela que la structure de la flottille européenne est restée fortement artisanale : 81% de cette flottille mesurait moins de 12m en 2005
dans l’UE des 25 ? Pas de surprises, les pays qui ont privatisé leurs ressources marines ont constaté une très forte concentration du secteur([Ce que note d’ailleurs un rapport de l’Union européenne à  propos de la pêche du hareng..)]

Cette pépinière « artisanale » représente autant de communautés de pêcheurs qui peuvent contribuer fortement à  l’émergence de régions spécialisées dans l’Union Européenne, justement parce qu’elles s’inscrivent dans des territoires économiques, sociaux, environnementaux, culturels… En donnant aux Régions les moyens et les prérogatives de devenir compétitives dans l’Europe sur la base d’une dynamique multi-sectorielle (dont la pêche), nous pouvons construire une Europe des Régions plus proche des hommes que celle d’un territoire dirigée par des firmes multinationales et la grande distribution !

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Le carburant de l’avenir se cache peut-être dans les algues

…L’une des raisons de l’enthousiasme suscité par les algues vient de leur appétit pour le dioxyde de carbone produit par la combustion d’énergies fossiles. « Nous pourrions tirer partie des rejets des industries polluantes en capturant ces rejets pour en nourrir les algues et empêcher ainsi le CO2 de continuer à  altérer le climat »…

Les algues affectionnent par exemple les marécages infestés de moustiques, les piscines mal entretenues et même les eaux usées. Et si aucun moyen n’a encore été trouvé pour mettre au point une production de masse, la course est lancée pour y parvenir…

Des laboratoires universitaires et des entreprises innovantes se sont positionnés sur ce créneau et au cours de l’été, le géant pétrolier américain ExxonMobil les a rejoints en annonçant un investissement de 600 millions de dollars dans la recherche sur les algues en partenariat avec une entreprise californienne de biotechnologies.

Si la recherche aboutit, cela signifiera que les chercheurs auront trouvé un moyen bon marché de convertir les lipides des algues en carburant…

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Les agriculteurs bretons dénoncent la note préfectorale sur les algues vertes – Information commentée

La note « confidentielle » sur la prolifération des algues vertes en Bretagne, révélée mercredi 21 octobre par Le Télégramme et Ouest-France a provoqué la colère des agriculteurs.

Dans ce document du 4 septembre, adressé au premier ministre, au ministre de l’intérieur et à  la secrétaire d’Etat à  l’écologie, le préfet des Côtes-d’Armor, Jean-Louis Fargeas, estime que « la diminution visible et notable » de ce phénomène, dà’ à  l’apport de nitrates issus de l’agriculture, « ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés, ce que la profession agricole n’est pas prête à  accepter pour le moment ». « Afin d’éviter que l’Etat soit de nouveau mis en cause (il a été condamné par le tribunal administratif en 2007, NDLR) et pour obtenir des résultats en la matière, il importe néanmoins d’afficher une politique volontariste pérenne » pour stabiliser ou limiter ce phénomène, écrit encore le préfet…

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A propos de cet article, l’on peut se demander si ce sont « les agriculteurs » qui sont responsables. Le Préfet dénonce des « pratiques agricoles ». Il s’agit bien de pratiques d’une agriculture intensive « boostée » par un choix de développement productiviste. Signe que ce développement rencontre de nombreuses limites environnementales mais aussi économiques, sociales, financières…

A quand une agriculture intégrée dans des spécialisations régionales avec des produits de terroir issus de gestions spécifiques ? Indépendamment des questions « d’image », la Région Bretagne ne peut pas en même temps vouloir développer une spécialisation touristique et résidentielle, liée essentiellement à  la qualité environnementale de son littoral, tout en mettant en danger la richesse biologique de ce même littoral par le développement des algues vertes. Il lui faut « intégrer » ses activités primaires (agriculture, pêche conchyliculture, élevage) à  la qualité environnementale.

A ce titre, le travail effectué en sud-Bretagne par l’Association Cap 2000
est éloquent puisque la concertation entre agriculteurs, pêcheurs, conchyliculteurs et communes littorales permet, grâce notamment à  une observation assidue des différents impacts sur la vie planctonique, de concilier les différents usages en harmonie avec la richesse environnementale…

Cf. notamment présentation de l’association

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A quand la distinction « artisanale et régionale » des produits de la mer ?

Photo Joseph Marando
Citoyens européens, sommes-nous du bétail à  nourrir que l’Union Européenne propose de privatiser les ressources marines aux mains de quelques armements industriels qui fourniront « massivement » les marchés(cf le système de quota individuel transférable proposé par le Livre Vert sur la réforme de Politique Commune de la Pêche)], et qu’elle négocie par ailleurs des [accords de pêche, et la libéralisation des échanges, au risque de déstructurer en tous lieux la vie sociale, économique et environnementale de nos ports de pêche ?

– Une autre façon de « comptabiliser » la valeur produite par la pêche : Les débarquements des pêcheurs provençaux, pourtant pas si misérables que ça, sont trop minimes pour être considérés par nos statisticiens. Pourtant un kilo de poissons vendu à  même le quai par les pêcheurs qui démaillent leurs filets provoque une attractivité qui rejaillit sur l’ensemble de la vie portuaire et littorale.

