Le développement de l’énergie hydroélectrique continue de faire polémique

Bien que renouvelable, l’hydroélectricité impacte les milieux aquatiques. Face à  la nécessité de produire plus d’EnR, le Ministère en charge de l’écologie propose une convention pour une hydroélectricité durable qui ne fait toutefois pas l’unanimité…

France Nature Environnement (FNE), un des acteurs du Grenelle de l’environnement, a indiqué qu’elle ne signerait pas cette convention, estimant que pratiquement tous les fleuves et toutes les rivières étaient déjà  fortement équipés et que la limite avait été atteinte.  »Signer, c’est s’engager à  accepter la destruction à  terme des derniers tronçons de rivières vivantes du pays, et notamment des petits cours d’eau, souvent de très bonne qualité… Signer c’est accepter l’installation de 500 à  1.000 microcentrales qui viendraient s’ajouter aux 1.500 ouvrages qui, déjà , barrent, détournent et modulent le débit des cours d’eau », précise la fédération qui estime que ce ne sont pas  »500 ou 1.000 microcentrales supplémentaires qui vont changer le bilan carbone du pays ni sauver le monde d’effets climatiques désastreux »…

La Convention prévoit notamment un effort sur la recherche relative à  la connaissance des espèces (anguilles notamment)…

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Pollution en Méditerranée : vers le retrait de substances chimiques dangereuses d’ici à  2019

21 pays riverains du bassin méditerranéen ont adopté le 16 juin le retrait  »progressif », d’ici à  2019, de plusieurs substances chimiques dangereuses utilisées en milieu agricole ou industriel afin de limiter tout impact sur l’environnement marin de la région. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la Convention de Barcelone adoptée en 1976 par les 21 pays, et du Plan d’action méditerranéen du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE/PAM) visant protéger les milieux marins et côtiers de la région.

Les produits chimiques concernés comprennent ceux retrouvés dans les eaux usées, tels que les polluants organiques persistants (POP) utilisés comme pesticides, ainsi que le DDT…

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Débat public du parc éolien offshore des Deux Côtes : la Compagnie du Vent formule 12 propositions

Porté par la Compagnie du Vent, filiale de GDF Suez, le projet de parc éolien en mer des Deux Côtes, situé à  14 km au large du Tréport et du Hourdel, devrait compter 140 éoliennes de 5 mégawatts (MW) chacune et générer une puissance totale de 700 MW…

Le projet représenterait 5% du territoire de pêche des petits chalutiers du Tréport, selon la Compagnie du Vent. La filiale propose notamment de favoriser le renouvellement de la ressource de poissons par la mise en place de récifs artificiels (en plus des fondations des éoliennes). Elle propose également d’ étudier l’usage de bioénergie pour les bateaux de pêche  »afin de réduire leur facture énergétique et leurs émissions de CO2 ». Elle entend également apporter aux pêcheurs, dans le cadre de la taxe spécifique à  l’éolien,  »un revenu compensatoire pouvant aller jusqu’à  4,2 millions d’euros par an durant 30 ans, soit 125 millions d’euros au total ».

La Compagnie du Vent propose également d’établir des avant-projets d’accompagnement pour le tourisme et la plaisance.

Enfin deux autres propositions visent notamment à  compléter le programme d’études d’impact et de suivi de la faune…

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Voir aussi l’impact sur la pêche des projets d’éoliennes au large des côtes bretonnes

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« Plate forme BP en Louisiane : Barack Obama face à  l’irresponsabilité environnementale » : un article de fond à  lire !

(…) Il est temps de rendre leur vraie valeur aux écosystèmes et de promouvoir un régime de responsabilité des entreprises pétrolières qui internalise à  la source les coà’ts des risques environnementaux.

