La Protection des peuplements de poissons dans la réserve naturelle de Scandola (Corse) influence-t-elle les performances de l’écosystème ?

P. Francour et P. Bodilis

E.A. 3156 « Gestion de la Biodiversité » Université Nice-Sophia Antipolis, Parc Valrose. F-06108 Nice cédex 2

Une étude l’ichtyofaune de la Réserve Naturelle de Scandola réalisée de 1989 à  1999, avec la technique d’échantillonage non-destructive de comptage visuel en plongée sous-marine, confirme les dimensions spatiales (effet refuge ) et temporelles (effet tampon) de l’effet réserve  :
– présence d’individus de plus grande taille, particulièrement pour les espèces ciblées par la pêche,
– présence d’espèces rares, particulièrement sur substrat rocheux,
– atténuation sensible des fluctuations saisonnières des densités moyennes,
– plus grande vitesse de récupération en cas de perturbation du peuplement…

La Protection des peuplements de poissons dans la réserve naturelle de Scandola (Corse) influence-t-elle les performances de l’écosystème ?

Publié dans Autres exemples | Commentaires fermés sur La Protection des peuplements de poissons dans la réserve naturelle de Scandola (Corse) influence-t-elle les performances de l’écosystème ?

Les aires marines protégées : un nouvel outil de recherche pour analyser les liens entre performances des écosystèmes et biodiversité

International Workshop on « Marine & Coastoal Protected Areas » 23-25 March 2005, Meknes-Morocco

Le lien entre performances des écosystèmes et biodiversité a été principalement étudié à  l’aide d’expérimentation en mésocosmes. L’analyse des données recueillies lors d’un suivi à  long terme du peuplement de poissons d’une aire marine protégée permet également d’étudier ce lien.
La production secondaire est un paramètre important dans la compréhension de la dynamique d’un peuplement de poissons et permet d’apprécier ses performances. Les méthodes de comptage visuel en plongée sous-marine de poissons sont fréquemment utilisées pour échantillonner les peuplements de poissons en zone littorale. Si la densité et la biomasse sont des paramètres toujours calculés, la production secondaire ne l’a par contre jamais été. La méthode de Hynes semble être la seule applicable pour calculer la production secondaire de peuplements de poissons échantillongés par comptages visuels. Cette méthode a donc été utilisée pour calculer la production secondaire des peuplements de poissons de la Réserve naturelle de Scandola (Corse). Les données de production secondaire montrent que la production secondaire est plus importante dans la réserve intégrale qu’à  l’extérieur, surtout pour les espèces recherchées habituellement par les pêcheurs professionnels. Ces données confirment donc la notion d’effet réserve initialement décrite mais permettent également de mettre en évidence une relation entre richesse spécifique et performances du peuplement.

Publié dans Autres exemples | Commentaires fermés sur Les aires marines protégées : un nouvel outil de recherche pour analyser les liens entre performances des écosystèmes et biodiversité

Soupe de méduses au menu

Soupe de méduses au menu

Vous préparez déjà  vos vacances au bord de la mer de l’été 2020 ? C’est prudent. Dans quelques années, il faudra réserver très tôt dans les complexes hôteliers ou les stations balnéaires qui auront les moyens de protéger leurs plages par de grands filets. Côté sable, il y aura les touristes qui barbotent, espèce apparue il y a moins d’un siècle avec les loisirs de masse. Côté large, la masse gélatineuse et souvent venimeuse des méduses, animaux vieux de 600 millions d’années, dont les proliférations cycliques menacent, à  très court terme, de devenir permanentes.