Cette « image » forte ancrée dans l’histoire et la culture est reprise et déclinée à  l’infini par les hôtels et offices du tourisme de la région. Bref, c’est l’un des éléments vitaux du tourisme littoral comme le sont aussi les marchés provençaux en bord de mer ou dans l’arrière-pays. Imaginez-vous l’attractivité touristique et résidentielle de ports qui ne seraient plus que les bases avancées de la pêche industrielle ?

Ce kilo de poissons « côte d’azur » véhicule à  la fois l’art d’un métier, un mode de préparation culinaire transmis avec le sourire, l’accent local et un langage imagé, mais aussi une vie sous-marine qui évolue au gré des heures, des coups de vent et des saisons, et une gestion originale de la ressource et des territoires par les Prud’homies de pêche.

En comparaison, une tonne de poissons qui transite la nuit en criée et part en camion réfrigéré vers des marchés de gros intègre dans son prix final le coà’t des intermédiaires qui l’acheminent, le plus souvent en grandes surfaces.

Deux formes « d’économie » donc, la première n’étant jamais évaluée, ni comptabilisée, seulement appréciée à  des fins « sociologiques » (c’est à  dire non économiques) dans le Livre Vert sur la réforme de la Politique Commune des Pêches.

– Estimer ces 2 formes d’économies éviterait peut-être de vouloir réaliser la « quasi-hégémonie » de pêche et aquaculture industrielles dont les produits nous sont proposés en grandes et moyennes surfaces (GMS) : des quantités massives de filets et poissons importés (67% de la consommation européenne)], des produits en priorité d’origine aquacole ([9% de notre consommation, secteur en croissance)] (c’est plus commode pour les GMS) dont les poissons carnivores sont nourris avec un gaspillage protéinique et environnemental par nos poissons sauvages([Cf. sur aquablog : « En moyenne, ce sont entre 25 et 30 millions de tonnes de poisson qui sont capturées chaque année dans le monde par la pêche minotière (près d’1/3 des captures mondiales). Ce qui aboutit à  une production annuelle de 6,5 à  7 millions de tonnes de farine de poisson, et de 1 à  1,5 million de tonnes d’huile de poisson dans le monde (il faut entre 3 et 7 kg de poissons sauvages pour produire 1 kg de poissons d’élevage).21% des débarquements de l’Union Européenne (plus d’1/5ème des captures) sont transformés directement en farine et en huile de poisson, soit près de 1,5 millions de tonnes sur un total de captures de 7,29 millions de tonnes annuelles. Avec plus d’un million de tonnes, le Danemark représente 69% des activités minotières de l’Union Européenne exercées par une flottille très concentrée (60 bateaux de pêche spécialisés auxquels s’ajoute une flottille de 347 unités de toutes tailles pour laquelle il s’agit d’une activité complémentaire). On estime à , tout au plus, 500 le nombre d’emplois équivalent temps plein liés aux activités minotières dans ce pays, ce qui est très peu comparé aux autres activités halieutiques.. »). Le tout est orchestré par des entreprises de plus en plus concentrées dans les mains de quelques grands groupes financiers(3 des plus grandes entreprises européennes figurent parmi les 10 premières entreprises mondiales des produits de la mer, et les 2 premières d’entre elles font plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaire (Pescanova et Foodvest-Findus), cf. rapport de l’UE sur la commercialisation des produits de la mer.

(Rapport sur la pêche artisanale en Europe N°FISH/2005/10)

L’Europe, et la France en particulier, a la chance d’avoir su conserver une pêche artisanale(81% de la flottille mesure moins de 12m en 2005 dans l’UE des 25, 88% moins de 16m, cf. Rapport sur la pêche artisanale en Europe N°FISH/2005/10, un pilier du développement de nos régions maritimes. Il serait dommage et dommageable pour notre vie « sociétale » et environnementale de perdre cela.

Nous attendons avec impatience que sur nos marchés, quels qu’ils soient, l’origine « régionale et artisanale » de ces produits soient apposés, une distinction certes plus fine que celle qui est imposée actuellement. Alors pourrons-nous en tant que consommateur affirmer notre choix de société…

– A propos de la distinction « artisanale » des produits :