 » Si nous refusons de prendre en considération le coà’t complet de notre addiction au pétrole  » si nous n’évaluons pas la facture des coà’ts pour l’environnement, pour l’économie réelle, pour la sécurité nationale  » nous aurons raté notre meilleure chance de saisir un avenir fondé sur l’énergie propre  », déclarait Barack Obama…

 » Les conséquences de notre inaction sont patentes. Des pays comme la Chine investissent dans les métiers et les énergies propres. Nous, chaque jour, nous expédions près d’un milliard de dollars à  l’étranger pour acheter du pétrole. Et voilà  qu’aujourd’hui, dans le Golfe (du Mexique), c’est tout un mode de vie qui est menacé par une nappe de brut  »…

‘ Restent les coà’ts associés à  cette transition. Il y en a qui pensent que nous n’en avons pas les moyens en ce moment. Je dis que nous n’avons pas les moyens de ne pas changer la manière dont nous produisons et consommons de l’énergie  » parce que les coà’ts à  long terme pour notre économie, notre sécurité nationale, et notre environnement seront bien plus élevés  »…

Pour Robert Costanza, professeur d’économie de l’environnement à  l’Université du Vermont (…) et son équipe, rendus célèbres parce qu’ils ont été parmi les premiers à  évaluer les services environnementaux, la totalité des services rendus à  l’humanité par les écosystèmes de la planète rapporte quelque 33 000 milliards de dollars par an (estimation minimale). La valeur du capital naturel est supérieure au PIB mondial annuel, de l’ordre de 18 000 milliards de dollars par an (…), soit environ 5 500 dollars par personne et par an de services offerts par la nature. Cela n’est pas cher pour ces services vitaux « rendus ‘ par les écosystèmes, comme la régulation de la composition de l’atmosphère, du climat, de l’eau, la capacité de résilience, l’offre de ressources en eau, le contrôle de l’érosion, la formation des sols, le recyclage des nutriments, le traitement des déchets, la pollinisation, le contrôle biologique, l’habitat des espèces, la production de nourriture, de matériaux bruts, de ressources génétiques, de divertissement et de support de culture…

La marée noire a déjà  directement et indirectement affecté au moins 20 catégories des services écosystémiques de grande valeur dans le Golfe du Mexique. La pêche locale, d’une valeur marchande estimée à  2,5 milliards de dollars par an, est en faillite complète. Sans compter les pertes du secteur touristique, ou encore la régulation du climat par la séquestration du carbone dans les marais côtiers et les étendues aquatiques, la protection littorale apportée par les zones humides et les mangroves vis à  vis des ouragans, la valeur des paysages…

Selon une étude récente, la valeur totale des services écosystémiques dans le delta du Mississipi se chiffre entre 12 et 47 milliards de dollars par an. La prolongation de ces services dans l’avenir rapporterait entre 330 milliards et 1,3 trilliard de dollars, bien plus que la valeur marchande totale du groupe BP avant la marée noire (189 milliards de dollars)…

Si l’on considère que la marée noire de Louisiane va dégrader de 10 à  50% des écosystèmes du Delta, ceci revient à  une perte de valeur écosystémique comprise entre 1,2 et 23,5 milliards de dollars par an pour une durée indéterminée, jusqu’à  ce que les écosystèmes se rétablissent. Actualisées, ces sommes sont énormes : entre 34 et 670 milliards de dollars…

En regard de ces sommes, le fonds sous séquestre de 20 milliards de dollars provisionné a posteriori par BP — après en avoir été sommé par Barack Obama — pour la réparation des dommages, paraît dérisoire. On peut s’étonner que les entreprises à  haut risque comme les compagnies pétrolières ne soient pas contraintes de provisionner en amont et a priori des montants correspondant à  l’ampleur des dommages…

Pour Robert Costanza, il est temps de promouvoir un régime de responsabilité des entreprises pétrolières qui internalise à  la source les coà’ts des risques environnementaux. Il serait par exemple envisageable qu’une compagnie pétrolière soit obligée de se doter d’une garantie en responsabilité d’un minimum de 50 milliards de dollars pour ses activités d’extraction offshore (soit un quart de la valeur de BP), ce qui l’encouragerait à  investir dans des systèmes techniques de réduction du risque, ou à  faire basculer ses investissements dans des secteurs moins risqués, comme les énergies renouvelables. Ce mécanisme de garantie sous séquestre pourrait inciter à  la transition énergétique que Barack Obama a appelée de ses vœux.