Sur ces plages artificiellement préservées, au bord de la Méditerranée par exemple, il faudra aussi apprendre à  se serrer davantage, pour faire un peu de place aux baigneurs qui avaient leurs habitudes sur les côtes des mers les plus fermées. « Les eaux de la mer Noire et de la Baltique sont d’ores et déjà  devenues des soupes de méduses », constate Jacqueline Goy, grande spécialiste française de ces espèces, associée à  l’Institut océanographique de Paris. Chercher refuge au bord des océans ou de mers lointaines, moins enclavées, ne sera pas forcément d’un grand secours. Déjà , des chercheurs ont montré en 2006 que, le long des côtes namibiennes, dans l’Atlantique sud, les méduses pesaient plus lourd dans la biomasse locale que tous les poissons. Dans le golfe du Mexique, des méduses géantes inquiètent, de plus en plus souvent, les pêcheries de crevettes. En mer du Japon, des monstres venimeux de 200 kilos, aux tentacules s’allongeant jusqu’à  35 mètres, se sont signalés par des proliférations de plus en plus marquées (Le Monde du 5 janvier 2006).

Vous pensez aux eaux de Californie ? Là -bas, il faudra peut-être s’habituer à  des compagnons de baignades encombrants, des calmars de 2 mètres qui semblent, d’après une étude publiée en juillet, commencer à  élire domicile bien plus près des côtes que dans le passé.

Partout dans le monde, les phénomènes de ce type se multiplient pour esquisser une tendance de fond, un avenir qui ressemblerait à  la vision de Jules Verne qui prédisait, dans Vingt Mille Lieues sous les mers, des océans vidés de leurs poissons et de leurs mammifères, et « encombrés de méduses ». Les causes de cette domination de plus en plus affirmée des invertébrés sont multiples, et parfois encore mal connues. Certaines semblent toutefois directement liées à  l’action des hommes, et pourraient être contrecarrées si ceux-ci s’en donnaient les moyens.

En Méditerranée, les proliférations de Pelagia noctiluca, comme celle qui a touché massivement, cet été, les côtes espagnoles, sont attribuées de plus en plus nettement par les spécialistes aux changements climatiques. Le nombre de ces méduses mauves, aux piqà’res très urticantes, connaît, tous les douze ans environ, des pics liés à  l’évolution de la température et de la salinité des eaux. « Cette relation bien établie en fait d’excellents marqueurs des changements de l’environnement dus au climat », explique Mme Goy. « La crainte, c’est qu’au dernier hiver anormalement doux, durant lequel les températures de l’eau ne sont pas passées sous les 14°C, en succèdent d’autres. Ce qui ne favoriserait pas la diminution du nombre de Pelagia noctiluca. Nous allons maintenant savoir très vite si elles conservent leur cycle de douze ans ou si elles sont vouées à  une prolifération permanente, ce qui serait un signal fort d’un changement radical de l’écosystème. »

A ces causes climatiques s’ajoute la surpêche de certaines espèces, comme les thons ou les tortues en Méditerranée, qui mangent des méduses. Celles-ci se retrouvent ainsi sans prédateurs, ou sans concurrents pour leur nourriture. Leur surnombre ne pourra, d’année en année, qu’accentuer ce déséquilibre.  » Les méduses sont des animaux carnivores qui ne connaissent pas la satiété », dit Mme Goy. « Elles sont faites pour manger tout le temps. Or, avec leurs filaments venimeux, elles peuvent causer des ravages équivalents, à  leur échelle, à  ceux des filets des pêcheurs. Plus elles seront nombreuses, plus elles décimeront les oeufs et les larves de leurs prédateurs ou de leurs concurrents. » En Baltique ou en mer Noire, les derniers bancs de harengs ou d’anchois sont ainsi en passe de disparaître. En Méditerranée, les autorités espagnoles tentent de réintroduire des tortues à  proximité des sites touristiques, pour rétablir l’équilibre.

Il faudra toutefois tenir compte de bien d’autres facteurs liés à  l’activité humaine. Le ruissellement des eaux transporte jusqu’à  la mer les engrais qui peuvent accroître, au bout de la chaîne alimentaire, la quantité de nourriture disponible pour les méduses. Mais c’est un autre type de rejets qui inquiète particulièrement Jacqueline Goy. « Les hormones contenues dans les pilules contraceptives ou les traitements de la ménopause, une fois rejetées par les urines, ne sont pas éliminées par les stations d’épuration. Elles se retrouvent dans la mer, avec les mêmes effets : blocage de la fécondation et féminisation des poissons. Les fermes d’aquaculture ont été les premières à  constater une augmentation du nombre de femelles. Depuis, des observations ont montré que, malgré des moratoires draconiens, les stocks de certaines espèces de poissons ne se reconstituent pas. »

