Le père, embarqué 13 ans pour des marées de 4 mois en Mauritanie, a tourné des films en Super 8 pour montrer à ses trois filles la vie qu’il menait à bord. Sa fille, monteuse de métier, a fait parler son père sur ces images d’archives. Le résultat, présenté au Festival pêcheurs du monde à Lorient, est marquant et très vivant. Ci-après, le père et la fille s’expriment au micro de Pascale Marcaggi :
» J’va vous dire une chose, si j’avais 20 ans, je repartirai… C’est une vie spéciale, j’ai pas connu mes enfants. Ils sont nés ; quand j’ai fini les marées, ils se sont mariés, ils sont partis d’la maison. C’est l’aventure à chaque coup ! Les Douarnenez sont des grands aventuriers… Y avait l’aventure, et puis y avait la liberté ! Avant le Claire Jeanne, j’ai eu un autre bateau que j’ai construit avec les quirataires, J’ai fait tout l’temps la pêche saisonnière : les maquereaux, la sardine… et, quand y a eu cette richesse de l’or rose (la langouste sur les côtes mauritaniennes), j’ai été sur le Claire Jeanne. La pêche avait molli un peu, les quirataires nous lâchaient, et c’est Monsieur Bolloré qui a mis du fric dans cette affaire… La pêche aujourd’hui ça disparaît, je crois que c’est voulu, pourtant on gagne bien sa vie… Mais y a plus d’marins… c’est un métier dur, ceux qui font l’Irlande là -haut, c’est pas d’la tarte… Et puis maintenant, les femmes… p’têt qu’on retrouverait plus d’femme en rentrant de marée ! » Continuer la lecture