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Le bilan carbone de la France plombé par ses importations

Les émissions de CO2 françaises liées aux importations font augmenter le bilan carbone de l’économie du pays, indique l’Insee dans un rapport du 17 juin…

Le volume de ces émissions françaises  »produites à  l’étranger » dépasse de 20% les émissions de l’appareil productif national !…

Selon l’Insee,  »les trois quarts de ces émissions sont induites par les dépenses de consommation des ménages, principalement sur les postes du logement, du transport et de l’alimentation… Si logement, alimentation et transport représentent 57% des dépenses des ménages, ces trois postent représentent 78% des émissions de CO2…

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NDLR : 80% de notre consommation en produits de la mer est importée. Redécouvrir les produits de nos pêcheries artisanales régionales serait une bonne idée environnementale. Il faudrait pour cela que ces produits soient identifiables sur nos lieux d’achat, ce qui n’est pas encore acquis…

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L’atlas européen des mers

Sur le site de l’Union Européenne, un atlas des mers est directement consultable.

La Méditerranée compte :
– 150 millions d’habitants sur ses côtes, avec des villes de plus d’un million d’habitants (Athènes, Rome, Alger, Barcelone, Marseille, Beyrouth, Tunis, Tel-Aviv, Jaffa…) et Le caire qui dépasse 15 millions d’hab.
– 250.000 pêcheurs, essentiellement artisans, pour un million de tonnes d’apports déclarés en 2007
– 275.000 t de produits d’aquaculture marine en 2007
– un début d’exploitation de pétrole offshore, en Adriatique, et au large de la Tunisie, de la Lybie et de l’Egypte,
– 30% du trafic maritime mondial, 25% du transport pétrolier et 450 ports et terminaux (Marseille est le 4ème port européen)
– un fort trafic pour le transport de passagers avec Le Pirée (11,5 millions de passagers par an vers les îles grecques), Reggio di Calabre (10,5 m. de passagers vers la Sicile), et Barcelone et Alicante (5 m. de passagers vers les Baléares)
– 30% du tourisme mondial (250 millions de touristes en 2005), et la deuxième destination mondiale pour les croisières (1 m. de passagers)
– 0,7% de la surface maritime mondiale mais 9% de la biodiversité marine
– 2,5 millions de km² en superficie, soit l’une des plus grandes mer bordant l’Europe,
– 1500 m de profondeur en moyenne avec des zones à  3000m, voire 5000m…
– 2 organisations de gestion des pêches : (ICCAT commission internationale pour la conservation du thon atlantique, et CGPM commission générale des pêches pour la Méditerranée)
– 2 conventions sur l’environnement marin : Convention de Barcelone (ou Convention pour la protection de l’environnement marin et des régions côtières de Méditerranée, avec le Plan d’Action Méditerranéen MAP) et l’accord sur la conservation des cétacés de la Mer Noire, de la Méditerranée et des zones atlantiques contigà¼es.

Voir les poissons de Méditerranée et Mer Noire et leurs noms dans les différentes langues :

Voir un poster des poissons de Méditerranée

Voir un poster des espèces d’aquaculture

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Plancton végétal : les fermes selon Mollo

L’enseignant-chercheur Pierre Mollo embarque demain pour le Lac Victoria, en Afrique. Là -bas, comme en Bretagne, il ambitionne de favoriser l’implantation de fermes aquacoles durables dédiées à  la culture du plancton végétal. Il s’agit de mieux nourrir l’humanité…

On peut imaginer, à  proximité de la mer, de petites fermes de production de phytoplancton, de quelques kilos à  10-15kg par jour, des entreprises qui ressemblent à  la conchyliculture, de bio proximité. Après, il faut mettre en place une structure de transformation pour rendre le plancton accessible aux consommateurs. Ce n’est pas un acte compliqué. On le fait en Inde, en Afrique…

Des coopératives, un peu comme les paludiers de Guérande. Chacun fait son sel dans son oeillet. La production est vendue à  la Scop de Guérande, qui s’occupe ensuite de la commercialisation et de la communication avec «Terre de sel’. Et qui va même aussi voir si on ne peut pas cultiver le sel en Afrique, avec l’association Univers-Sel…

Ces productions peuvent être proches des professions ostréicoles et pêche. Dans la pêche ou dans l’ostréiculture, il y a des hauts et des bas et ça peut être une alternative. On peut imaginer un pêcheur en difficulté, deux ou trois mois à  terre. On pourrait l’accueillir dans nos fermes et l’accompagner. L’ostréiculteur, qui est au bord de l’eau, pourrait imaginer dans ses installations un espace qui viendrait en complémentarité de son activité…

Voilà , il y a le côté environnemental avec le plancton indicateur de la bonne santé des milieux. C’est ce que l’on fait depuis longtemps à  Beg-Meil et sur l’Odet, etc. Il y a le côté économique, car on peut produire un produit innovant pour l’alimentation humaine. Et puis social, car ça peut-être une soupape économique…

La structure est très simple, avec une serre, un séchoir. C’est très proche de l’horticulture traditionnelle… C’est peu polluant, ça ne demande pas une machinerie comme pour l’élevage, mais de l’eau de mer filtrée plus de la lumière la plus naturelle possible. On peut compléter par de la lumière artificielle. Avec des éoliennes, des hydroliennes, du photovoltaïque, on peut produire du plancton avec zéro bilan électricité. Ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans..