Ce mécanisme, qui doit encore être confirmé par des études en cours, donnerait encore un nouvel avantage aux méduses dont la reproduction, très complexe, est partiellement asexuée. Et pas qu’à  elles : les salpes, de petits organismes translucides, qui forment des colonies pouvant atteindre 40 mètres de long, disposent également d’une reproduction par bourgeonnement qui permet des pullulations fulgurantes. « Ces animaux, herbivores, sont en train d’envahir l’océan austral et d’y dévorer d’énormes quantités d’algues microscopiques », explique Mme Goy. « La baisse de la quantité de ce phytoplancton peut avoir des répercussions graves : elle diminue encore la capacité d’absorption du CO2 par la photosynthèse. »

Pour la biologiste, cette inégalité des espèces aquatiques face aux perturbations des processus de reproduction crée « un déséquilibre qui perturbe fondamentalement le fonctionnement de l’océan, puisqu’il dévie la production vers des espèces sans intérêt ». Sans prise de conscience rapide de ces risques, la soupe de méduses et d’invertébrés pourrait très vite se révéler indigeste pour l’espèce humaine.

Les clés

SéCURITé. Filets : Cannes puis Monaco ont été les deux premières stations balnéaires de Méditerranée à  déployer des filets en 2007 sur certaines plages pour protéger les baigneurs contre les méduses.
Brà’lures : en 2006, les autorités espagnoles ont recensé 70 000 personnes soignées pour des brà’lures et des allergies consécutives à  des contacts avec des méduses.

UTILISATION. Des chercheurs japonais ont publié, en février, leurs travaux sur un nouveau procédé d’extraction de la mucine des méduses, une protéine qui pourrait jouer un rôle important d’additif, dans les années à  venir, pour des produits alimentaires ou des protéines. Les scientifiques estiment qu’avec l’explosion du nombre de méduses ramassées par les pêcheurs, cette substance pourrait se substituer à  l’avenir, dans de plus grandes quantités, à  celle qui était prélevée sur les porcs ou les vaches. Par ailleurs le collagène est déjà  extrait des méduses pour confectionner de fausses peaux biologiques pour les grands brà’lés. Leur gêne de la bioluminescence a permis de mettre au point les techniques de génie génétique

à€ LIRE. Medusa, Guido Mocafico, Steidl Publishing 2006.
Les miroirs de méduse : Biologie et mythologie, Jacqueline Goy, Apogée 2002.

Jérôme Fenoglio

Publié dans Environnement | Commentaires fermés sur Soupe de méduses au menu

L’impact des pesticides : « Dans l’Hexagone, des produits sur la sellette « 

LES PESTICIDES laissent des traces sur les grappes de raisin que vous achetez au marché, dans l’air que vous respirez, les fleuves, les nappes phréatiques… Mais quels sont leurs effets sur les hommes, les poissons, les abeilles en France, qui est le troisième consommateur au monde d’insecticides, herbicides et fongicides ? (…)
Des nappes souterraines et des rivières souillées
La consommation massive de pesticides entraîne une « pollution chronique ‘ des eaux jugée « préoccupante ‘ par l’Institut français de l’environnement. Selon ce dernier, 96 % des rivières et 61 % des nappes souterraines sont concernées, ce qui lui vaut les coups de semonce réguliers de la part de la Commission européenne. Cette présence conduirait à  une fragilisation des populations aquatiques : baisse des « performances de reproduction ‘ des poissons et vulnérabilité accrue à  la prédation.
Publié dans Pollution | Commentaires fermés sur L’impact des pesticides : « Dans l’Hexagone, des produits sur la sellette « 

Biodiversité : le déclin continue

Extraits – LE MONDE | 12.09.07


41 415 espèces animales et végétales (sur environ 1,75 million d’espèces connues) recensées par l’Union mondiale pour la nature (UICN).