Pour ma part, j’ai la chance d’habiter une petite ville littorale. Chaque matin où je descend sur le port, par curiosité je vais voir sur les étals des pêcheurs ce que nous a livré le fond de la mer si proche. De temps en temps, je régale la tablée d’un de ces hôtes sous-marins. Le prix n’est pas forcément élevé, comme le disent certains. Cela dépend des espèces : il y a les « snobs » souvent surévaluées à  mon goà’t, et les méconnues : goà’teuses, aventureuses et surprenantes([saupe, sévereau ou chinchard, moustelle, liche et sériole, congre, murène, maquereau, bogue et bonite, sabre…)] L’origine « artisanale » de ces produits ne fait pas de doute : le patron pêcheur, armateur du bateau, est souvent là , derrière l’étal, ou à  « trafiquer » sur son bateau, à  moins qu’il ne « galèje » après ses heures de mer ! Pour ceux qui ne peuvent constater de visu cette « marque artisanale », soit qu’ils n’habitent pas en bord de mer, soit que la population littorale ne soit pas assez importante pour organiser des ventes locales, il leur suffira de connaître la région d’origine (Bretagne, Loire Atlantique, Provence…) et le fait que le bateau soit armé par son patron pêcheur embarqué et non par un groupe financier qui rentabilise ses capitaux dans la pêche… car là  est toute la différence. Le premier va vivre au pays et le faire vivre quand le deuxième suivra les opportunités d’une rentabilisation de capitaux, par définition « hors territoires ».

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La reconnaissance des Prud’homies de pêcheurs : un enjeu de développement territorial dans l’Europe

Alors que se pose la question de l’intégration des Prud’homies dans la réforme des Comités des pêches – et plus exactement celle d’un lien entre les différents niveaux de gestion des pêches – il nous semble important de mesurer à  quel point nos territoires régionaux sont traversés de forces concurrentes, parfois contradictoires, et ce, au détriment de leur dynamique économique, de leurs réseaux sociaux et de la qualité de leur environnement.

– Bon nombre d’activités maritimes sont impulsées « d’en haut », par l’Etat, que ce soit par intérêt national, dans le cadre de directives européennes, ou sous pression de certains grands lobbies. Ces activités concernent par exemple la Marine Nationale, les ports autonomes, la question de l’énergie avec l’implantation d’éoliennes, les recherches pétrolifères ou d’autres minéraux, le pourcentage d’aires marines protégées à  mettre en place, la mise en place d’aires Natura 2000…

Localement, sur le terrain, les contradictions s’exacerbent. Aujourd’hui, c’est en terrain conquis que la Marine Nationale exerce des pétardements en zone rocheuse, à  proximité des sites protégés, et qu’elle abandonne sur ses champs de manoeuvre des instruments polluants. C’est encore un ‘champ d’éoliennes que l’on projette d’implanter dans la baie de St Brieux où l’on élève et gère depuis belle lurette, et de façon exemplaire, la coquille saint-jacques. Demain, ce sera les 20% d’aires marines protégées qui seront implantées au petit bonheur la chance… ([Non que l’outil soit inintéressant mais pourquoi fixer un pourcentage plutôt que de laisser chaque région gérer sa zone en fonction de sa spécialisation, de sa configuration, de ses pêcheries, bref de sa réalité de terrain.)]

– Un autre lobby est porté par l’industrie des pêches qui cherche, par le renforcement d’une politique productiviste, à  préserver sa place dans un contexte d’internationalisation des échanges . L’on peut se demander, au regard des délocalisations (y compris dans la pêche) et des financements internationaux des armements, si les intérêts nationaux et industriels sont toujours liés ? Est-ce que la nation (ou même l’Europe) en retire encore des bénéfices collectifs ?

– Par manque de visibilité d’une spécialisation territoriale qui prendrait sa place dans l’échiquier européen, par manque de prérogatives décentralisées et d’outils de gouvernance adaptés, les collectivités locales cherchent à  tirer leur épingle du jeu. Le développement littoral le plus convoité est celui du tourisme, du nautisme et des zones résidentielles qui est « opposé » bien souvent aux activités traditionnelles de la pêche, de la conchyliculture et des marais salants. Ces activités pourraient pourtant s’articuler autour d’un objectif commun de développement régional porté par la « qualité » de l’environnement marin.

Finalement, à  trop vouloir tenir la bride, l’Etat risque à  terme de gérer un « désert » économique, social et environnemental. Les activités dites traditionnelles décroissent, les organisations professionnelles s’essoufflent et l’environnement ne sort pas indemne de ces manques de cohérence territoriale. Pour ne s’en tenir qu’à  la pêche, l’impact d’une surpêche industrielle est souvent abordé par les médias, l’impact de lobbies environnementalistes comme l’interdiction généralisée des filets dérivants reste à  mesurer mais il est fort à  parier que le bilan environnemental de l’interdiction de la thonaille méditerranéenne sera négatif du fait du report des flottilles sur les espèces littorale.

Ainsi chaque décision politique s’inscrit-elle dans une conception particulière du territoire national et de la place accordée aux régions ; elle révèle par ailleurs le choix implicite d’un mode de développement qui mise sur un productivisme expansionniste et sans territoires, sur une priorité arbitraire accordée à  certains grands groupes d’acteurs, ou sur la construction de territoires régionaux spécialisés dans l’Europe.

N’est-il pas venu le temps de mettre en place des outils qui amélioreront la cohérence régionale en reliant les modes de gouvernance locale avec les représentations professionnelles nationales ?

« Alors que les médias et l’Union Européenne pleurent le manque de « pêcheurs responsables », l’Etat devrait il refuser de reconnaître 120 prud’hommes pêcheurs élus démocratiquement et répartis sur le littoral ? »

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