Pour nourrir le phytoplancton, on va capter dans la mer des nutriments, des oligo-éléments… Il y a quarante ans avec les Japonais, on allait chez des agriculteurs chercher de la terre… Quand on avait la garantie d’une terre saine, on extrayait un jus du terreau. On le filtrait, on le faisait bouillir pour chasser les bactéries indésirables et on prenait cette eau pour enrichir nos cultures de phytoplancton! La terre a toutes les qualités… On fait le lien entre la terre et la mer.

Plancton

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Cinq raisons de douter d’un accord international sur le climat

Du 31 mai au 11 juin, à  Bonn, 180 représentants ont tenté de relancer le processus de négociations d’un accord international sur le climat, dans l’indifférence médiatique (presque) générale. L’excès d’enthousiasme qui avait caractérisé Copenhague s’est mué en une prudence discrète, voire un pessimisme affiché.

Christiana Figueres, la remplaçante d’Yvo de Boer au poste de secrétaire exécutif de la Convention climat des Nations unies (UNFCCC), a estimé que le processus pourrait durer «20, 30, 40 ans’ et qu’un accord légalement contraignant était improbable dans les années qui viennent. Ce qui nous mène au mieux en 2040, date à  laquelle les scientifiques du Giec ne répondent plus de rien sur l’état du climat. Pourquoi les négociations ne sont-elles pas à  la hauteur de l’enjeu?

Copenhague, un «momentum’

A l’ouverture de la conférence de Copenhague, une vague d’enthousiasme faisait croire à  un événement historique. Pour plusieurs raisons. Le changement de présidence américaine laissait espérer un nouveau volontarisme politique en matière environnementale. Barack Obama s’était engagé sur le principe d’objectifs de réduction contraignants et sa présence à  Copenhague marquait symboliquement le changement d’attitude des Etats-Unis, indispensable pour parvenir à  un accord.

L’Union européenne voulait jouer un rôle de chef de file, se disant prête à  aller jusqu’à  -30% d’émissions en 2020 par rapport au niveau de 1990 si les autres pays développés suivaient. La couverture médiatique —5.000 journalistes, la présence de 115 chefs d’Etat et de dizaines de milliers d’observateurs » ont aussi contribué à  donner à  ce sommet une envergure sans précédent. Au moins depuis Rio en 1992. Présenté comme une occasion historique par les ONG et les médias, il a pourtant été un échec politique, révélant les dissensions entre pays développés et pays émergents.

Le processus a butté sur le duel Chine/Etats-Unis (qui représentent environ 40% des émissions mondiales). Les premiers exigent un engagement plus conséquent des Américains, qui, eux, refusent d’entrer dans un système contraignant qui exclurait la Chine et les autres pays émergents.

Le sommet s’est finalement achevé sur une déclaration politique non contraignante qui n’a satisfait personne. On y trouve un objectif de limitation de l’augmentation de la température de la planète en-deçà  de 2°C d’ici à  la fin du siècle, mais sans donner les moyens d’y parvenir, et une enveloppe de 100 milliards de dollars d’ici à  2020 pour soutenir l’adaptation des pays du Sud aux changements climatiques.

Climato-scepticisme et crise économique

Dans la foulée de cet échec politique, le doute scientifique s’est répandu avec la polémique autour du travail du Giec, qui a fait les choux gras des climato-sceptiques. Aux Etats-Unis, en 2010, 48% des Américains interrogés estiment que le changement climatique est exagéré, soit 20% de plus qu’en 2006.

La crise économique, qui a détruit près de 30 millions d’emplois dans le monde, est le facteur le plus aggravant qui relègue la question du climat au second plan. En France, cette frilosité s’est manifestée par le retrait du projet de «taxe carbone’, en mars dernier, au motif que nous ferions cavalier seul en Europe (ce qui n’est pas le cas puisque la Suède ou encore la Finlande l’ont déjà  instaurée). Après l’échec de sa tentative de leadership à  Copenhague, l’Union européenne a adopté une position attentiste.