“Le débat a tendance à  se concentrer sur le nombre d’espèces, alors qu’il faudrait réfléchir en termes d’espaces… Ce qui importe, c’est de sauvegarder la diversité des milieux, pas de montrer une sorte d’acharnement thérapeutique à  conserver toutes les espèces.”

Même si elle se « contente » de répertorier les espèces et de les classer en huit catégories selon le degré de menace d’extinction, la liste rouge de l’UICN, actualisée annuellement, reste le plus complet des indicateurs de la biodiversité.

16 306 espèces menacées à  des degrés divers et 65 espèces éteintes à  l’état sauvage.
« Un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers de tous les amphibiens et 70 % de toutes les plantes évaluées sont en péril… Cela concerne notamment : les coraux, dont deux espèces des îles Galapagos considérées « en danger critique d’extinction » ; le dauphin du Yangzi, ou baiji (cétacé d’eau douce)…


Pour lire l’article en entier…

Publié dans Biodiversité | Commentaires fermés sur Biodiversité : le déclin continue

Une technique pour préserver génétiquement des espèces en danger d’extinction

Publié dans Biodiversité | Commentaires fermés sur Une technique pour préserver génétiquement des espèces en danger d’extinction

Changement climatique et pêche

L’atmosphère terrestre s’est réchauffée de 0,74°C depuis un siècle…. Les conséquences sur le milieu marin se font délà  sentir : le niveau de la mer s’élève, les courants marins se modifient, les océans deviennent plus acides (plus chauds, moins salés…), les aires de répartition des espèces se déplacent, les périodes de sécheresses, d’averses et de tempêtes s’accentuent

Certains signes indiquent que cette évolution s’accèlère. Les dix années les plus chaudes ont été enregistrées après 1990. Les concentrations atmosphériques de méthane et de CO² se situent aujourd’hui à  des niveaux qui n’ont jamais été égalés au cours des 650.000 années écoulées…

Au-delà  de 1,5-2,5°C d’élevation de la température moyenne sur Terre, les bouleversements seraient tels qu’ils constitueraient dévidence une catastrophe pour la biodiversité, mais aussi pour la civilisation humaine. D’où la nécessité de limiter la hausse des températures… et réduire, d’ici 2020, de 20% nos émissions de gaz à  effet de serre et porter à  20% la part d’énergie renouvelable dans notre consommation énergétique.

La pêche est concernée de par sa consommation de carburants fossiles et de par l’évolution des écosystèmes marins : la migration des espèces marines est déjà  une réalité…

——————————–
L’impact sur les espèces et écosystèmes

Quelques 20 à  30% des espèces végétales et animales vont vraisemblablement courir un risque accru d’extinction si l’augmentation de la température moyenne de l’atmosphère dépasse une fourchette évaluée à  1,5-2,5°C…
– En Mer du Nord, les déplacements vers l’Océan Actique de populations de planctons dont se nourrissent les larves de cabillaud expliqueraient partiellement la raréfaction de cette ressource.
– En Mer Baltique, pour trouver une eau suffisamment salée qui leur permette de rester en suspension, les oeufs de cabillaud doivent descendre dans des zones plus profondes où le manque d’oxygènes rend leur survie beaucoup plus difficile…

Déplacements des poissons, mollusques et crustacés : à  la recherche d’une température d’eau adéquate, ou à  la poursuite de végétaux, planctons et autres organismes marins dont ils se nourrissent et qui migrent :
– Le rouget de roche : les captures sont passées en Mer du Nord de 10 t en 1985 à  700 t en 2005.
– Le bar européen : en vingt ans les captures sont passées de 31 à  558 t en Mer du Nord et de 694 à  2429 t à  l’ouest des àŽles Britaniques.
– D’autres espèces telles que l’anchois, la sardine, le thon rouge, l’arbalétrier, la pastenague commune, le requin renard, le requin bleu se répandent au-delà  du 50ème parallèle.
– Des espèces tropicales d cabillaud, de motelle et de serpenton remontent jusqu’en Galice.
– Des espèces exotiques s’installent en Méditerranée (requin soyeux, sole du Sénégal…)

Autres phénomènes liés au changement climatique :
– Amplification des phénomènes d’eutrophisation (marées vertes, rouges ou brunes, poussées planctoniques) qui entrainent une mortalité importante des juvéniles
– Blanchiment des coraux lié à  l’acidification de l’eau.
«L’acidification est un gros problème… Ce sont les animaux à  squelette calcaire qui en subiront les conséquences… Les calmars sont sensibles aux hauts niveaux d’acidité et présentent une faible faculté d’adaptation….‘ Keith Brander, coordinateur du programme international Globec au sein du Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM)

Adaptation des espèces : l’observation parallèle, dans un même habitat, d’espèces non exploitées et d’espèces commerciales tend à  montrer que les premières s’adaptent mieux et plus rapidement d’où la nécessité d’une gestion basée sur les écosystèmes…

Voir l’article en entier

Publié dans Evolution climatique | Commentaires fermés sur Changement climatique et pêche

Une expérience menée avec les pêcheurs

Une expérience menée avec les pêcheurs

Les petits métiers qui travaillent autour de la Réserve de Cap Couronne trouvent leur compte, un peu en quantité, surtout en taille. Quelques années en arrière j’étais réticent mais je ne le suis plus. Le résultat est flagrant par rapport à  l’autre côté du Cap. Les calmars sont de plus en plus nombreux et restent de plus en plus longtemps, à  croire qu’ils sont attirés. Est-ce l’effet réserve, un phénomène cyclique ?

Cette réserve, on y a tellement travaillé. On a fixé les limites géographiques : à  150 m du bord pour laisser tranquille le pêcheur à  la ligne et pour que les petits bateaux puissent caler à  ras de terre par mauvais temps. On a participé aux pêches expérimentales. C’est un peu notre projet aussi, on voulait être dans tous les coups. On voulait pas d’une appropriation par une entité extérieure. On voulait une gestion générale. Dans toutes les réunions, l’avis des pêcheurs est pris en compte. On a aujourd’hui une bonne vue sur l’évolution du stock d’oursins, ça marche. Les pêcheurs du port de Carro accueillent les classes mer -1500 enfants y passent – c’est quelque chose que l’on met en avant, nous ne sommes pas que des prédateurs. Sur l’impact des chaînes de mouillages, c’est venu de l’observation des pêcheurs professionnels en plongée.

C’est une expérience qui a évolué dans le temps, et puis on a une relation privilégiée avec Fred, le Directeur. On a travaillé plus sur le relationnel que fait le forcing avec affichage dans la presse.

Un modèle transposable de négociation

Cette expérience nous a servi pour travailler avec le Port Autonome. On met tous nos problèmes sur la table :
– Un parc marin ? Ok
– à‡a nous lève du territoire ? Ok
– Qu’est-ce qu’on va y gagner ?

Le Port Autonome a du s’agrandir. Malgré tout, en 5 ans, on est passé d’une zone d’exploitation de 3000 ha à  6000 ha : on récolte des moules, des praires, des palourdes, des clovisses en travaillant intelligemment « avec un pétrolier sur la tête ‘. On a 50 autorisations dans le Golfe de Fos, à  côté de la réserve. Cet agrément que nous avons négocié avec le Port, on y est arrivé grâce à  l’expérience des négociations avec le Parc Marin. Le Port s’agrandit en nous incluant et en nous aidant : on a pu dévier légèrement le trajet des navires pour préserver une zone de pêche. Après 8 jours de mer, les bateaux sont pas à  5 mn près et pour nous c’est important. C’est un partenariat avec une convention de bonne conduite. Le Comité local, la Prud’homie, les Affaires Maritimes et le Port Autonome sont co-signataires.

Nous siégeons aussi dans le Comité de suivi de dragage : 16 millions de m3 de dragage pour agrandir les darses On a fixé ensemble la zone des rejets et prévu l’indemnisation de dégâts éventuels aux chaluts. C’est un exemple de gestion concertée.