A Bonn, les négociations ont permis de renouer la discussion, mais le flou demeure sur l’avenir du protocole de Kyoto, sur les objectifs de réduction des gaz à  effet de serre et la répartition de l’effort entre les pays.

«La tragédie des communs’

«Si je n’émets pas, mon voisin le fera.’ Cette conception désastreuse de la diplomatie climatique dicte l’attitude des négociateurs. Y voir l’expression d’une mauvaise volonté généralisée serait trop réducteur. Les blocages sont aussi liés à  la nature du problème climatique. On essaie de s’entendre, à  l’échelle globale, sur la préservation de biens naturels comme l’atmosphère, les mers ou la biodiversité. Dans cette configuration « une ressource en libre accès considérée comme un bien commun » on observe un phénomène systématique de surexploitation. La «tragédie des communs’, outil d’analyse popularisé en 1968 par un article du biologiste Garret Hardin, illustre parfaitement ce phénomène.

L’auteur prend l’exemple d’un village d’éleveurs, où chacun peut faire paître ses animaux dans un pré commun à  tout le village. Si aucune règle n’est fixée, chaque fermier a intérêt à  y conduire son bétail le plus souvent et le plus longtemps possible. S’il ne le fait pas, d’autres profiteront du champ à  sa place.

Autrement dit, les acteurs rationnels ont intérêt à  ne pas coopérer, sous peine d’être victimes de la non coopération des autres acteurs. Dans la parabole, le pré se transforme en champ de boue stérile. Dans la réalité, cela signifie que tout le monde a intérêt à  adopter la position du passager clandestin: profiter de la ressource en contribuant le moins possible à  sa préservation.

Il est possible d’éviter ce genre de désastre en instaurant des mécanismes de régulation, comme la privatisation, la nationalisation ou encore la gestion commune. Mais dans le cas de ressources non appropriables, l’atmosphère, la biodiversité ou les mers, la régulation est difficile à  mettre en œuvre. La «tragédie des communs’ s’applique bien, par exemple, à  l’épuisement des pêcheries mondiales, thon rouge, morue canadienne, merlu… soumises à  une forte demande et une compétition pour l’accès aux stocks. En l’absence d’une autorité coercitive, ou, au moins d’une entente générale sur la répartition des efforts de préservation, chacun a intérêt à  adopter la position du passager clandestin: profiter au maximum de la ressource en contribuant au minimum à  sa préservation.

Les limites du cadre onusien

Le modèle de la grande conférence internationale à  190 pays est-il encore viable? On cite souvent le Protocole de Montréal, signé en 1987 pour lutter contre la destruction de la couche d’ozone, comme un exemple de réussite d’un traité international sur l’environnement. Ratifié par 196 pays à  ce jour, il est le premier (le seul) traité environnemental à  avoir obtenu une adhésion universelle. «On a eu tendance à  ériger le Protocole de Montréal en modèle pour mettre en place celui de Kyoto’, explique Philippe Le Prestre, professeur de science politique à  Québec et spécialiste de l’environnement et des relations internationales. «Mais le problème des chlorofluorocarbures concernait quelques industriels contrairement à  la question du changement climatique, qui est globale. Il y a une illusion cosmopolitique de croire qu’à  un problème global correspond forcément une solution globale’.

Le bilan de Kyoto, qui arrive à  échéance en 2012, est mitigé. L’objectif était de réduire de 5% les émissions de gaz à  effet de serre (GES) par rapport à  leur niveau de 1990, or elles ont augmenté de 30% dans le monde. Il y a au moins trois raisons à  cela. Des Etats comme la Chine, l’Inde, le Brésil, considérés à  l’époque comme des pays en développement, n’ont pas été soumis à  des objectifs de réduction. Les Etats-Unis, qui représentent environ 20% des émissions mondiales, ne l’ont pas ratifié. Enfin, certains signataires n’ont pas tenu leurs engagements. Le Canada, par exemple, dont les émissions ont augmenté de 28% loin des -6% prévus.