William Tillet, Prud’homme et
Président du Comité Local des Pêches de Martigues

Publié dans Le parc marin de la Côte Bleue | Commentaires fermés sur Une expérience menée avec les pêcheurs

Le Parc Marin de la Côte Bleue : un cheminement réussi

« La réserve de Carry le Rouet a été créée, par un arrêté de cantonnement, en décembre 1982. L’idée de réserve n’était absolument pas comprise à  l’époque, sauf des pêcheurs professionnels. Ils ont toujours joué le jeu, lors des renouvellements de la réserve en 1985, en 1989 et ce sont eux qui ont proposé une deuxième réserve à  La Couronne. Elle a vu le jour en 1996. à‡a a été un peu un pari sur l’avenir car on augmentait le territoire sans avoir vraiment les moyens de le gérer.

En 1984, on a mis en place la première classe de mer du Rove, avec des bénévoles intéressés par les aspects pédagogiques du milieu marin. A partir de 1985, on travaillait avec des petits contrats qui permettaient de rémunérer un animateur pendant 3 à  4 mois Aujourd’hui, le Parc accueille annuellement 600 élèves pour des stages de 5 jours, et 250 enfants pour des animations ponctuelles.

A partir de 1984 on charge plus la charrette. Il faut construire un programme européen avec l’Office régional de la mer pour immerger des récifs artificiels au large de Sausset et du Rove, et mettre, à  la demande des petits métiers, des obstacles au chalutage (des récifs immergés en radiales) pour protéger la réserve de Carry et certaines zones littorales (moins d’1/4 de mille de la côte).

Y a rien eu de facile. On gomme souvent tous ces aspects de terrain : les difficultés administratives pour avoir l’autorisation d’immerger de nouveaux récifs, trouver les financements France Télécom nous a aidés car l’entreprise souhaitait protéger ses câbles sous-marins de la Couronne Vieille’.

« Le mouillage des bouées de balisage des 300 m, c’était franchement et de très loin la première atteinte aux herbiers de posidonies de la Côte Bleue. Avec le système proposé par le Parc marin aux communes, à  prix égal, il n’y a plus que l’impact du corps-mort sur le fond. Il n’y a plus de chaîne qui tourne avec le vent, le courant, qui pilonne et abrase l’herbier On compte 5 à  10 m² d’herbiers détruits autour du corps-mort pour chaque bouée. Quand on pense au nombre de bouées posées chaque année sur le littoral et au fait qu’elles ne sont jamais exactement à  la même place

J’ai longtemps été le seul permanent avec l’appui temporaire de CDD (contrats à  durée déterminée) et d’objecteurs de conscience. Du point de vue de l’emploi, la situation a évolué en 1998 avec les emploi-jeunes. On a pu créer 3 postes pendant 5 ans plus un poste saisonnier pour la surveillance. à‡a a pris de l’élan à  ce moment-là . Depuis la charge de travail n’arrête pas d’évoluer. Nous avons actuellement 5 permanents à  plein temps, dont 4 plongeurs professionnels, plus un demi-poste de secrétariat.

Les élus et les maires ont voulu qu’on fasse évoluer le statut associatif du Parc marin en un syndicat mixte comprenant 5 communes, la Région et le Département. Il fallait trouver des statuts qui conviennent à  tout le monde tout en gardant la représentation des pêcheurs professionnels. Le syndicat mixte est une forme officielle de coopération entre les collectivités qui se dotent de moyens financiers plus importants et plus stables pour gérer un secteur maritime.

Aujourd’hui, la structure est nettement plus stable et reconnue. Pendant des années, je craignais que tout cela s’arrête si je lâchais. Ce n’est plus une affaire de personne maintenant. Personnellement, je peux regretter parfois d’aller moins sous, et sur l’eau mais c’est une évolution nécessaire. à‡a me soulage de voir qu’il y a un fonctionnement, que je peux m’absenter, prendre des vacances

Enfant, mes parents avaient un cabanon aux Laurons, à  l’extrémité Ouest de la Côte Bleue, dans le Golfe de Fos. J’ai vu construire les usines et massacrer ce littoral. Mon père s’est interrompu pendant des années de chasser les muges et les loups qui avaient trop souvent le goà’t de « mazout ‘. Heureusement, la qualité de l’eau s’est considérablement améliorée dans les années quatre-vingt, et depuis 1993 le Parc Marin s’est étendu jusque là -bas ‘

Mon souhait : faire avancer ces idées de pêche durable, de gestion intégrée à  l’échelon des prud’homies, de mise à  disposition d’outils pour pérenniser les petits métiers de la pêche sur le littoral

Frédéric Bachet, Directeur du Parc Marin de la Côte Bleue

————————————————

Récifs artificiels : principal champ de récif artificiel en Région PACA avec l’immersion de 326 modules de protection et de 3000 m3 de récifs artificiels de production. Si les premiers permettent de réduire le chalutage dans la zone des 3 milles, les seconds, placés sur des fonds sableux dépourvus de roches et d’herbiers de posidonies favorisent la fixation et le développement d’espèces marines.

Rendements : dans la réserve du Cap Couronne, le rendement des pêches expérimentales, effectuées tous les 3 ans avec des trémails, a quadruplé. Les captures sont passées de 20 kg en 1995, avant la création de la réserve, à  91 kg en 2004. Le poids moyen individuel des poissons capturés a doublé : 216 g en 2004 contre 102 g en 1995.

Veille écologique :

– Suivi en routine des 2 réserves et de la colonisation sur les récifs, notamment à  l’aide de photos.
– 2 comptages annuels d’oursins, avant et après la saison de pêche, effectués sur 6 stations depuis 1994.
– Depuis 1992, une soixantaine de mérous capturés au filet par les professionnels ont été confiés vivants au parc marin pour être relâchés dans les réserves, certains après marquage.
– Observation des températures en profondeur dans les réserves : La Couronne (-17m), Carry (-11 et -23m). En été les coups de mistral peuvent provoquer des chutes de 10°C en l’espace de 24 heures (de 23° à  13° par exemple).
– Suivi du corail avec la Station Marine d’Endoume : 3 sites dans les réserves et un hors réserve.
– Suivi des herbiers de Posidonies : le long des 660 km de côtes rocheuses de la région PACA, le plateau continental jusqu’à  – 200 m est très étroit. La zone des petits fonds côtiers éclairés où peuvent se développer les herbiers de Posidonies s’étend sur une superficie de 31.000 ha, soit un carré théorique de 18 km de côté, soit encore une bande d’à  peine 480 m de largeur moyenne devant l’ensemble du littoral. C’est sur cet étroit linéaire que se concentre et s’intensifie la quasi-totalité des activités humaines : aménagement et urbanisation du littoral, ports de commerce, de pêche et de plaisance, rejets industriels et urbains, activités de loisirs (plaisance, pêche, plongée…) et une grande partie de la pêche professionnelle.

Dans les herbiers viennent se nourrir et se reproduire de nombreuses espèces, particulièrement les poissons. Une quantité importante de matière organique y est produite grâce à  l’énergie solaire. De là , les nutriments sont exportés vers les grands fonds non éclairés et quasi désertiques. Ainsi dans cet espace où se joue la plupart des mécanismes-clefs de l’écosystème méditerranéen, un effort de gestion apparaît comme prioritaire pour assurer le maintien et le développement des activités régionales.

Publié dans Le parc marin de la Côte Bleue | Commentaires fermés sur Le Parc Marin de la Côte Bleue : un cheminement réussi

Comme des cheveux tirés en arrière…

Comme des cheveux tirés en arrière…

le soleil caresse son visage

qu’elle offre aux nues d’une douceur opaline.

Comme la clarté de son regard,

le refrain des vagues enamourées

berce ses oreilles libérées des mèches en bataille.

Loin du cri des enfants et des vaillants surfeurs,

dans l’immobilité du soleil qui décline

et des pierres qui s’érodent,

insérée là  dans ce tableau vivant,

elle en partage les instants

de ses yeux grand ouverts, confiants

à  l’aplomb du monde et de son front dégagé.

Publié dans Poésie | Commentaires fermés sur Comme des cheveux tirés en arrière…