Les négociations sur l’après-Kyoto opposent des intérêts très divergents entre les pollueurs historiques, les pays émergents et ceux qui subissent le réchauffement climatique sans y contribuer. La recherche d’un consensus est un casse-tête qui entraîne les blocages éprouvés à  Copenhague.

La politique des petits pas

Face aux ratés de la négociation globale à  190 Etats, d’autres mécanismes pourraient s’imposer. A Bonn, une politique des petits pas se dessine qui privilégie les accords bilatéraux et sectoriels, comme sur la déforestation ou les transferts de technologies. «Il n’est pas impossible que le futur régime climatique repose sur des politiques régionales ou nationales, dont il ne faut pas sous-estimer l’impact, et avance par négociations ciblées. Par ailleurs, le modèle de négociation traditionnel entre les Etats s’est transformé et fait intervenir de nouveaux acteurs comme les ONG et entreprises, ce qui ne va pas sans poser des questions de gouvernance’, souligne Philippe Le Prestre. Est-ce à  la mesure de l’enjeu? Probablement pas. Mais c’est tout ce que l’on semble pouvoir espérer pour l’instant.

Anne de Malleray

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Sommet 2010 de l’Alliance « Produits de la mer ‘

Une forte représentation de l’industrie de la pêche et de l’aquaculture dans cette organisation. Alors que Findus ouvrait le sommet ce dimanche matin 31 janvier 2010, certains d’entre nous se demandait si nous étions au bon endroit, au bon moment ! Mais l’exposé de Daniel Pauly qui a suivi était d’un tout autre genre… Les diapositives de sa présentation sont disponibles sur le site de l’Alliance Produits de la mer, ainsi que sa conférence, en langue anglaise. Un article, en français, reprend les points forts de son intervention dans la revue de L’encre de mer n° 24-25.

D’autres présentations ont attiré notre attention (visibles également sur le site de l’alliance) :

– OCEAN 2012  » Une coalition d’organisations pour une nouvelle politique de la pêche
européenne. Présenté par Markus Knigge (Pew Environment Group) et Beatrice Gorez (CAPE Coalition pour des Accords
de Pêche équitables).

– Nos futurs océans, plus chauds, plus hauts, plus acides Est-ce un problème ? Animé par Kristian Teleki (SeaWeb) ; intervenants : William Cheung (Université d’East Anglia), John
Pinnegar (Centre for Environment, Fisheries & Aquaculture Science) et Dr. Carol Turley (Plymouth
Marine Laboratory).

– Les démarches qualité et marques collectives : première étape vers une pêche
responsable ? Présenté par Isabelle Letellier (Normapêche Bretagne).

Le Collectif Pêche et Développement a participé au panel suivant :

Pêche et conchyliculture en 2020 : une démarche environnementale à  l’échelle
planétaire, une organisation économique et sociale à  l’échelle humaine
Une vision prospective fondée sur plusieurs axes :
– Les interactions environnementales sous l’angle de la biodiversité et du plancton conduisent à  une
vision planétaire de la ressource et à  une attention particulière à  la gestion littorale, avec la coopération
des pêcheurs et conchyliculteurs artisans.
– Le choix de production est tourné vers l’artisanat, ses capacités d’adaptation aux écosystèmes et
d’implication dans les gestions territoriales.
– La consommation privilégie les espèces locales, basiques ou de luxe, plutôt que l’importation de
produits industriels.
– La politique des pêches et aquacultures artisanales, intégrées aux territoires, recourt à  une gestion
décentralisée, à  échelle humaine.

Animé par Benoît Guérin (Conseil Consultatif Régional pour les eaux occidentales australes – CCR-S) ;
intervenants : Christian Décugis (Comité local des pêches et élevages marins du Var), Philippe
Favrelière (Collectif pêche et développement), Pierre Mollo (biologiste) et Elisabeth Tempier (Collectif
pêche et développement – antenne Méditerranée).

Quelques photos prises sur le vif ! (cliquer sur la photo)

Sommet 2010 Alliance des produits de la mer
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37ème festival mondial de l’image sous-marine à  Marseille

Philippe Joachim et Alain Ponchon, photographes de L’encre de mer, ont remporté le 1er prix plongée magazine du reportage sous-marin au 37ème Festival mondial de l’image sous-marine qui s’est déroulé à  Marseille. Leur « berger de la mer ‘ est Gérard Carodano, Prud’homme de La Ciotat (cf. Encre de mer n°22-23)

Photo Philippe Joachim

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